Entre 1976 et 1983, la dictature militaire argentine orchestre la disparition d’environ trente mille personnes. Son but n’est pas seulement la mort, mais l’empêchement de toute forme de différence et de toute forme de résistance chez les vivants. Dans un parcours menant d’une esquisse de la terreur à une anthropologie des possibles résistances, cette thèse confronte la recherche à l’effacement, à la déliaison puis à la possible reconstruction. Elle apparaît comme une démarche exploratoire et impliquée, aux côtés de (sur)vivants qui sont parvenus à recréer des liens de sens et des liens sociaux et donc, à refaire émerger du politique. Leurs témoignages, déclinés autour de ceux des « Mères de la Place de Mai », ont permis une résistance par les mots, par les corps et par les images à l’indicible, l’invisible et l’irreprésentable. Au fil de l’émergence d’un réseau de lutte contre l’effacement des traces et des preuves de la disparition, avec en ligne de mire les objectifs utopiques de « mémoire, vérité et justice », les résistants développent une forme de paradigme indiciaire qui n’a de cesse de rappeler à l’anthropologie l’importance des détails et des petits liens. En comprenant le social comme un théâtre, nous parvenons à appréhender diverses modalités de mise en scène de la disparition qui, toutes, révèlent l’importance cruciale de l’articulation entre l’intime et le collectif dans la reconstruction du social.Parce que les gouvernements démocratiques ont perpétué les représentations sociales qui ont rendu possible cette extermination politique, la résistance est toujours soumise à de nouvelles défiances révisionnistes. Elle est toujours renouvelée. Les questions qu’elle soulève restent, quant à elles, toujours aussi brûlantes. / From 1976 to 1983 the military dictatorship in Argentina engineered the “disappearance” of an estimated thirty thousand people. Its aim was not merely to put people to death but to eradicate all forms of diversity and every trace of resistance in the living.By sketching the reign of terror and by proposing an anthropological analysis of the different possible forms of resistance, this thesis confronts the research to effacement, dismemberment and then to the possibilities of reconstruction. It is an explorative and involved research by the side of survivors who succeeded in reconstruct sense and social relationships and have thus contributed to a political renaissance. Their testimonies - with those of the “Mothers of the Plaza de Mayo” as a heart - are resisting to what is unspeakable, impossible to see and to portray: they are based on words, on bodies and on images. A network, whose utopian motto was “memory, truth and justice”, gradually emerged to fight against the concealment of every trace of evidence of the “disappeared”. Its members developed a form of indicative paradigm which serves as a constant reminder to the anthropologist of the importance of details and minor connections.If we see society as theatre we may understand the different ways the forced disappearance was staged, which illustrate the crucial importance of the links between the intimate and the collective in social reconstruction.The resistance network is still constantly subject to revisionist suspicion, because democratic governments have maintained the social representations which made this political extermination possible. Resistance has to bee constantly re-invented. The questions this movement raises are, for their part, still a burning issue.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010LYO20021 |
Date | 12 April 2010 |
Creators | Verstraeten, Alice |
Contributors | Lyon 2, Laplantine, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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