Le discours critique sur le roman-mémoires des années 1730 semble souvent hésiter entre deux attitudes antagonistes : soit il y discerne les signes d’une « naissance de l’individu » et y voit l’émergence du roman de formation (Bildungsroman). Soit il considère que ces catégories sont anachroniques : la notion d’« individu », comme être conscient de soi et de son intériorité affective et comme l’élément élémentaire dont se compose la société n’apparaît-elle pas seulement dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle en particulier dans la réflexion de Jean-Jacques Rousseau ? et le roman de formation ne trouve-t-il pas son prototype en Allemagne, avec Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe ? Mais en réalité, Rousseau et Goethe sont tous deux de grands lecteurs de romans-mémoires et ils s’en sont nettement inspirés dans leurs écrits. La présente thèse souhaite montrer que le roman-mémoires des années 1730 peut être analysé comme un roman de formation, dans la mesure où il décrit les étapes constitutives de l’identité d’un individu et porte une vision du monde sur sa place dans la vie sociale. Mais une telle hypothèse implique de s’interroger sur cette forme romanesque « rebelle à tout ordre » (Henri Coulet, Le Roman jusqu’à la Révolution) : Comment définir cette forme romanesque ? Quel est son rôle dans la cristallisation de la notion d’« individu » ainsi que du roman de formation ? C’est à ces questions que s’efforce de répondre cette thèse en analysant quelques œuvres emblématiques de cette nouvelle forme romanesque, ainsi que leurs enjeux, leurs dimensions philosophiques, esthétiques, politiques et anthropologiques et leurs contributions à l’avènement de l’individu et à l’émergence du roman de formation (Bildungsroman). / The critical discourse on the memoir novel of the years 1730 often seems to hesitate between two antagonistic attitudes : either it discerns in it the signs of a "birth of the individual" and sees in it the emergence of the novel of formation (Bildungsroman). Or it considers these categories as anachronistic : did not the notion of the "individual" as a being conscious of itself and of its emotional interiority and as the basic element of which society is composed only appear in the second half of eighteenth century, most notably in the reflections of Jean-Jacques Rousseau ? And did not the novel of formation find its prototype in Germany, with Goethe’s Wilhelm Meister’s Apprenticeship ? But in reality, Rousseau and Goethe were both great readers of memoir novels and were clearly inspired by them in their writings. The present thesis hopes to show that the memoir novel of the years 1730 can be analyzed as a novel of formation, insofar as it describes the constituent steps of individual identity and carries a worldview regarding its place in social life. However, such a hypothesis implies asking some questions about this novelistic form, considered as "rebellious to any order" (Henri Coulet, Le Roman jusqu’à la Révolution) : How can this novelistic form be defined ? What was its role in the crystallization of the notion of the "individual", as well as that of the novel of formation ? These are the questions that this thesis attempts to answer by analyzing some emblematic works of this then new novelistic form, as well as their importance, their philosophical, aesthetic, political and anthropological dimensions and their contributions to the advent of the individual and the emergence of the novel of formation (Bildungsroman).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SORUL077 |
Date | 03 July 2018 |
Creators | Ibrahim, Laith |
Contributors | Sorbonne université, Martin, Christophe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0028 seconds