Thèse ou mémoire avec insertion d'articles. / En 2009, avec l'adoption de la Vision d'émergence à l'horizon 2035 et du Document de stratégie pour la croissance et l'emploi, le Cameroun s'est lancé, à l'instar de nombreux autres pays africains avant lui, dans le développement de l'option diaspora c'est-à-dire la mise en place d'un ensemble d'orientations stratégiques politiques visant l'utilisation non seulement du capital humain et social, mais également et surtout du capital économique des migrants afin de dynamiser les flux d'investissements, les compétences et le développement dans leurs pays d'origine. Dans le cas du Cameroun, cette ouverture à la diaspora s'opère après des décennies de relations marquées par la méfiance et la conflictualité entre les pouvoirs publics et la diaspora camerounaise. Les chercheurs ont étudié le déploiement et le développement de l'option diaspora en Afrique en général et au Cameroun en particulier avec une emphase sur l'examen des contributions socio-économiques des diasporas au développement de leurs pays d'origine, mais également sur la mise en œuvre et l'évaluation des politiques de capitalisation des ressources de la diaspora. Ces travaux ont accordé peu d'attention aux circonstances de l'émergence de l'option diaspora à l'ordre du jour, notamment dans le cas du Cameroun. Cette thèse comble cette lacune. À cet égard et en s'appuyant sur une analyse qualitative d'entrevues et de documents officiels, cette thèse examine pourquoi et comment l'option diaspora est devenue un objet des politiques publiques au Cameroun. Cette recherche examine l'émergence et l'institutionnalisation de l'option diaspora sous le prisme de l'analyse des politiques publiques et plus spécifiquement à l'aune des approches théoriques (l'approche des courants multiples, l'Advocacy Coalition Framework et les concepts magiques) permettant de comprendre la mise à l'agenda d'une question et le changement de politique. Cette étude met en avant des résultats théoriques qui contribuent au débat sur l'émergence de l'option diaspora dans les pays en développement en général et au Cameroun en particulier. Premièrement, au regard des défis et attentes qu'elle est appelée à adresser d'une part, et des problèmes structurels sous-jacents susceptibles de limiter son efficacité d'autre part, l'option diaspora apparait comme un « concept magique » dans le contexte du Cameroun. Deuxièmement, le couplage du courant des problèmes (crise économique, réduction drastique des sources de financement du pays, retour d'information politique appelant à la diversification des sources de financement du développement), du courant politique (changement des perceptions de la diaspora au sein du gouvernement ; assouplissement des relations entre le gouvernement et la diaspora) et du courant des solutions (adoption de documents politiques et d'un agenda public ciblant la diaspora) a rendu possible l'émergence de l'option diaspora comme préoccupation politique. Troisièmement, les chocs économiques ont eu pour conséquence une redistribution des ressources entre les coalitions opérant au sein du réseau de politique sur la diaspora d'une part, et une modification du système appréciatif de la coalition dominante au sein de ce réseau d'autre part ; transformant de ce fait la perception de la diaspora envisagée dès lors comme une ressource et non plus comme une menace. Quatrièmement, outre l'agentivité de l'entrepreneur de politique ou du courtier en problèmes, les réseaux sont un facteur déterminant dans le développement et la perpétuation des cadres délimitant la définition et de la reconnaissance des problèmes. / In 2009, with the adoption of the Cameroon Vision 2035 and the Growth and Employment Strategy Paper, Cameroon, like many other African countries, embarked on the development of the diapora option, which refers to the implementation of a set of strategic policy orientations aimed at using not only the human and social capital but also, and above all, the economic capital of migrants in order to boost investment flows, skills and, development in their countries of origin (Pellerin & Mullings, 2013, p. 93). In the case of Cameroon, this opening to the diaspora materialized after decades of relations marked by mistrust and conflict between the government and the Cameroonian diaspora. Researchers have studied the use and development of the diaspora option in Africa in general and in Cameroon in particular, with an emphasis on examining the socioeconomic contributions of diasporas to the development of their countries of origin, but also on the implementation and evaluation of diaspora resource capitalization policies. This body of research paid little attention to the circumstances of the emergence of the diaspora option on the agenda, particularly in the case of Cameroon. This thesis fills this gap. This thesis examines why and how the diaspora option has become an object of public policy in Cameroon. This research examines the emergence and institutionalization of the diaspora option through the lens of public policy analysis and more specifically through theoretical approaches that allow understanding agenda setting and policy change. Based on a qualitative analysis of elite interviews and official documents, this study makes theoretical contributions to the debate on the emergence of the diaspora option in developing countries in general and in Cameroon in particular. First, given the challenges and expectations it is called upon to address on the one hand, and the underlying structural problems that may limit its effectiveness on the other, the diaspora option appears to be a "magic concept" in the Cameroonian context. Second, the coupling of the problem stream (economic crisis, drastic reduction in the country's funding sources, political backlash calling for diversification of development funding sources), the politics stream (changing perceptions of the diaspora within the government; softening of government-diaspora relations) and the policy stream (adoption of policy documents and a public agenda targeting the diaspora) made possible the emergence of the diaspora option on the policy agenda. Third, economic shocks have resulted in a redistribution of resources among the coalitions operating within the diaspora policy network on the one hand, and a change in the appreciative system of the dominant coalition within this network on the other hand; thus transforming the perception of the diaspora as a resource and no longer as a threat. Fourth, besides the agency of the policy entrepreneur and/or problem broker, networks are a key factor in the development and perpetuation of frameworks demarcating the boundaries of problem recognition and definition.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/120963 |
Date | 23 October 2023 |
Creators | Ntienjom Mbohou, Léger Félix |
Contributors | Tomkinson, Sule |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xiii, 173 pages), application/pdf |
Coverage | Pays étrangers., Cameroun., 21e siècle. |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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