Cette thèse porte sur le développement, en France, d’une politique de santé publique en nutrition. Au moyen d’entretiens, d’observations et d’un travail sur archives, cette enquête approche 1) l’élaboration et les usages des instruments de prévention au plus près des acteurs qui les conçoivent et les mettent en œuvre ; 2) les controverses relatives à la réglementation du marketing agroalimentaire ; 3) l’introduction de sciences comportementales (le marketing social, le nudge et les neurosciences sociales) en nutrition. Au croisement de la sociologie de l’action publique, de la sociologie des organisations et de la sociologie de l’expertise, cette thèse montre que la mise en œuvre d’un programme de prévention en santé publique, le Programme National Nutrition Santé (PNNS), ne permet pas d’aboutir à une stabilisation d’une définition, même contestée, du problème de la nutrition. L’élaboration des instruments de prévention fait apparaitre plusieurs tensions, entre la volonté de promouvoir une bonne alimentation sans contester le marché et celle d’individualiser les messages sans stigmatiser les conduites individuelles. La fin des années 2000 est marquée par la publicisation de savoirs présentés comme efficaces pour « changer les comportements » nutritionnels : le marketing social, le nudge et les neurosciences. Mais en dépit des annonces politiques et d’expertises enthousiastes, ces savoirs ne sont pas finalement traduits dans l’action publique. Les savoirs comportementaux intéressent moins pour leur contenu que pour les usages stratégiques variés dont ils font l’objet. Des acteurs hétérogènes (membres d’agences sanitaires, acteurs privés, scientifiques) y ont recours principalement pour contester d’autres formes de savoirs et d’acteurs et se légitimer et non pas pour transformer l’action publique. / This dissertation studies the development of a Public Health policy in nutrition in France. Based on interviews, ethnographic observations and archives, it approaches 1) the elaboration and the uses of instruments close to the actors who conceive and implement them; 2) controversies around food marketing regulation; 3) the emergence and diffusion of behavioral sciences (social marketing, nudge and neurosciences). At the crossroad of public policy analysis, sociology of expertise and organizational studies, I show that the development of a Public Health Program on nutrition called “Programme National Nutrition Santé” (PNNS) does not succeed in stabilizing a definition, even contested, of the problem of nutrition. The analysis of Public Health instruments reflects two main tensions. Public actors try to promote healthy eating without contesting food market and targeting individuals without stigmatizing them. At the end of the 2000s, other actors promoted “new” disciplines to change behavior in nutrition: social marketing, nudge and neuroscience. However, despite a great deal of political discourse and enthusiastic expertise, this knowledge has not been translated into public action. I show that both public and private actors (communication agencies and food industries) and scientists have a strategic use of behavioral knowledge: in order to legitimate a Public Health agency and academic fields or, at the opposite, contest a public policy in nutrition.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018IEPP0038 |
Date | 13 September 2018 |
Creators | Boubal, Camille |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Borraz, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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