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Le Collège classique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nicolet (1937-1968)

Faire l'historique du collège classique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nicolet, c'est ouvrir un nouveau chapitre à l'histoire de l'enseignement secondaire féminin au Québec. Des études encore rares en ce domaine ont jusqu'ici touché trois collèges urbains de Québec et de Montréal, dirigés par les Soeurs de la Congrégation. Le collège Notre-Dame-de-l'Assomption présente une originalité qui lui est propre: celle d'avoir pu naître en plein monde rural et d'y avoir vécu pendant trente et un ans. Il fut ce grain de sénevé qui, tout en voulant devenir arbre, n'atteignit jamais toutefois la taille de ses congénères du monde urbain: un bassin de population beaucoup plus restreint et des préjugés traditionnels face à l'opportunité de l'enseignement classique pour les jeunes filles peuvent expliquer la discrète évolution du collège. Fondé en 1937, durant le marasme prolongeant la crise qui avait perturbé l'économie québécoise, il pouvait apparaître un défi aux structures socio-économiques sur lesquelles il allait, très modestement, s'édifier. Mais pourquoi un collège féminin à Nicolet, alors que l'enseignement classique était déjà dispensé aux jeunes filles de la province dans neuf autres institutions? Les principaux centres urbains leur avaient offert un milieu favorable: Montréal s'était donné quatre collèges féminins depuis que la Congrégation Notre-Dame avait ouvert, au prix de quelles difficultés, les voies de l'enseignement classique aux 2 jeunes filées en 1908. En 1932, les Soeurs de Sainte-Anne fondaient le collège Marie-Anne à Machine; l'année suivante, deux autres communautés de Montréal obtenaient leur affiliation à l'Université de Montréal pour les collèges Basile-Moreau et Jésus-Marie d'Outremont. Les religieuses de Jésus-Marie de Sillery donnaient à la ville de Québec son premier collège classique en 1925, avec privilège d'exclusivité pendant dix ans. En 1937, les Ursulines et les Soeurs de la Congrégation portaient à trois le nombre des collèges féminins pour cette même ville. Trois-Rivières et St-Hyacinthe s'étaient donné leur collège respectif en 1935. Cette éclosion peut paraître rapide au sein de conjonctures politiques, économiques et sociales tout à fait défavorables dans la province de Québec. Sur le plan politique, Maurice Duplessis, sous la nouvelle bannière de l'Union Nationale, a conquis le pouvoir de haute lutte dans une élection où les scandales des libéraux furent exploités contre le parti au pouvoir depuis quarante ans. Quelle sera la pensée du nouveau législateur sur la question de l'éducation, et plus particulièrement des collèges classiques féminins? Les collèges se fondent après approbation de l'Ordinaire, sous l'égide de l'université qui contrôle les diplômes: il n'en faut pas plus pour avoir droit de vie dans l'enseignement secondaire entièrement régi par le clergé. L'Etat n'a donc aucun pouvoir de réglementation dans le secteur privé et les octrois qu'il consent aux collèges classiques masculins ne sont soumis à aucun contrôle. Les collèges féminins sont, pour leur part, totalement absents des préoccupations gouvernementales: aucune reconnaissance juridique, aucune subvention financière. Le nouveau gouvernement n'innove en rien dans ce domaine. La crise mondiale de 1929 a pesé lourdement sur l'économie québécoise qui reçut les coups les plus durs vers 1932. Il a fallu attendre le début de la deuxième guerre mondiale pour qu'un redressement valable se fasse sentir. Le secteur rural fut probablement le moins touché, mais les cultivateurs n'ont pas le capital argent entre les 3 mains: l'investissement en éducation supérieure apparaît un luxe. Rumilly fait remarquer que "dans les collèges, l'effectif écolier baisse, le prix de la pension rentre mal". Même l'enseignement primaire est en danger: deux cents écoles sont fermées à l'automne de 1931 et plus de sept mille enfants sont ainsi privés d'instruction. Les finances de la province sont gravement atteintes et la perception des impôts connaît des difficultés. En milieu rural, l'opinion publique est loin de se montrer favorable à l'accès du cours classique pour les jeunes filles. De pareilles études ne risquent-elles pas de "créer des parvenues intellectuelles qui n'auraient que du dédain pour les humbles travaux de la maison"? Ou encore, "ces savantes jeunes filles n'allaient-elles pas briguer les carrières masculines et faire concurrence à leurs frères bacheliers dans les professions libérales"? Les rares intuitifs, conscients des besoins de l'heure, souhaitent la femme cultivée, éclairée, influente dans les milieux où elle est appelée à vivre. Sur ce fond de tableau, nous voulons, dans une première partie, étudier les circonstances qui ont amené la fondation d'un collège classique féminin à Nicolet. Nous suivrons le développement général du collège à travers les événements d'ordre politique, économique, social et culturel qui ont exercé sur lui des répercussions telles que son existence est étroitement liée à ces conjonctures. Dans une deuxième partie, nous nous proposons de dégager les traits particuliers de l'éducation donnée au collège Notre-Dame-de l’Assomption à la lumière des effectifs humains et des instruments de formation que sont les programmes et le règlement. Pour compléter cette étude sur l'éducation, il est de toute nécessité de souligner le caractère exceptionnel que présente l'enseignement des arts dans ce collège. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28672
Date25 April 2018
CreatorsGagnon, Antonine
ContributorsGalarneau, Claude
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typemémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Formatxiii, 203 p., application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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