Hannah Arendt est surtout connue pour avoir écrit une magistrale enquête historique sur le totalitarisme (Les origines du totalitarisme) et pour avoir défendu une conception exigeante de la politique développée dans un langage réputé pour être très hellénisant. Cette façon de concevoir la politique repose principalement sur le concept d’action qu’Arendt travaille à redéfinir au sein d’un contexte historique et d’une tradition qui témoignent, selon elle, d’un « oubli de l’action ». Ce qu’Arendt reproche au premier chef à la tradition de la philosophie politique est d’avoir confondu, dès ses premiers balbutiements, le faire et l’agir, interprétant ce dernier à l’aune de la fabrication (poiesis) et recouvrant du même souffle la spécificité de l’action (praxis). Sa propre théorie politique travaille ainsi à repenser l’action pour elle-même et à en faire de nouveau le centre de la vie politique. C’est donc notamment en se référant aux expériences politiques pré-philosophiques athéniennes qu’Arendt parvient à illustrer les potentialités que recèle l’action comprise comme spontanéité dévoilante. Or, il nous apparaît que ses efforts achoppent finalement sur le contexte moderne et que ce fait n’échappe probablement pas à Arendt elle-même. L’impasse suscitée par la modernité est ainsi à nos yeux l’occasion de mettre au jour un versant plus proprement poétique de l’œuvre d’Arendt, se dessinant en filigrane de sa théorie politique et qui n’est que très peu abordé au sein de la littérature secondaire francophone. Pour ce faire, nous proposons dans un premier temps d’interroger les efforts d’Arendt pour valoriser l’action politique afin de faire ressortir les ressources de ce concept. Dans un second temps, nous confrontons le concept d’action au contexte moderne tel que le conçoit Arendt pour montrer qu’il existe dans ses écrits un modèle alternatif de rapport au monde et à autrui que celui mis en avant par l’action et que cet autre modèle doit énormément au poétique. / Hannah Arendt is primarily renowned for writing a masterful historical inquiry on totalitarianism (The Origins of Totalitarianism) and for defending a challenging view of politics expressed in, to say the least, a Hellenistic language. This particular take on politics relies primarily on the concept of action, which Arendt strives to redefine within a historical context and a tradition, which together, bear witness to a “forgetfulness of action”. What Arendt criticizes first and foremost in the tradition of political philosophy is the confusion, from the onset, of making with doing (i.e., acting upon, putting into practice), that is to the understanding of the latter through the standards of production (poiesis) which would have covered up the specific quality of action (praxis). Her political theory therefore seeks to rethink action in itself and to conceive it anew as the core of political life. Therefore it is by drawing upon the political experiences of pre-philosophical Athens that Arendt can illustrate the power of action seen as spontaneous disclosure. It seems however that her efforts ultimately face a limit in the modern context. It also appears to us that she is aware of this fact. This impasse brought about by modernity provides an opportunity to shine a light on the purely poetic dimension of Arendt’s work embedded within her political theory, a topic that seems to have been overlooked by most French language literature on Arendt. In order to do so, we seek in the first instance, to examine Arendt’s attempts at underscoring the value of political action in order to bring to light the essential components of this concept. Secondly, we will reflect on the concept of political action within the modern context as Arendt perceives it, in order discover the existence in her writings of an alternate relationship to the world and to others that can be contrasted with that of action. We will show that this other model draws enormously from the poetic realm.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/14011 |
Date | 09 1900 |
Creators | Mead, Léa |
Contributors | Grondin, Jean |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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