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Rapport aux Anciens et évolution de la polémique contre le moyen-platonisme dans les Discours platoniciens (Or. II-IV) d'Aelius Aristide

Les Discours platoniciens (Or. II-IV) d'Aelius Aristide – le Pour la rhétorique (Or. II), le À Capiton (Or. IV) et le Pour les Quatre (Or. III) – ont le plus souvent été étudiés dans leur ensemble comme s'ils formaient une seule œuvre rédigée dans les mêmes circonstances. D'un autre côté, les relations qui unissent ces discours au moyen-platonisme n'ont pas donné lieu à des recherches approfondies. La thèse vise donc à mieux comprendre ces discours dans leur progression en réinscrivant la polémique dans le contexte du moyen-platonisme. Les deux axes privilégiés concernent le rapport à la tradition culturelle grecque : le premier est l'attitude préconisée et observée à l'égard de Platon et des Anciens ; le second se compose des principes régissant l'exégèse des textes du philosophe. Il s'agit aussi de mieux cerner la spécificité et la pertinence du Pour les Quatre, le discours le moins étudié du corpus. L'approche diachronique dicte la structure de la thèse, les discours étant étudiés dans leur ordre de rédaction. Concernant le premier axe, celui de l'attitude à l'égard des Anciens, le type de rapport qui est préconisé et mis en pratique demeure essentiellement le même à travers les trois discours : Aristide promeut la rivalité et il la met ouvertement en pratique avec Platon. Des infléchissements, qu' il est possible d'expliquer à la lumière du moyen-platonisme, apparaissent toutefois avec chaque texte. Le Pour la rhétorique exalte l'audace qui est nécessaire pour contredire un Ancien par opposition à la lâcheté de ceux – les platoniciens – qui n'osent s'opposer à une figure d'autorité. À partir du À Capiton, l'insistance porte sur la retenue et le respect qui devraient caractériser le traitement des Anciens. Du À Capiton au Pour les Quatre, c'est l'écriture qui épouse de plus en plus une rhétorique de la retenue tout en intensifiant la gravité des reproches. Le Pour les Quatre apparaît comme l'aboutissement de l'entreprise aristidienne car il fait du rapport à la tradition un thème majeur et structurant, en plus de clarifier l'enjeu soulevé par cette problématique à l'époque impériale, soit la survie de l'hellénisme. Les Discours platoniciens sont très cohérents en ce qui concerne le second axe, l'exégèse des dialogues de Platon, car ils signalent tous l'insuffisance des catégories médioplatoniciennes. Toutefois, seul le Pour les Quatre s'attaque au Gorgias à partir de ces catégories. C'est aussi dans ce discours qu'un effet spéculaire constant apparaît entre Platon et Aristide : le premier corromprait des lecteurs par ses critiques simples et sans retenue, tandis que le second procèderait à l'inverse. La spécificité du Pour les Quatre apparaît aussi à travers l'importance accrue qu'y prennent les actions visant la préservation de l'hellénisme. Sur ce point, l'action politique et la pédagogie des Quatre sont représentées de manière à recouper dans leurs principes l'éducation qu'Aristide entend mettre en œuvre à travers son discours. Dans les deux cas, le succès s'explique notamment par la capacité d'adaptation aux circonstances, qu'Aristide manifeste en modifiant son style en fonction des vertus qu'il exalte. Il se constitue ainsi en modèle des vertus qu'il loue et de leur application appropriée selon les circonstances. Les Quatre ont protégé la Grèce contre les barbares : Aristide tente de les imiter sur le plan culturel, à une époque où la paideia est à ses yeux menacée par des philosophes populaires. / Aelius Aristides' Platonic orations (Or. II-IV) – the In Defense of Oratory (Or. II), the To Capito (Or. IV), and the In Defense of the Four – have mostly been studied synchronically, as if they formed a single work written under the same circumstances. Moreover, the relations between these orations and Middle Platonism have not yet been thoroughly investigated. This thesis aims to better understand the progression of these orations by tying the polemic with the context of Middle Platonism. The two privileged lines of inquiry concern the relationship with the Greek cultural tradition: the first is the attitude advocated and observed towards Plato and the Ancients; the second is composed of the principles governing the exegesis of this philosopher's texts. It is also about better defining the specificity and relevance of the In Defense of the Four, the least studied oration of the corpus. The diachronic approach dictates the structure of the thesis: the orations are studied in their writing order. Regarding the first line of inquiry, that of the attitude towards the Ancients, the type of relationship that is advocated and put into practice remains essentially the same across the three orations: Aristides promotes rivalry and he carries it out quite openly with Plato. However, changes, that can be explained in the light of Middle Platonism, appear with each text. In Defense of Oratory exalts the audacity that is required to contradict an Ancient as opposed to the cowardice of those Platonists who dare not oppose a figure of authority. From the To Capito onwards, the emphasis is on the restraint and respect that should characterize the treatment of the Ancients. From this oration to the last one, In Defense of the Four, the writing increasingly embraces a rhetoric of restraint while increasing the intensity of the reprimands. The In Defense of the Four appears to be the culmination of the Aristidian project because it transforms the relation with tradition in a major and structuring theme, in addition to clarifying the issue raised by this question during the imperial era, namely the survival of Hellenism. The Platonic orations are consistent with regard to the second line of inquiry, the exegesis of Plato's dialogues, because they all point out the insufficiency of the Middle Platonic categories. However, only the In Defense of the Four tackles the Gorgias on the basis of these categories. It is also in this discourse that a constant specular effect between Plato and Aristides appears: the former would corrupt readers with straightforward and unrestrained critiques, whereas the latter tries to do the exact opposite. The specificity of the In Defense of the Four also manifests itself in the increasing importance taken by the theme of the actions aimed at preserving Hellenism. On this point, the political actions and the pedagogy of the Four are represented in such a way as to intersect in their principles the education that Aristides intends to implement through his speech. In both cases, success depends on the ability to adapt to circumstances, a skill which Aristides manifests by modifying his style according to the virtues he exalts. In this way, he himself becomes a model of the virtues he praises and their appropriate application according to the circumstances. The Four protected Greece against the barbarians: Aristides tries to imitate them culturally, at a time when paideia is, in his eyes, threatened by popular philosophers.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/69368
Date27 January 2024
CreatorsVoyer, Martin
ContributorsMorand, Anne-France
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xii, 722 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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