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Agentivité, modalités de contrôle et subjectivité

En français, la construction se faire + infinitif montre une agentivité non prototypique (questionnement sur l'interprétation du rôle participatif qu'il convient d'attribuer au sujet animé : " Paul s'est fait donner un livre par Marie " suppose un contrôle de Marie sur le don et un contrôle partiel de Paul sur le déclenchement du don). Dans certaines tournures, ce contrôle sera diminué voire annulé (" Paul s'est fait voler sa voiture "). On étudiera aussi des périphrases verbales (se laisser+infinitif, se voir+infinitif, faire+infinitif) et des opérateurs causatifs en anglais (get, have). Get et se faire ont beaucoup en commun, y compris le fait que leur spécialisation dans le " désagréable " en tant que " passifs " s'avèrent être un développement récent. L'attribution de l'agentivité est une opération énonciative très importante. Notre conception du temps fait que nous assignons une causation à des événements. L'agentivité se distingue de la causalité par le fait qu'un animé (et particulièrement un humain) est identifié comme la cause ultime d'un événement. L'animé se voit alors attribuer formellement une intention, un contrôle et une télicité pour ses différentes actions. Il y a certes régulièrement un décalage cognitif par rapport à une agentivité prototypique. L'agentivité linguistique est de ce fait un concept complexe permettant des transferts de responsabilité entre agents effectifs ou potentiels à des degrés divers (cas de dédoublement de l'agentivité, cas de l'agentivité déléguée, etc.). L'agentivité se rapporte alors à l'inscription et à l'encodage linguistique de certaines opérations cognitives et énonciatives à la disposition d'un sujet énonciateur. Notre analyse utilise certains concepts de la théorie des opérations énonciatives de Culioli. L'apport d'un " principe informatif " (les développements récents de la théorie de l'" information packaging " de Vallduví ou de la " structure informationnelle " de Lambrecht) permet de détecter dans des constructions comme se faire+infinitif un rôle pragmatico-énonciatif en contraste avec la construction passive canonique en être. L'emploi de ces constructions reflète la gestion subjective et intersubjective de l'information, le processus d'enrichissement des connaissances du co-énonciateur par des informations relevant d'un positionnement ou de la prise en charge de l'énonciateur par rapport à son énoncé.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00910818
Date31 May 2012
CreatorsVeecock, Candace luena
PublisherUniversité Michel de Montaigne - Bordeaux III
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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