Return to search

La théorie de l'écosystème : trois essais sur le relationnel et l'innovation dans les secteurs bancaires et des TIC (technologies de l'information et des communications)

Le Canada figure parmi les rares pays à avoir une stratégie d'interdiction de facto de fusions entre grandes banques nationales. D'un côté, dans le contexte d'une crise financière cela semble un grand atout stratégique. Par contre, les banques canadiennes sont aussi moins compétitives ou moins agressives pour promouvoir l'entrepreneurship et par conséquent, cela freine le rythme de l'innovation (Groupe d'études stratégiques sur la concurrence, 2008). Ainsi, un tel environnement financier conservateur fait souvent l'objet de critiques envers les petites et moyennes entreprises, lesquelles considèrent que les banques canadiennes ne sont pas très relationnelles. Dernièrement, la crise fInancière américaine qui a dégénéré en crise mondiale a illustré 1) les désavantages de collaborer en écosystème ouvert dans le secteur financier et 2) l'importance de réglementer et d'établir des normes rigides. Cette crise semble donc a priori conforter le conservatisme et la réglementation. Or, l'industrie des technologies de l'information et des communications (TIC) semble illustrer le contraire. En effet, pour assurer le développement de cette industrie, certains facteurs doivent être considérés: 1) l'importance de fonctionner en écosystème ouvert pour démocratiser l'innovation (Von Hippel, 2005) et, en particulier, l'innovation non contractuelle (Olleros, 2007) et 2) d'établir des normes de collaboration ou des normes relationnelles (Macneil, 2000) pour une meilleure performance économique globale (Chesbrough, 2003). Il semble que la comparaison des deux secteurs (bancaire et TIC) permet de relever la problématique relationnelle dans des contextes différents tout en aboutissant aux constats suivants: davantage de conservatisme et de réglementation permettent probablement de protéger des industries bien établies, mais cela semble freiner l'entrepreneuriat et l'innovation qui sont une source de développement économique. Ainsi, bien que le conservatisme et la réglementation soient des solutions à court terme, elles ne procurent pas le dynamisme nécessaire pour relancer et donner confiance dans les échanges socioéconomiques. Cette thèse propose de puiser au coeur d'une problématique souvent effleurée, mais non réellement élaborée parce qu'elle remet en question le fondement des échanges économiques dans un système libéral: le système de valeurs. En effet, les acteurs socio-économiques ont besoin de fonctionner selon des normes relationnelles, plutôt que transactionnelles (Macneil, 2000; Ferguson, Paulin et Bergeron, 2005) pour une meilleure performance individuelle et globale de l'écosystème (Iansiti et Levien, 2004) et avoir ainsi une logique de confiance et d'engagement de long terme (Morgan et Hunt, 1994). Ces postulats répondent à la logique du marketing relationnel dont la définition est de plus en plus sociale et systémique (Gummesson, 1999, p. 24) et intègre depuis 2004, la logique à dominance service (LDS) qui focalise sur l'importance du service comme processus de cocréation de valeur (Vargo et Lusch, 2004; 2008a; 2008b). Comment donc appliquer le marketing relationnel ou sa dernière variante, la LDS dans une perspective plus large, plus systémique et qui reflète la complexité des dyades interactionnelles? Comment rétablir le credo (Je crois dans l'avenir, McCraw, 2007, p.6) dans l'économie pour que les différents acteurs socio-économiques accordent les crédits financiers, politiques et culturels nécessaires? L'incertitude étant un point central dans la théorie transactionnelle (Williamson, 1979), il est possible de la juguler avec des normes relationnelles (Ferguson et Paulin, 2009) qui s'étendent du coeur de métier de l'industrie aux dimensions périphériques de l'écosystème global. À travers une méthodologie par articles, cette thèse explore la dynamique relationnelle dans une perspective écosystémique. Cette perspective est originale et pertinente, car elle permet: (1) d'adopter une conceptualisation appropriée des relations (théorie ancrée) selon la métaphore de l'écosystème; (2) elle saisit la réalité dans sa complexité et en temps réel (étude qualitative longitudinale); et (3) elle explore les interactions, les réseaux et les relations selon une logique systémique de contenu (les dimensions explicatives) et de processus (évolution dans le temps). Deux industries stratégiques ont été analysées: le secteur bancaire et celui des technologies de l'information et des communications. La richesse, la pertinence et la complémentarité de leurs écosystèmes ont permis de développer une compréhension triangulée des relations au sein d'un écosystème, sur les meilleures pratiques managériales et les facteurs clés de succès. L'intégration du paradigme relationnel s'est faite à trois niveaux: coeur de métier, entreprise élargie et écosystémique (Moore, 1996, p. 26). Cet objectif à trois volets a beaucoup contribué au choix de procéder à une thèse par articles. Les trois perspectives gagnaient à être explorées séparément dans trois recherches spécifiques. (1) La première a visé le coeur de métier pour apprécier les processus organisationnels relationnels mis en place avec les clients internes (directeurs de compte). (2) La deuxième recherche a ciblé l'évaluation du paradigme relationnel dans la dyade entreprise/clients organisationnels (PME) selon une vision gagnant-gagnant organisation-clients-employés. (3) La troisième recherche a focalisé sur la dynamique relationnelle coopétitive animant les dyades complexes au niveau écosystémique. D'un point de vue théorique, cette thèse propose deux contributions majeures: 1) une revue de littérature intégrative pluridisciplinaire du marketing relationnel en lien avec les nouveaux paradigmes émergents dans les autres domaines et 2) le développement d'une nouvelle théorie de l'écosystème en lien avec les défis empiriques, théoriques et méthodologiques actuels. Cette thèse illustre également l'importance de retrouver le credo dans l'économie, non pas en limitant les crédits, mais en s'assurant de partager des valeurs relationnelles durables de confiance et d'engagement au profit de l'ensemble de l'écosystème. Elle propose donc une nouvelle théorie de l'écosystème, qui est une extension du marketing relationnel et de la logique à dominance service (Vargo et Lusch, 2004; 2008a; 2008b). La LDS dénonce les pratiques marketing ancrées dans la logique industrielle de production et qui ont transformé le concept de «servuction du client» (Langeard et Eiglier, 1987) en servitude du client (Paulin, 2009). La théorie de l'écosystème proposée vient donc endosser les postulats de la LDS et les enrichir de dimensions sociales, durables et éthiques applicables à l'ensemble de l'écosystème et non pas dans une logique dyadique microscopique. D'un point de vue méthodologique, l'innovation est substantielle en termes d'approche qualitative plurielle. La triangulation est multiple: théories, disciplines, sources, méthodes de collecte, d'analyse et stratégies de théorisations. Plusieurs chercheurs en marketing ou en management ont multiplié les méta-analyses, mais les recherches quantitatives se sont concentrées soit sur le niveau micro, mezzo ou macro d'une relation. Il semble qu'aucune recherche n'a, jusqu'à présent, entrepris dans un même temps une méthodologie à la fois dyadique, systémique, dynamique et processuelle sur deux ou trois niveaux écosystémiques ou appliqué la théorie ancrée (Glaser et Strauss, 1967) pour comprendre les questions relationnelles. D'un point de vue épistémologique, cette thèse a pour principale contribution, un positionnement post moderniste de réconciliation des paradigmes. Ce dernier a permis de relever plusieurs défis d'approches de la complexité et ensuite de théorisation qui auraient été difficilement réussis en suivant des paradigmes isolés. Le dialogue interparadigmes a permis de saisir les différentes facettes de l'iceberg et d'enrichir les descriptions et explications. D'un point de vue managérial, les contributions sont aussi importantes et se situent à trois niveaux: l) un niveau dyadique client interne/organisation; 2) un niveau dyadique client externe/organisation et enfin, 3) un niveau multidyadique entre divers partenaires et notamment les compétiteurs/coopérateurs (coopétiteurs, Brandenburger et Nalebuff, 1996, p. 2). La théorie de l'écosystème proposée dans cette thèse offre donc d'être un cadre théorique, un cadre méthodologique et un cadre empirique en symbiose avec la complexité relatiormelle des écosystèmes actuels.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2197
Date January 2009
CreatorsBen Letaifa, Soumaya
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse acceptée, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/2197/

Page generated in 0.003 seconds