Return to search

Mise en récit du passé à la télévision canadienne : production, articulation télévisuelle et réception du docudrame de la CBC/Radio-Canada Canada : A people's history/Le Canada, une histoire populaire (1995-2002)

Cette thèse porte sur la production, l'articulation télévisuelle et la réception médiatique et populaire des dix-sept épisodes de la série Canada : A People's History/Le Canada, une histoire populaire, présentée sur les ondes de CBC/Radio-Canada en 2000-2002. La série est analysée sous l'angle novateur de la comparaison des scénarios originaux et finaux, des interactions multiples du son, de l'image, de la trame narrative et des 900 courriels envoyés au service à l'auditoire de la CBC/Radio-Canada par les téléspectateurs. La théorie du codage/décodage (Stuart Hall) nous sert à qualifier l'économie politique du média télévisuel et celle de la réaction des téléspectateurs. Notre analyse s'inscrit au coeur du courant des "cultural studies" (Critical race theory, critical multiculturalism theory, critical gender theory, critical journalism studies) dans sa volonté d'expliquer les représentations historiques à l'aune de la structure inégalitaire de la société canadienne. À la suite de nos analyses empiriques, nous constatons que la série est un mélange hétéroclite de nation-building passéiste et de nouveau multiculturalisme. À la confluence des représentations coloniales et postcoloniales, le récit de la série propose aux téléspectateurs une grandiose excursion dans le temps du Canada. Racontée sur le mode d'une grandiloquente narration, l'histoire fait la belle place aux paysages sauvages, aux "Great White Men", au patrimoine autochtone et à l'histoire de l'installation des migrants. Dans les faits, ces reconstitutions historiques spectaculaires obscurcissent cependant une réalité implacable, soit que la série constitue une refondation imaginaire de l'ordre libéral canadien, une mise en récit du passé telle que l'envisagent les élites libérales actuelles du pays. Ainsi, le récit télévisuel définitif ne conteste jamais la légitimité historique de l'État fédéral. De même, dans sa reconnaissance des torts causés aux minorités ethnoculturelles, il s'aligne plus directement sur le nouveau modèle du vivre-ensemble multiculturel. Par ailleurs, la censure - à l'interne de la production - de la violence des peuples autochtones et du racisme entre groupes ethnoculturels minoritaires fixe les limites de la paix sociale de la société libérale canadienne contemporaine. En définitive, cette mise en récit télévisuelle sert l'hégémonie culturelle des élites libérales anglo-canadiennes, surtout ontariennes, à laquelle le producteur délégué Mark Starowicz, les journalistes radio-canadiens et certains historiens de l'école historiographique des limited identities participent bon gré mal gré. Cette hégémonie culturelle n'est toutefois pas omnipotente : elle est fortement contestée, à l'intérieur même de la production tout autant que dans la société, par des historiens, des journalistes et des téléspectateurs qui s'opposent au récit proposé et à l'ordre libéral établi en vertu de leur antilibéralisme, de conceptions nationalistes franco-québécoises, d'un féminisme diffus, d'un anticolonialisme militant ou de régionalismes assumés. / This thesis focuses on the production, articulation and popular and media reception of the TV series Canada: A People's History, which consist of 17 episodes and was broadcast by the CBC/Radio-Canada network in 2000-2002. This TV series is analyzed using a ground-breaking approach, including: comparative analysis of original and final scripts; study of sound, image and narrative interactions; and examination of 900 e-mails sent by viewers to the CBC/Radio-Canada Audience Relations department. Stuart Hall's encoding/decoding theory is used to qualify the political economy of the television medium and viewer's reaction. Our analysis lies within the scope of cultural studies (Critical race theory, critical multiculturalism theory, critical gender theory, critical journalism studies) in its efforts to explain historical representations in terms ofthe unequal structure of Canadian society. Following our empirical analysis, we find that the series is an eclectic mix of old-fashioned nation-building and new multiculturalism. At the confluence of colonial and postcolonial representations, this TV narrative offers viewers a grand tour of Canada's past. The story's bombastic narration offers a unique endeavor composed of scenic landscapes, "Great White Men", Aboriginal heritage and history of migrant settlement. In fact, these spectacular reconstructions of history obscure an implacable reality. The series is an imaginary "refounding" of the Canadian liberal order, the transformation of the past into a narrative envisaged by today's liberal elites. This definitive TV narrative never denies the historical legitimacy ofthe federal state. Similarly, by recognizing wrongs caused to ethnoculrural minorities, it aligns itself more directly with new model of multicultural coexistence. Moreover, in-house censorship of indigenous peoples' violence and racism between ethnoculrural minority groups set the limits of social peace within contemporary Canadian liberal society. Ultimately, this TV transformation of the past into a narrative fits the cultural hegemony of English speaking Canadian liberal elites, mainly from Ontario; Executive producer Mark Starowicz, CBC journalists, and some historians belonging to the 'limited identities' historiographical school, are the participants of this hegemony, whether they were cognizant or not. This cultural hegemony is not omnipotent: it is highly contested by production members and society at large, including historians, journalists and viewers who oppose the TV narrative as much as the liberal order by virtue of their anti-liberalism, French-Québécois nationalist conceptions, diffuse feminism, militant anti-colonialism or strong regionalism.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27164
Date24 April 2018
CreatorsCôté, Olivier
ContributorsLétourneau, Jocelyn
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Formatxii, 531 f., application/pdf
CoverageCanada, Canada.
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

Page generated in 0.0028 seconds