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Mobilisations de la mémoire : une étude diachronique des luttes de mémoire, de légitimité et contre l'impunité à Santiago, Chili (1998-2018)

Cette recherche doctorale aborde le travail de sept organisations de mémoire et de droits humains de Santiago, au Chili, et les luttes dans lesquelles elles sont engagées. Le passé et sa représentation dans l'espace public sont une source de conflit depuis la fin du régime Pinochet. D'allure spectrale, ces sujets réapparaissent dans le présent sous plusieurs formes alors que les organisations de mémoire et de droits humains entrent en lutte relativement aux sens et à l'importance que doit prendre ce passé, de même qu’à la légitimité devant être accordée aux acteurs mobilisant ce passé dans l'arène publique. Or, ces luttes et conflits se produisent dans des dynamiques sociopolitiques particulières et engagent une multitude d'acteurs ayant des représentations différenciées du passé. Cet état de fait appelle à une reformulation de la conceptualisation du rôle des acteurs collectifs afin de mettre en exergue ces différences dans la manière de représenter le passé, certes, mais également dans les stratégies analogues et opposées de le faire.
Cette thèse entreprend, de manière diachronique, la reconstruction des principaux débats s'étant produits autour des questions de l'impunité, de la vérité et de la mémoire. Couvrant la période de 1998 à 2018, elle débute avec la détention d'Augusto Pinochet à Londres et se termine avec la fin du second mandat de la première femme présidente, Michelle Bachelet. Les sept organisations étudiées vont de regroupements de familles et de survivants à des sites de mémoire et de conscience. Par le biais des discours produits par ces organisations, j'examine des périodes historiques particulières en me concentrant sur des moments forts de ces conjonctures afin de mettre en évidence les luttes de sens et les conflits de légitimité relatifs à ces époques. De manière concrète, une attention particulière est portée à l'analyse des principaux sujets de contentieux, la façon dont les acteurs se mobilisent, leurs objectifs et comment le passé est évoqué dans l'espace public. L'une des fins de cette thèse est de mettre en exergue la relation conflictuelle entre les organisations et les administrations post-dictature. Cette dimension permet ainsi de comprendre le malaise des représentations politiques transparaissant en filigrane des interventions publiques des porteurs de mémoire.
À partir d'un cadre théorique original fondé à la fois dans la sociologie de la mémoire, la sociologie des mouvements sociaux et l'analyse de discours, cette thèse qualitative met à profit un corpus de documents diversifié, notamment des journaux nationaux, des déclarations publiques, de même que des textes provenant de la plate-forme web des organisations étudiées. Ces documents sont examinés et analysés afin de mettre en évidence les représentations et les dynamiques qui les soulignent. S'inspirant de la méthode employée par Passy et Giugni (2005 : 903), ce travail étudie le corpus de documents recueillis afin de faire la lumière sur « qui intervient (les acteurs), comment (les répertoires d'action) et dans quel but (contenu des revendications) » (Passy & Giugni, 2005: 903). Cette technique permet de retracer les acteurs, leur répertoire d'action, leurs représentations du passé, la terminologie qu'ils utilisent et les traces de leurs interactions avec les autres organisations ou représentations opposées du passé.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/38440
Date19 November 2018
CreatorsJean, Joannie
ContributorsMasson, Dominique, Vanthuyne, Karine
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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