La présente thèse propose d’observer les distinctions des attitudes face à la légitimité de la police et l’emploi de la force chez des futurs policiers québécois à différents stades de leur formation policière initiale en école. Plusieurs chercheurs et de nombreux policiers sont d’avis que le métier de policier est appris dans son intégralité sur le terrain et que, de facto, la formation en Académie de Police est inutile. Or, est-ce vraiment le cas? Se pourrait-il que la formation policière engendre des changements d’attitudes graduels et subtils chez les futurs policiers de sorte que ceux-ci sont imperceptibles, mais à la fois les préparent à l’exercice de la profession policière? C’est précisément ce que la thèse vise à documenter, en lien avec les questions de légitimité de la police et d’emploi de la force. La formation policière sera considérée avoir un apport si les futurs policiers plus avancés dans la formation ont des attitudes plus positives face à la légitimité de la police et sont plus favorables à l’emploi de la force que leurs collègues plus novices.
Sans contredit, la littérature sur la légitimité de la police est vaste. Or, ce concept est, dans la grande majorité du temps, abordé de façon unidirectionnelle où les citoyens évaluent la légitimité de la police. Il est ici proposé de changer d’approche et d’adopter plutôt une perspective interactionniste et dialogique de la légitimité de la police où la perception de la légitimité de la police qu’ont les citoyens découle du regard que les policiers portent sur la légitimité de leur institution. Dans ce contexte, la formation policière est vue comme une voie de transmission de la légitimité de la police à laquelle sous-tend un processus de socialisation professionnelle qui permet l’adhésion à la culture policière.
Ce sujet de recherche est abordé d’un point de vue macrosociologique grâce à une méthodologie quantitative basée sur une enquête transversale à mesures répétées. Concrètement, l’analyse consiste en des comparaisons de moyennes d’attitudes face à la légitimité de la police et face à l’emploi de la force à différents stades de la formation policière. Pour ce faire, les données ont été collectées, dans un premier temps, auprès de 1 494 futurs policiers en formation au Québec. Dans un deuxième temps, pour écarter l’hypothèse alternative que l’explication des écarts d’attitudes entre plusieurs groupes d’étudiants à différents stades de formation pourrait en fait provenir d’une maturation généralisée à tous les jeunes en phase d’émergence de l’âge adulte (c’est-à-dire, entre 18 et 25 ans), la thèse incorpore une dimension de comparaison avec des citoyens de la même tranche d’âge en considérant un échantillon de 601 étudiants d’autres programmes de formation.
Conformément aux trois objectifs spécifiques de la thèse, les résultats ont permis d’observer qu’au cours de la formation policière : 1) les attitudes des futurs policiers plus avancés dans la formation sont plus positives et plus distinctes de celles de leurs homologues d’autres programmes de formation que les attitudes des futurs policiers en début de formation, ce qui indique un apport de la formation policière dans le développement de la légitimité de la police chez ceux en voie d’exercer le métier , 2) les attitudes du groupe de futurs policiers plus avancés dans la formation sont plus homogènes que celles de leurs comparses plus novices, ce qui suggère l’adhésion à la culture policière, et 3) les futurs policiers en fin de formation présentent une dissociation dans leurs attitudes face à la légitimité et face à l’emploi de la force relativement à leurs collègues plus novices, dans le sens où leurs attitudes face à la légitimité de la police sont moins fortement prédictives de leurs attitudes face à l’emploi de la force. Ce dernier résultat semble mettre en lumière le développement d’un jugement critique face à la légitimité de la police et son pouvoir d’emploi de la force au cours de la formation policière. La thèse conclut donc que l’utilité de la formation policière en école est loin d’être vaine; elle paraît occasionner des changements d’attitudes subtils et graduels qui peuvent se révéler importants à l’exercice du métier de policiers. / The thesis suggests studying the variations in attitudes toward police legitimacy and the use of force for in-training police students at distinct phases of police initial training at the Police Academy. Several researchers and many police officers attest that the police craft is solely acquired and learnt on the street and, therefore, the training provided at the Police Academy is pointless. Yet, is this really so? Could it be that the training provided by the Police Academy triggers such gradual attitude changes that they go unnoticed, while contributing to preparing the recruits to perform the police line of work? These questions underlie this thesis, specifically in regard to police legitimacy and use of force in the sense that the contribution of the police training would be unveiled if in-training police students more advanced in the study program have more positive attitudes toward police legitimacy and are more favourable to police use of force.
Undeniably, the literature on police legitimacy is extensive. However, authors generally adopt a unidirectional point of view where police legitimacy equates to citizen perceptions of police. Rather, it is advocated here that an interactionist and dialogic approach is better suited to understand police legitimacy. The latter is based on the premise that citizens’ perceptions of police legitimacy ensue from the outlook that patrol officers have on the legitimacy of their institution. In that case, police training is considered a professional socialization process which acts as a police legitimacy transmission channel leading to the conformity to police culture.
The thesis tackles this research topic with a macrosociological approach supported by a quantitative methodology based on a repeated cross-sectional research design. Precisely, the analytical strategy consists of mean comparisons of attitudes toward police legitimacy and use of force scores at different stages of the police training curriculum. As a first step, data were gathered from a sample of 1 494 future police officers in training in Quebec, Canada. Then, in order to rule out the alternative hypothesis that attitude score fluctuations between groups at different stages of the training could result from a maturation phenomenon generalized to all youth in the phase of emerging adulthood (i.e. 18-25 years old), the thesis includes a dimension of comparison with the general population of the same age group by taking into account the attitude scores of a sample of 601 students from other study programs.
In accordance with the three specific objectives of the thesis, results show that, along the police training: 1) attitude scores of in-training police students more advanced in the curriculum are more positive and more divergent from those of the students from other study programs than these attitudes for freshmen, reflecting the impact of training in the development of the perceptions of police legitimacy in those on the path to serve as patrol officers, 2) attitude scores of the group of in-training police students more advanced in the curriculum are more homogenous than those of more novice groups of in-training police students, which suggests the adherence to a specific professional culture, and 3) in-training police students in the senior phase display a greater disconnection between their attitudes toward police legitimacy and attitudes toward police use of force compared to their more junior colleagues, in the sense that their attitudes towards police legitimacy are less strongly predictive of their attitudes toward police use of force. This last result sheds light on the development of critical judgment. All things considered, the thesis concludes that the worth of police initial training is far from vain; it strikes as being responsible for subtle and gradual attitude changes that can prove important to police work.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23410 |
Date | 04 1900 |
Creators | Faubert, Camille |
Contributors | Boivin, Rémi |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation |
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