« Concernant l’expérience esthétique, le philosophe se doit donc de comprendre de quoi il y a expérience » déclare J. Dewey et c’est sur la base de son enquête que nous tenterons dans la première partie de notre recherche, de répondre à cette injonction. Il s’agira d’abord de comprendre les exigences, les difficultés et les enjeux de cette conception de l’expérience esthétique saisie dans sa continuité avec l’expérience ordinaire. On ne peut concevoir l’expérience esthétique comme une entité séparée de l’expérience ordinaire, mais on ne peut non plus en galvauder la spécificité en la diluant dans le flux de nos expériences. Radicale, l’esthétique de Dewey l’est aussi en ce qu’elle invite à ne plus dissocier l’esthétique et l’artistique, la contemplation et la pratique, la réception et la création, mais cherche plutôt à saisir la continuité qui relie ces distinctions abstraites au sein d’une même expérience vivante. C’est à la portée critique de cette reconstruction d’une expérience unifiée que nous consacrerons la deuxième partie de cette recherche. Enfin, radicale, l’esthétique pragmatiste l’est à un troisième titre en ce qu’elle refuse les fictions paresseuses de l’intériorité pour comprendre l’individualité du sujet esthétique qu’il soit créateur ou récepteur. L’expérience esthétique apparaît bien à la fois comme l’expérience la plus individuelle et la plus accomplie, mais son individualité ne présuppose pas l’existence d’un individu pensé comme un atome isolé. Ainsi, ce que Dewey nous invite à repenser et à reconstruire c’est le lien mouvant qui unit l’individu et la société démocratique. / « To esthetic experience, then, the philosopher must go to understand what experience is. » J. Dewey claims and the first part of our research will rest on Dewy's inquiry on experience in an attempt to comply with his injunction. To begin with, we will endeavour to understand what are the requirements, the difficulties and the possible gains of this conception of aesthetic experience, which is described as closely connected to commonplace experience. Aesthetic experience can not be conceived as separate from commonplace experience, but neither should its specificity be lessened by dilution in the general flow of human experience. Dewey's aesthetics is also radical in that he argues against the distinction between the aesthetic and the artistic, between the artist's creativity and the audience's contemplation, between creation and appreciation. To the contrary, he attempts to take hold of what relates the two facets of the artistic process and to merge them into one and the same living experience. The second part of our research will be devoted to uncovering the critical scope of this reconstruction of experience. To proceed further, the radical quality of pragmatist aesthetics can be found in its refusal of the lazy fictions of the inner self and in its attempt to understand the individuality of the aesthetic subject, whether creator or recipient.Aesthetic experience is revealed as the most individual and fulfilled experience; on the other hand its uniqueness in no way requires the existence of an individual conceived of as an isolated atom. Thus, what Dewey suggests is that we reconsider and rebuild the fluctuating link that unites individuals and democratic society.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016AIXM3023 |
Date | 17 June 2016 |
Creators | Floren, Charles |
Contributors | Aix-Marseille, Zask, Joëlle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0021 seconds