Depuis les années 1970, le salariat à temps partiel s’étend sur les marchés de l’emploi allemand et français. Le rôle joué par l’intermédiation publique dans ce phénomène constitue l’objet de cette thèse. Nous l’étudions de manière comparative par l’immersion ethnographique dans quatre agences, par une analyse quantitative portant sur 2000 offres stockées et par une enquête socio-historique sur les dispositifs d’indemnisation. Grâce à ce matériau, nous mettons au jour les transactions temporelles auxquelles sont exposés les chômeurs durant leur traitement institutionnel. Au sein des agences d’intermédiation, les heures recherchées par les chômeurs jouent le triple rôle d’outil de gestion, d’outil d’intermédiation et d’outil d’arbitrage marchand. Elles sont mobilisées, manipulées et négociées durant les entretiens en face-à-face auxquels sont convoqués les chômeurs. Au terme des interactions, de nombreux profils de recherche sont révisés, en abaissant le nombre d’heures d’emploi souhaitées. Ce rationnement du temps d’emploi est organisé autour de trois modes de régulation, inégalement présents sur les différents terrains : une régulation par l’indemnisation-chômage, une régulation par les pratiques professionnelles des conseillers et une régulation par les progiciels informatiques d’appariement. Le temps d’emploi souhaité par les chômeurs apparaît ainsi comme un objet d’action publique. À partir de nos résultats empiriques, nous montrons que les logiques sociales de la rencontre bureaucratique établissent un lien étroit entre les ressources mobilisables dans l’interaction et les positions envisageables sur le marché de l’emploi. De plus, cette thèse présente les guichets d’intermédiation comme un niveau de régulation de l’emploi à part entière. / Since the 1970s, part-time employment has grown in the German and French labour markets. The relation between public intermediation and part-time employment is the subject of this thesis. Our comparative analysis is based on ethnographic immersion in four agencies, a quantitative analysis of 2000 job offers stored in the agencies files and a socio-historical inquiry concerning the unemployment benefit systems. With these data, we expose the temporal transactions experienced by the unemployed during their institutional treatment. Within the agencies, the working hours sought by the unemployed represent a tool with three functions: managing the registered users, matching employers and jobseekers, and arbitrating the relation between capital and labour. These hours are mobilized, manipulated and negotiated during the compulsory interviews between caseworkers and unemployed. Thus, many research profiles are modified, in the sens of lowering the desired amount of employment hours. This rationing of hours is organized around three modes of regulation, always perceptible but inequally significant in the various agencies: benefits-oriented regulation, professional regulation and computerized regulation. The working hours the unemployed look for appear as an object of public action. Based on our empirical results, we show how the configuration of bureaucratic encounters establish a close relation between the social resources mobilized during the interaction and the position on the labour market. In addition, this thesis present the employment agencies as an autonomous level of employment regulation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018IEPP0022 |
Date | 04 December 2018 |
Creators | Clouet, Hadrien |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Demazière, Didier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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