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Mise en lumière des écarts d’attitudes face à la légitimité de la police et l’emploi de la force à divers stades de la formation policière : démystification du processus de socialisation des policiersFaubert, Camille 04 1900 (has links)
La présente thèse propose d’observer les distinctions des attitudes face à la légitimité de la police et l’emploi de la force chez des futurs policiers québécois à différents stades de leur formation policière initiale en école. Plusieurs chercheurs et de nombreux policiers sont d’avis que le métier de policier est appris dans son intégralité sur le terrain et que, de facto, la formation en Académie de Police est inutile. Or, est-ce vraiment le cas? Se pourrait-il que la formation policière engendre des changements d’attitudes graduels et subtils chez les futurs policiers de sorte que ceux-ci sont imperceptibles, mais à la fois les préparent à l’exercice de la profession policière? C’est précisément ce que la thèse vise à documenter, en lien avec les questions de légitimité de la police et d’emploi de la force. La formation policière sera considérée avoir un apport si les futurs policiers plus avancés dans la formation ont des attitudes plus positives face à la légitimité de la police et sont plus favorables à l’emploi de la force que leurs collègues plus novices.
Sans contredit, la littérature sur la légitimité de la police est vaste. Or, ce concept est, dans la grande majorité du temps, abordé de façon unidirectionnelle où les citoyens évaluent la légitimité de la police. Il est ici proposé de changer d’approche et d’adopter plutôt une perspective interactionniste et dialogique de la légitimité de la police où la perception de la légitimité de la police qu’ont les citoyens découle du regard que les policiers portent sur la légitimité de leur institution. Dans ce contexte, la formation policière est vue comme une voie de transmission de la légitimité de la police à laquelle sous-tend un processus de socialisation professionnelle qui permet l’adhésion à la culture policière.
Ce sujet de recherche est abordé d’un point de vue macrosociologique grâce à une méthodologie quantitative basée sur une enquête transversale à mesures répétées. Concrètement, l’analyse consiste en des comparaisons de moyennes d’attitudes face à la légitimité de la police et face à l’emploi de la force à différents stades de la formation policière. Pour ce faire, les données ont été collectées, dans un premier temps, auprès de 1 494 futurs policiers en formation au Québec. Dans un deuxième temps, pour écarter l’hypothèse alternative que l’explication des écarts d’attitudes entre plusieurs groupes d’étudiants à différents stades de formation pourrait en fait provenir d’une maturation généralisée à tous les jeunes en phase d’émergence de l’âge adulte (c’est-à-dire, entre 18 et 25 ans), la thèse incorpore une dimension de comparaison avec des citoyens de la même tranche d’âge en considérant un échantillon de 601 étudiants d’autres programmes de formation.
Conformément aux trois objectifs spécifiques de la thèse, les résultats ont permis d’observer qu’au cours de la formation policière : 1) les attitudes des futurs policiers plus avancés dans la formation sont plus positives et plus distinctes de celles de leurs homologues d’autres programmes de formation que les attitudes des futurs policiers en début de formation, ce qui indique un apport de la formation policière dans le développement de la légitimité de la police chez ceux en voie d’exercer le métier , 2) les attitudes du groupe de futurs policiers plus avancés dans la formation sont plus homogènes que celles de leurs comparses plus novices, ce qui suggère l’adhésion à la culture policière, et 3) les futurs policiers en fin de formation présentent une dissociation dans leurs attitudes face à la légitimité et face à l’emploi de la force relativement à leurs collègues plus novices, dans le sens où leurs attitudes face à la légitimité de la police sont moins fortement prédictives de leurs attitudes face à l’emploi de la force. Ce dernier résultat semble mettre en lumière le développement d’un jugement critique face à la légitimité de la police et son pouvoir d’emploi de la force au cours de la formation policière. La thèse conclut donc que l’utilité de la formation policière en école est loin d’être vaine; elle paraît occasionner des changements d’attitudes subtils et graduels qui peuvent se révéler importants à l’exercice du métier de policiers. / The thesis suggests studying the variations in attitudes toward police legitimacy and the use of force for in-training police students at distinct phases of police initial training at the Police Academy. Several researchers and many police officers attest that the police craft is solely acquired and learnt on the street and, therefore, the training provided at the Police Academy is pointless. Yet, is this really so? Could it be that the training provided by the Police Academy triggers such gradual attitude changes that they go unnoticed, while contributing to preparing the recruits to perform the police line of work? These questions underlie this thesis, specifically in regard to police legitimacy and use of force in the sense that the contribution of the police training would be unveiled if in-training police students more advanced in the study program have more positive attitudes toward police legitimacy and are more favourable to police use of force.
