Les décennies comprises entre le crépuscule du XVIIe siècle et l’aube du siècle des Lumières forment un moment charnière dans l’écriture romanesque parce que le pathétique fait l’objet d’une laïcisation, d’une réhabilitation morale et d’une promotion esthétique qui en font une catégorie majeure de la littérature du Grand Siècle finissant. Cependant, le pathétique, tel qu’il s’exprime dans le roman féminin du XVIIe siècle n’a pas encore fait l’objet d’une étude circonstanciée, et les ouvrages consacrés au genre romanesque de l’époque ne proposent aucune entrée pathétique ou pathos dans l’index des notions traitées.Afin de démontrer le côté dangereux des passions, les écrivaines retenues vont exercer une censure sur le langage verbal qui bride l’exaltation du discours passionnel, actualise la crise du sujet amoureux et signe l’échec de la communication. En réduisant l’espace dialogique où s’exprime le pathos, les nouvellistes parient sur l’éloquence du corps et du langage non verbal. Les signes extralinguistiques envahissent le texte, soutenant à la fois la disposition et l’élocution du roman en en faisant le lieu où s’expérimente une dramaturgie amoureuse qui élit les silences, les regards et les larmes comme les modalités d’une nouvelle stratégie de communication impliquant un travail herméneutique permanent.À travers une analyse attentive des nouvelles de Mme de Lafayette et de Mlle Catherine Bernard, nous essaierons de démontrer que l’évolution de l’écriture romanesque féminine vers plus de sobriété et de concision, constat du reste confirmé par les spécialistes du genre est une évolution qui doit beaucoup à la représentation du pathétique. / The period between 17th century and the early stages of the Enlightenment is a pivotal one in fiction writing. This is not only because the concept of pathos acquired a profane dimension, but also a moral rehabilitation and an aesthetic development that contributed to make of it a major literary trend by the end of 17th century. However, the concept of pathos and the way it was developed in the women narratives of 17th century has hardly been the subject of any thorough readings. Moreover, the studies focusing on the fiction of that period, did not suggest any input to the concepts of pathos or the pathetic in their index table. To avoid the dangerous side of passion, the writers under focus, are proven to incline themselves to verbal linguistic censorship that pins down the exalting dimension of the passionate discourse. This censorship over-emphasizes both the crisis of the love subject and the failure of communication. As an alternative ! to the narrow dialogic space where pathos could have been expressed; women writers relied on the expressiveness of the body and the non-verbal language. Meta-linguistic signs pervade the texts, emphasizing both the dispositio and the elocutio of fiction; creating, thus, a space where love intrigues could be voiced. A space that makes of silences, gazes and tears important modalities of a new communication strategy implying a constant hermeneutical work. A thorough examination of the novels of Mme de Lafayette and Catherine Bernard, allow us to demonstrate that the tendency of women fiction writing towards somberness and pithiness, is a kind of evolution that owes much to the representation of the concept of the pathetic.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA030080 |
Date | 17 June 2011 |
Creators | Besbes-Bannour, Faïka |
Contributors | Paris 3, Berchtold, Jacques |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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