Return to search

Prévenir le suicide des personnes âgées institutionnalisées / Suicide prevention for the elderly in nursing homes

Le taux de décès par suicide augmente avec l’âge dans la plupart des pays du monde, en particulier pour les hommes. En revanche, la prévalence des tentatives de suicide (TS) et des idées suicidaires parmi les personnes âgées est moindre que dans les autres classes d’âge. Les facteurs associés au décès par suicide dans la population générale sont surtout les troubles psychiatriques, y-compris les troubles de l’usage de substances, et les antécédents de TS. En ce qui concerne les personnes âgées, on peut y ajouter des facteurs spécifiques, comme l’isolement, les maladies et douleurs chroniques, ou la perte d’autonomie. La démence ne semble en revanche pas constituer un facteur de risque. Les mesures de prévention du suicide les mieux établies sont basées sur la restriction de l’accès aux moyens, le traitement des troubles psychiatriques et les systèmes de maintien d’un suivi après TS. La formation de sentinelles (« gatekeepers ») est une mesure réputée efficace mais qui n’a pas été évaluée indépendamment d’autres interventions avec un bon niveau de preuve. Des interventions s’adressant aux personnes âgées vivant dans la communauté ont également été développées mais leur efficacité sur les comportements suicidaires a rarement été évaluée avec un bon niveau de preuve. En France, comme dans la plupart des pays européens, environ 10 % des personnes de plus de 75 ans et le tiers des plus de 90 ans vivent dans des établissements hébergeant des personnes âgées (EHPA). Les études actuelles ne permettent pas de dire si le fait d’être institutionnalisé augmente le risque suicidaire, déjà très élevé dans ces classes d’âge. Les EHPA ou EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) pourraient malgré tout constituer un terrain de choix pour valider des interventions visant à diminuer le risque suicidaire parmi les personnes âgées. Dans ce travail de thèse, nous présentons en premier lieu une revue systématique de la littérature portant sur les interventions visant à diminuer le risque suicidaire en EHPA. Nous n’avons retrouvé dans la littérature que six articles, dont quatre portent sur l’évaluation de la formation de sentinelles parmi le personnel. Aucune étude ne présente l’impact des interventions sur les comportements suicidaires. Nous exposons en deuxième lieu une étude visant à mieux évaluer au cours d’un suivi d’un an, les effets de la formation de sentinelles parmi le personnel de douze EHPAD du département du Rhône par comparaison à douze autres dans lesquels aucune formation particulière sur ce sujet n’avait été menée. Nous montrons que la formation de sentinelles a des impacts très larges, amenant les institutions à développer des stratégies de prévention multimodales et à modifier la prise en charge des résidents suicidaires. Cependant, les résultats sont hétérogènes selon le contexte institutionnel. En dernier lieu, nous proposons une étude qualitative menée auprès de membres du personnel de trois EHPAD visant à analyser les représentations sociales qu’ont ces personnes du suicide des personnes âgées. Nous montrons que ces représentations sont similaires à celles de la population générale et tendent à légitimer et banaliser le suicide des personnes âgées. En conclusion, nous proposons plusieurs pistes de recherche. L’une d’entre elles consisterait à évaluer de manière rétrospective les taux de décès et de TS dans un grand nombre d’EHPA, par exemple sur l’ensemble d’une région, afin que cette évaluation puisse servir de comparaison avec les personnes non-institutionnalisées et surtout de base afin de mesurer l’efficacité d’un programme multimodal de prévention du suicide dans certains EHPAD. Par ailleurs, nous proposons de mieux cerner les facteurs associés aux suicides ou aux TS parmi les résidents d’EHPAD par l’étude exhaustive des données issues du dossier médical et des transmissions infirmières, bien plus riches que pour des personnes non-institutionnalisées / Suicide death rates are increasing with age in most countries worldwide, especially for men. On the contrary, Suicide attempts (SA) and suicidal ideations seem less prevalent in the elderly than in other age groups. Factors associated with death by suicide in the general population are mainly psychiatric disorders, including substance use disorders, and a history of SA. As far as the elderly are concerned, other specific factors play a role, such as loneliness, low social connectedness, physical illness, chronic pain or functional disability. Dementia does not seem to be a factor associated with suicide risk. Evidence based suicide prevention strategies are centred on restricting access to means of suicide, treating psychiatric disorders, and chain of care strategies after SA. Gatekeeper training, though deemed effective, has not been evaluated independently from other strategies and requires further investigations. Interventions targeting the elderly have also been proposed but their effect on suicidal behaviours has not been evaluated with a good level of evidence. In France, as in most European countries, about 10% of elderly aged 75 and over, and a third of those aged 90 and over live in nursing homes. The current scientific literature is still inconclusive on whether living in a nursing home is increasing or decreasing the suicide risk for the elderly, which is already very high. Nursing homes could nonetheless be a setting of choice to study suicide prevention interventions targeting the elderly. In this doctoral thesis, we first propose a systematic review of the scientific literature describing suicide prevention interventions in nursing homes and long-term care facilities. We could include only six studies, four of which evaluate gatekeeper training for the nursing homes staff. We found no study evaluating the impact of interventions on suicidal behaviours. In a second study, we assessed during a one-year follow-up, the impact of gatekeeper training among the staff of twelve nursing homes in the Rhône département compared to twelve others where no specific training on suicidal risk had been organized. We show that gatekeeper training can have broad impacts, leading nursing homes to implement multi-level prevention programmes and improving the way suicidal residents are taken care of. Yet, results are heterogeneous across nursing homes, depending mainly on the institution’s context. In a last study, we used a qualitative study design to assess the social representations that nursing homes employees have on the suicide of elderly people. We show that these social representations are similar to those in the general populations, which are inclined to justify and accept elderly suicide. As a conclusion, we detail some proposals for future research. The first would be to assess retrospectively the number of suicide and SA in a large number of nursing homes, enabling us to compare with elderly suicide and SA rates in the community, and above all to set a baseline for comparing suicide et and SA rates before and after implementing multilevel suicide prevention strategies in some of these nursing homes. The second study could take advantage of the numerous medical and paramedical data collected daily in the nursing homes to better understand factors associated with suicides and SA in the elderly

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LYSE1252
Date20 November 2019
CreatorsChauliac, Nicolas
ContributorsLyon, Duclos, Antoine
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

Page generated in 0.0031 seconds