Undeniably, the literature on police legitimacy is extensive. However, authors generally adopt a unidirectional point of view where police legitimacy equates to citizen perceptions of police. Rather, it is advocated here that an interactionist and dialogic approach is better suited to understand police legitimacy. The latter is based on the premise that citizens’ perceptions of police legitimacy ensue from the outlook that patrol officers have on the legitimacy of their institution. In that case, police training is considered a professional socialization process which acts as a police legitimacy transmission channel leading to the conformity to police culture.
The thesis tackles this research topic with a macrosociological approach supported by a quantitative methodology based on a repeated cross-sectional research design. Precisely, the analytical strategy consists of mean comparisons of attitudes toward police legitimacy and use of force scores at different stages of the police training curriculum. As a first step, data were gathered from a sample of 1 494 future police officers in training in Quebec, Canada. Then, in order to rule out the alternative hypothesis that attitude score fluctuations between groups at different stages of the training could result from a maturation phenomenon generalized to all youth in the phase of emerging adulthood (i.e. 18-25 years old), the thesis includes a dimension of comparison with the general population of the same age group by taking into account the attitude scores of a sample of 601 students from other study programs.
In accordance with the three specific objectives of the thesis, results show that, along the police training: 1) attitude scores of in-training police students more advanced in the curriculum are more positive and more divergent from those of the students from other study programs than these attitudes for freshmen, reflecting the impact of training in the development of the perceptions of police legitimacy in those on the path to serve as patrol officers, 2) attitude scores of the group of in-training police students more advanced in the curriculum are more homogenous than those of more novice groups of in-training police students, which suggests the adherence to a specific professional culture, and 3) in-training police students in the senior phase display a greater disconnection between their attitudes toward police legitimacy and attitudes toward police use of force compared to their more junior colleagues, in the sense that their attitudes towards police legitimacy are less strongly predictive of their attitudes toward police use of force. This last result sheds light on the development of critical judgment. All things considered, the thesis concludes that the worth of police initial training is far from vain; it strikes as being responsible for subtle and gradual attitude changes that can prove important to police work.
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L’orientation des stratégies de recherche de traces matérielles par les techniciens en identité judiciaire : entre savoirs occupationnels et pouvoir(s) discrétionnaire(s)Mousseau, Vincent 07 1900 (has links)
Si les développements technologiques dans le domaine de la science forensique améliorent sans contredit les capacités de détection et la précision des appareils et des analyses effectuées, la qualité, l’intégrité, l’efficacité et l’efficience de l’exploitation des traces matérielles à des fins judiciaires et sécuritaires demeurent avant tout tributaires de décisions humaines prises tout au long du processus forensique, de la scène d’incident au tribunal. À ce sujet, bien qu’ils soient désormais reconnus comme des acteurs au premier plan du déploiement des efforts forensiques, les techniciens en identité judiciaire responsables de l’investigation des scènes d’incident n’ont fait l’objet que de très peu d’études empiriques. Pourtant, les quelques études qui sont disponibles mettent en lumière un degré élevé de variabilité dans leurs pratiques et leurs performances en matière de recherche et de collecte de traces matérielles, suggérant ainsi un processus décisionnel sur lequel nous ne savons toujours que très peu de choses. Dès lors, la thèse se propose de mieux comprendre, à travers une lentille théorique inspirée de certains concepts-clés issus de la sociologie de l’expertise et de la sociologie de la police, l’orientation des stratégies de recherche de traces matérielles par les techniciens en identité judiciaire. Plus précisément, elle cherche à approfondir les mécanismes de prise de décision et le système de savoirs occupationnels auquel se réfèrent les techniciens en identité judiciaire pour guider et justifier leurs actions, les processus de construction et d’acquisition de ces savoirs occupationnels ainsi que l’étendue du pouvoir discrétionnaire des techniciens en identité judiciaire et les conditions sous-jacentes à sa reconnaissance. Pour ce faire, la thèse repose sur une enquête de terrain de type ethnographique réalisée auprès de 19 techniciens en scène de crime du Québec entre 2020 et 2022, combinant 18 entretiens semi-directifs (35 heures) et près de 165 heures d’observation participante (au poste et sur de véritables scènes d’incident).
