La dialectique pluralisme religieux/incertitude religieuse, sur laquelle porte cette thèse, se révèle être un thème majeur dans la pensée de Peter L. Berger, en sociologie des religions et en théologie protestante. Une analyse systématique et détaillée des concepts-clés qui la constituent débouche sur la question des rapports entre sociologie et théologie à laquelle Berger lui-même s’est confronté. Abordée sous l’angle de l’idée du principe protestant, cette question s’est résolue, dès la fin des années 1960, en un certain « mariage » entre son approche de la sociologie de la connaissance et son approche théologique libérale. Les concepts de foi et théologie « inductives », de « voie médiane entre le fondamentalisme et le relativisme », semblent jaillir de cette dialectique et de ce « mariage ».
Si néanmoins cette dialectique se retrace dans la pensée de Berger dès ses premières œuvres, la défense d’une via media théologique appliquée à toutes les religions se révèle être la conséquence de l’abandon (dès 1967), de sa posture théologique néo-orthodoxe. Dans cette posture, la dialectique bergérienne s’appliquait à toutes les religions mais laissait la foi chrétienne intouchée et pensée en termes de certitude.
Or, une analyse critique de sa pensée permet de situer au moins à trois niveaux un certain nombre de problèmes : le niveau de sa conception de la religion manifestant une ambiguïté; le niveau des rapports entre sociologie et théologie révélant un biais libéral et une absence de contenu religieux concret pour le principe protestant; enfin le niveau de sa critique des quêtes contemporaines de certitudes religieuses, critique dont le fondement sur sa dialectique peut être questionné par des exemples de conception différente de la religion et de la certitude religieuse.
Pour ces trois niveaux, l’exemple de la conception de la certitude religieuse par les protestants évangéliques permet au moins une ébauche d’un tel questionnement. Cette conception, surtout dans son idée de l’« assurance du salut», se fonde, dans son approche surnaturelle de la certitude religieuse, sur une adhésion et une confiance fortes quant aux contenus traditionnels de la foi chrétienne. Si les arguments avancés dans cette perspective demeurent discutables, ils semblent assez pertinents puisque la vitalité contemporaine de la religion à l’ère du pluralisme religieux (voir notamment le protestantisme évangélique aux États-Unis) constitue une indication que la validité empirique de la dialectique bergérienne, et la critique qu’elle fonde, sont largement problématiques si l’on tient compte de l’auto-compréhension des groupes religieux eux-mêmes. / The dialectic religious pluralism/religious uncertainty, with which deals this dissertation, reveals itself as a major theme in Peter L. Berger’s thought, in sociology of religion and in protestant theology. A systematic and detailed analysis of the key concepts which constitute that dialectic leads to the question of the relationship between sociology and theology, which has been confronted by Berger himself. It is at the time Berger studied that question from the point of view of the idea of the protestant principle, during the late sixties, that he solved it by a kind of ‘wedding’ between his approach in the sociology of knowledge and his liberal theological approach. Concepts as ‘inductive faith and theology’, ‘middle position between fundamentalism and relativism’, seem to emerge both from that dialectic and from that ‘wedding’.
Nevertheless, while that dialectic can be retraced in Berger’s thought since his earlier works, the defence of a theological via media applied to all religions, appears to be the consequence of his rejection (since 1967), of his earlier theological stance deployed from the neo-orthodox approach. In that stance, the bergerian dialectic was applied to all religions but not to the Christian faith, thought in terms of certainty.
But, a critical analysis of Berger’s thought allows one to identify some problems at least at three levels: the level of his concept of religion which evidentiates an ambiguity ; the level of the relationship between sociology and theology which reveals a liberal bias and a lack of specific religious content for the protestant principle; and finally, the level of his critique of the contemporary religious certainty impulses; a critique whose base on his dialectic can be questioned by some examples of different conceptions of religion and of religious certainty.
About those three levels, the example of the conception of religious certainty by the Evangelical Protestants allows at least a draft of that questioning. It deploys a supernatural conception of the religious certainty, especially by the notion of « assurance of salvation », based on strong adherence and confidence in the traditional contents of the Christian faith. While the arguments of that conception can be subjected to questions, they seem enough relevant since the contemporary vitality of religion at the pluralistic era (cf. Evangelical Protestantism in U.S.A for example) constitutes an indication that the empirical validity of the bergerian dialectic, and of the critique based on it, is largely problematic if one takes into account the self-understanding of the religious groups themselves.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/6050 |
Date | 06 1900 |
Creators | Nizigama, Isaac |
Contributors | Lefebvre, Solange |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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