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Étude internationale : l'effet modérateur d'un trait culturel sur la relation entre les traits psychopathiques et la coopération sociale chez des individus non incarcérés

La psychopathie est caractérisée par diverses manifestations affectives et comportementales qui peuvent se traduire en contexte relationnel par un manque d’empathie à l’égard d’autrui, de la manipulation, ou encore de l’exploitation. À ce jour, les études sur la psychopathie se sont principalement intéressées aux comportements antisociaux, tandis que la capacité éventuelle à adopter des comportements prosociaux a peu été explorée. Pourtant, bien qu’observée chez environ 10% de la population carcérale, la psychopathie se retrouve également chez des individus de la population générale. Dans le but de mieux comprendre ce qui pouvait distinguer les psychopathes adaptés à la vie en société de ceux impliqués dans des activités criminelles, quelques chercheurs ont tenté d’étudier la relation entre l’endossement de traits psychopathiques et la capacité à coopérer chez des individus non incarcérés. Toutefois, les résultats sont inconsistants d’une étude à l’autre. Jusqu’à présent, aucune recherche n’a exploré l’effet modérateur d’une tierce variable, qui pourrait éventuellement expliquer cette divergence dans les données. Or, certains traits culturels, notamment l’individualisme et le collectivisme, sont conceptuellement reliés à la fois aux traits psychopathiques et à la coopération sociale. L’objectif de cette thèse était donc de vérifier la relation entre les traits psychopathiques et l’adoption de comportements coopératifs chez des individus de la population générale, tout en considérant l’effet des traits individualistes ou collectivistes de chacun. Il était attendu: 1) que les traits psychopathiques soient prédicteurs de choix non coopératifs, et 2) que cette relation diffère en fonction des attitudes individualistes ou collectivistes rapportées par les participants. Le recrutement a été effectué sur la scène internationale via les réseaux sociaux, les sites de petites annonces et certains départements universitaires. Un total de 134 personnes a complété l’entièreté de l’étude. Chacun a effectué dans un ordre aléatoire les tests suivants : l’Échelle de Psychopathie de Levenson, les Scenarios for the measurement of collectivism and individualism, ainsi qu’une simulation itérative du dilemme du prisonnier comprenant 12 essais. Une régression hiérarchique a été effectuée, et n’a pas permis de confirmer les hypothèses. Diverses analyses exploratoires ont également été tentées, notamment des régressions logistiques et des analyses de contrastes. Il s’est avéré que les traits psychopathiques n’étaient pas significativement prédicteurs des choix de coopération au dilemme du prisonnier, et que les traits culturels endossés n’avaient pas non plus d’impact significatif sur cette relation. Une discussion approfondie a été menée afin d’expliquer ces résultats et de les replacer dans le contexte de la littérature scientifique actuelle. Notamment, un retour a été effectué sur la conceptualisation des traits psychopathiques et de leurs manifestations dans la population générale, ainsi que sur la recherche en contexte interculturel. Une deuxième expérience a été conduite auprès d’un nouvel échantillon, apportant des corrections aux failles méthodologiques identifiées lors de l’étude internationale. Cette deuxième expérience s’est concentrée sur la relation entre les traits psychopathiques et la coopération sociale, sans tenir compte des traits culturels. Pour améliorer le devis de recherche, seuls des hommes ont été recrutés, la taille d’échantillonnage a été augmentée, et le recrutement n’a pas été conduit sur la scène internationale afin de limiter la variabilité au sein des participants. Également, un questionnaire mesurant la présence d’indices de traits psychopathiques à l’enfance et à l’adolescence a été ajouté. L’objectif de cette deuxième expérience était d’explorer une nouvelle fois la relation entre les traits psychopathiques et l’adoption de comportements coopératifs chez des individus de la population générale. Il était attendu que les traits psychopathiques soient prédicteurs de choix non coopératifs. Plus spécifiquement, l’hypothèse était que plus les individus rapporteraient de traits psychopathiques à l’âge adulte et de traits psychopathiques présents dès l’enfance, moins ils auraient tendance à coopérer. Le recrutement a été effectué via les réseaux sociaux. Un total de 150 hommes a complété l’entièreté de l’étude. Chacun a effectué dans un ordre aléatoire les tests suivants : l’Échelle de Psychopathie de Levenson, l’Échelle des Indicateurs de Psychopathie à l’Enfance et à l’Adolescence (Childhood and Adolescent Taxon Scale-Self Report), ainsi qu’une simulation itérative du dilemme du prisonnier comprenant 12 essais. Des régressions multiples de type standard et hiérarchique ont été effectuées. Les hypothèses étaient partiellement confirmées. Les indices infantiles de psychopathie étaient prédicteurs des décisions effectuées au dilemme du prisonnier, toutefois la relation n’allait pas dans le sens attendu. Statistiquement, les données indiquaient que plus le score sur l’Échelle des Indicateurs de Psychopathie à l’Enfance et à l’Adolescence était élevé, plus les individus coopéraient au dilemme du prisonnier. Des nuances quant à cette interprétation ont été amenées en Discussion. Ensuite, les traits psychopathiques à l’âge adulte, mesurés par les scores obtenus à l’Échelle de Psychopathie de Levenson, ne permettaient pas à eux seuls de prédire les décisions au dilemme du prisonnier. Les traits psychopathiques à l’âge adulte étaient prédicteurs du comportement de coopération uniquement lorsque considérés conjointement avec la mesure des indicateurs de traits psychopathiques à l’enfance. Le pourcentage de variance des comportements coopératifs qui était expliqué par le modèle était faible. Également, la valeur prédictive des traits psychopathiques adultes était entièrement attribuable aux traits relevant du Facteur 1 (interpersonnel et affectif). La relation allait cette fois dans le sens attendu : plus le score était élevé sur l’Échelle