Les résultats de la thèse révèlent, d’une part, que l’orientation de la recherche de traces matérielles par les techniciens en identité judiciaire est dépendante d’un système de savoirs occupationnels tacites largement ambigu, voire contradictoire par endroits, nécessitant l’interprétation des mandats, des normes informelles et des méthodes à privilégier pour prendre ou justifier une décision. D’autre part, ils suggèrent que ces savoirs seraient principalement issus, aux yeux des techniciens en identité judiciaire, de l’expérience pratique (à titre de policier et de technicien en identité judiciaire) et des échanges avec les pairs expérimentés, traduisant un discours soutenant le primat de la socialisation professionnelle informelle sur la formation et l’éducation formalisée. Enfin, les techniciens en identité profiteraient d’un important pouvoir discrétionnaire de facto leur permettant d’exercer plutôt librement leur jugement professionnel et de définir les savoirs qui sont considérés comme légitimes. Mis ensemble, ces constats proposent de comprendre la prise de décisions des techniciens en identité judiciaire en matière de recherche de traces matérielles au prisme de l’interaction entre un pouvoir discrétionnaire dynamique et un système de savoirs occupationnels ambigu et plus ou moins partagé. / While technological developments in the field of forensic science are undoubtedly improving detection capabilities and the accuracy of the equipment and analyses performed, the quality, integrity, effectiveness, and efficiency of the exploitation of material traces for judicial and security purposes remain above all dependent on human decisions made throughout the forensic process, from the crime scene to the courts. In this regard, although they are now recognized as key players in the deployment of forensic resources, crime scene examiners responsible for investigating incident scenes have only been the subject of very few empirical studies. Yet, those that are available highlight a high degree of variability in the practices and performances of crime scene examiners regarding the search for material traces, suggesting a decision-making process about which we still know very little. This thesis therefore aims to gain a better understanding of the orientation of crime scene examiners’ strategies for searching material trace through a theoretical lens inspired by key concepts of the sociology of expertise and the sociology of policing. More specifically, it seeks to investigate the decision-making mechanisms and occupational knowledge system to which crime scene examiners refer, the processes of construction and acquisition of such occupational knowledge, and the extent of crime scene examiners’ discretionary power and the conditions underlying its recognition by other stakeholders. The thesis is based on an ethnographic fieldwork among 19 Quebec crime scene examiners between 2020 and 2022, combining 18 semi-structured interviews (35 hours) and around 165 hours of participant observation (at the office and at actual incident scenes).
The results of the thesis reveal, on the one hand, that the orientation of the search for material traces by crime scene examiners depends on a tacit system of occupational knowledge which is largely ambiguous, even contradictory in places, leaving room for interpretation of mandates, norms, and preferred methods for making or justifying a decision. On the other hand, they suggest that such knowledge is mainly acquired, in the eyes of crime scene examiners, from practical experience (as a police officer and crime scene investigator) and exchanges with experienced peers, reflecting a discourse supporting the primacy of informal professional socialization over formalized training and education. Finally, crime scene examiners would benefit from a significant de facto discretionary power, enabling them to exercise their professional judgment rather freely and to define the knowledge that should be considered legitimate. Taken together, these findings suggest that the decision-making process of crime scene examiners in the search for material traces can be understood through the prism of the interaction between a variable discretionary power and an ambiguous, more or less shared, system of occupational knowledge.
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