Cette recherche traite la question de l’infirmité en tant qu’objet historique et d’analyse. Le terrain et l’époque choisis représentent un banc d’essai afin d’analyser la longue sédimentation et le renouvellement de certains mécanismes fondés sur l’infériorisation de l’infirme.La biographie et les parcours sociaux de certains individus provenant de différents milieux sociaux constituent des instruments pour saisir quelques mécanismes parmi ceux qui m’ont conduit à formuler la notion de dette symbolique. Inspirée par la sociologie de P. Bourdieu et par son concept de violence symbolique, cette notion est utile pour saisir la longue histoire des lectures sociales et de l’imaginaire qui infériorisent l’infirme par un mécanisme de renversement des causes et des effets. Ce n’est pas le déficit corporel qui produit cette infériorisation, mais plutôt cette vision infériorisante qui lit le fait corporel en décrétant le statut d’infériorité de l’individu. Cette lecture, cherche et trouve, dans l’objectivité corporelle de l’infirme des appuis qui la justifient.Dans la deuxième partie, nous nous confrontons à certains mécanismes, entre pratiques et discours, qui nous mettent face au renouvellement de ces schémas de pensée et d’action. D’abord, un certain nombre de cas de dispenses pour irrégularités par défaut corporel à laquelle doit se soumettre le prêtre qui, à cause de son infirmité, devient indigne et irrégulier dans l’exercice de son ministère. La construction religieuse de l’infirmité est également analysée à partir de la médecine pastorale, discipline du cursus de formation des prêtres, ainsi que de l’élaboration théologique. Les silences qui entourent les individus rendus infirmes par les accidents à l’intérieur du système industriel, associés à l’opacité et à l’insuffisance du développement des dispositifs qui devraient fournir les premières formes de réparation, constituent, au cours de la période historique retenue, de nouvelles formes qui contribuent à l’infériorisation du statut de l’infirme.La troisième partie porte sur l’analyse de certaines pratiques discursives avec un fort pouvoir pour construire l’opinion publique et un imaginaire sur l’infirmité : les chroniques d’un quotidien et un corpus de plus de cents textes littéraires. Dans les conclusions, se pose à nouveau la question de la construction de l’objet de recherche au sein du champ d’études du handicap, un champ très articulé, très conflictuel et aussi très orienté par l’action et l’engagement. / This research deals with the topic of infirmity as a historical subject matter and for analysis. The age and the field chosen are an opportunity to analyze the sedimentation and renewal of some mechanisms based on the inferiorization of the infirm. The life and social paths of individuals from different social backgrounds are a means of understanding some dynamics, which has led me to formulate the concept of symbolic debt. Inspired by P. Bourdieu’s theory of sociology and his concept of symbolic violence, this idea is a useful tool to help understand the long history of social and imaginary conceptions that inferiorize an invalid through a mechanism of reversal of causes and effects. It is not the physical corporeal deficit which produces this inferiorization, but it is this inferiorizing vision that reads the physical data by decreeing the statute of inferiority of the individual. This social qualification seeks and finds reasons justifying it in the corporeal objectivity of the infirm.In the second part, we are faced with certain mechanisms, between practices and speech, which put us in front of the long history and the renewal of these plans of thought and action. At first, a number of cases of dispensation for irregularities by physical defect. The priest, who has to submit himselft because of his infirmity, becomes unworthy and irregular in the exercise of his ministry. The religious construction of the infirmity is also analyzed from the pastoral medicine, the discipline of the program of training of the priests, as well as from the theological elaboration. The silences which surround the individuals cause incidents within the industrial system, together with the opaqueness and the insufficiency of the development of the devices which should supply the first form of repair, establish, during the chosen historic period, new forms which contribute to the inferiorization of the status of the infirm.The third part is concerned with the analysis of certain discursive practices with a strong power to build public opinion and an image of the infirm: the chronicles of a daily paper and a corpus of more than a hundred literary texts. In conclusion, it raises again the question of the construction of the object of research within the study of disability, a field very articulated, very conflicting and strongly oriented toward action and involvement.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017EHES0177 |
Date | 20 December 2017 |
Creators | Schianchi, Matteo |
Contributors | Paris, EHESS, Bourdelais, Patrice |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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