Cette thèse étudie la trajectoire historique des enquêtes psychologiques produites au Survey Research Center de l’Université du Michigan à l’initiative de George Katona. Aujourd’hui, on ne retient de ces enquêtes que les indicateurs de confiance produits chaque mois par plus de cinquante pays pour analyser la conjoncture. Pourquoi continue-t-on à produire et à utiliser ces enquêtes et ces indicateurs alors qu’un consensus s’est produit en macroéconomie et en microéconomie autour d’un ensemble de modèles qui n’en font pas l’usage ? Pour répondre à cette question, on étudie plusieurs controverses qui se sont produites autour des enquêtes du Michigan entre 1944 et 1960. On montre que l’époque est caractérisée de décisions au sein des gouvernements et du monde des affaires. La thèse montre que si ces débats sont peu connus des économistes aujourd’hui, c’est parce qu’ils se sont poursuivis dans des champs disciplinaires périphériques à l’économie. Ces disciplines sont concernées par des problèmes pratiques dont les économistes théoriciens se sont progressivement détournés. En proposant une analyse des liens entre la théorie économique et sa mise en pratique, cette thèse offre une nouvelle manière d’appréhender l’histoire de la macroéconomie récente et de l’économie comportementale. L’histoire des dynamiques intellectuelles d’après-guerre ne se résume ni à des innovations théoriques, ni à un nouveau rapport entre la théorie et l’empirie. En effet, ces dynamiques reposent aussi sur la redéfinition des frontières entre la science et son art ; entre d’un côté l’économie et de l’autre le marketing et la conjoncture. / This dissertation looks at the historical development of George Kantona's psychological surveys at the Survey Research Center at the University of Michigan. The main legacy of this work has been the widespread adoption of confidence indicators. They are used each month by more than fifty countries and widely implemented by business managers and forecasters. How do we explain the widespread usage of these indicators despite a prevalent consensus in macroeconomics and microeconomics that does not consider them as important tools? In order to answer this question, we study several controversies that occurred around Michigan surveys between 1944 and 1960. It is shown that this era is characterized by many interdisciplinary exchanges guided by the practical needs of decision-makers in governments and private companies. I show that if economists know little about these debates, it is because they were maintained in disciplinary fields on the periphery of economics. These fields are centered on practical problems that theoretical economists progressively abandoned. This thesis offers a new way of understanding the history of recent macroeconomics and behavioral economics by proposing an analysis of the links between economic theory and its application in practice. For instance, the history of post-war intellectual dynamics cannot be reduced to theoretical innovations or to a new relationship between theory and empiricism. Indeed, these dynamics rely also on the transformation of the boundaries between the science and its art; between the economy on the one hand and marketing and forecasting on the other.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA01E025 |
Date | 01 December 2017 |
Creators | Dechaux, Pierrick |
Contributors | Paris 1, Lallement, Jérôme |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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