Cette thèse porte sur la poétique de l’espace incertain dans le roman français et québécois contemporain (1990-2010). Les trois parties de notre analyse nous permettent de distinguer les espaces du « malaise » (partie 1), les espaces « reconfigurés par le rapport trouble au temps » (partie 2), puis les espaces « brouillés par les défauts de la perception » (partie 3). Si trois infléchissements tendent à être dégagés des textes étudiés, il apparaît malgré tout que plusieurs lignes de force contribuent à lier les œuvres de notre corpus et à les inscrire sous une poétique de l’espace plus englobante. En conclusion, nous proposons donc une synthèse de ses différents traits définitoires : ses figures spatiales emblématiques (la ruine, la prison, le bunker, le seuil, la frontière, le labyrinthe), ses motifs récurrents (retranchement, franchissement, égarement, effacement) et ses thèmes privilégiés (habitabilité, marginalité, exclusion). Nous montrons également comment les composantes de la diégèse (décor, objets, personnages) et comment les différents procédés narratifs et descriptifs contribuent à la représentation d’un espace d’une grande perméabilité, où se joue une contamination subtile entre les lieux, les temporalités, les corps, et la perception. Nous posons enfin l’hypothèse selon laquelle la représentation de l’espace incertain est assurée par la mise en scène d’un monde en déficit d’autorité (des frontières, des objets, des savoirs, de la mémoire, de la perception) et par la médiation d’une foule de « réévaluations » des oppositions spatiales canoniques (espace/temps, ici/ailleurs, haut/bas, intériorité/extériorité, tangible/intangible, visible/invisible). Dans les romans étudiés, la mise en scène de l’espace incertain atteste d’un monde sans repères stables et affirme la nécessité de repenser et de reconstruire nos rapports à l’espace dans des contextes d’instabilité ou de précarité. En ouverture, nous formulons la nécessité d’examiner davantage l’agir des personnages dans ces fictions où le rapport à l’espace ne va pas de soi. La ritualisation et le désir de destruction nous apparaissent comme des manifestations emblématiques de ces « tentatives de mise en ordre du monde » opérées par le sujet contemporain contraint à négocier avec des frontières poreuses, avec des lieux provisoires et malléables, et avec le caractère incertain de ses propres perceptions.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/25528 |
Date | 20 April 2018 |
Creators | Voyer, Marie-Hélène |
Contributors | Mercier, Andrée |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xv, 349 pages), application/pdf |
Coverage | 20e siècle, 21e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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