de Psychopathie de Levenson, moins les participants coopéraient au dilemme du prisonnier. Ces résultats ont été interprétés lors d’une nouvelle Discussion, qui a permis en lumière les similitudes et les différences entre les deux expériences menées dans le cadre de la thèse. Également, des questionnements entourant la validité du concept de psychopathie dans la population générale ont été étayés. Sur la base de l’entièreté de la thèse, des recommandations pour les recherches futures ont été formulées. / Psychopathy is characterized by various emotional and behavioural manifestations that include a lack of empathy towards others, manipulation and exploitation. To date, studies of psychopathy have focused primarily on antisocial behaviours, while little attention has been paid to the potential for prosocial behaviours. Although generally observed in about 10% of the carceral population, psychopathy is also found in the general population. In order to better understand what might distinguish psychopaths adapted to life in society from those involved in criminal activities, some researchers have attempted to study the relationship between psychopathic traits and the ability to cooperate in non-incarcerated individuals. However, the results are inconsistent from one study to another. To date, no research has explored the moderating effect of a third variable, that could potentially explain this discrepancy in data. For example, some cultural traits, such as individualism versus collectivism, are conceptually linked to both psychopathic traits and social cooperation. The objective of the thesis was to verify the relationship between psychopathic traits and cooperative behaviours among individuals in the general population, while taking into account the effect of participants individualistic or collectivist traits. It was expected that: 1) psychopathic traits would predict uncooperative choices; and 2) this relationship would differ according to the individualistic or collectivist attitudes reported by participants. Recruitment was conducted on the international scene via social networks, classified advertisement sites and some university departments. A total of 134 participants completed the entire study. They completed the following tests in random order: the Levenson Scale of Psychopathy, the Scenarios for the measurement of collectivism and individualism, and an iterative simulation of the prisoner's dilemma involving 12 trials. A hierarchical regression was conducted and did not confirm the hypotheses. Various exploratory analyses were also attempted, including logistic regressions and contrast analyses. Psychopathic traits were not significantly predictive of cooperative choices in the prisoner's dilemma, nor did the cultural traits have a significant impact on this relationship. An in-depth discussion was conducted to explain these results and to place them in the context of the current scientific literature. More specifically, the Discussion focused on the conceptualization of psychopathic traits and their manifestations in the general population, as well as on research in an intercultural context. A second experiment was conducted with a new sample, correcting the methodological flaws identified in the international study. This second experiment focused on the relationship between psychopathic traits and social cooperation, without considering cultural traits. To improve the research design, only males were recruited, the sample size was increased, and recruitment was not conducted internationally in order to limit variability among participants. Also, a questionnaire measuring the presence of clues to psychopathic traits in childhood and adolescence was added. The objective of this second experiment was to further explore the relationship between psychopathic traits and the adoption of cooperative behaviours in individuals from the general population. Psychopathic traits were expected to be predictors of uncooperative choices. More specifically, the hypothesis was that the more individuals report psychopathic traits in adulthood and psychopathic traits present in childhood, the less likely they are to be cooperative. Recruitment was conducted via social networks. A total of 150 men completed the entire study. Each completed the following tests in random order: the Levenson Psychopathy Scale, the Childhood and Adolescent Taxon Scale-Self Report, and an iterative simulation of the prisoner's dilemma involving 12 trials. Standard and hierarchical multiple regressions were performed. The hypotheses were partially confirmed. Childhood psychopathy indices were predictive of decisions made in the prisoner's dilemma, however the direction of the relationship was not as expected. The results indicated that the higher the score on the Childhood and Adolescent Taxon Scale-Self Report, the more cooperative the individuals were to the prisoner's dilemma. Second, psychopathic traits in adulthood, as measured by scores on the Levenson Psychopathy Scale, alone did not predict decisions about the prisoner's dilemma. Adult psychopathic traits were predictive of cooperative behaviour only when considered in conjunction with measures of childhood psychopathic trait indicators. The percentage of variance in cooperative behaviour that was explained by the model was small. Also, the predictive value of adult psychopathic traits was entirely attributable to Factor 1 traits (interpersonal and emotional). This time, the relationship was as expected: the higher the score on Levenson's Psychopathy Scale, the less cooperative participants were to the prisoner's dilemma. These results were interpreted in a new Discussion, which shed light on the similarities and differences between the two experiments carried out in the framework of the thesis. Also, questions surrounding the validity of the concept of psychopathy in the general population were supported. Based on the entire thesis, recommendations for future research were formulated.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25258
Date08 1900
CreatorsFerfache, Daphnée-Sarah
ContributorsEarls, Christopher M.
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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