Cette thèse propose une étude de la notion de religio dans le De ira Dei de Lactance, un auteur chrétien du IVe siècle de notre ère. Lactance est très connu pour son étymologie de religio contenue dans ses Diuinae institutiones, mais son utilisation, dans le De ira Dei, n’a jamais soulevé beaucoup d’intérêt. Il s’agit pourtant d’une notion centrale dans ce traité rédigé après que le christianisme soit devenu une religion tolérée par les Romains. De fait, l’analyse rhétorique du texte montre que celui-ci comporte une propositio qui suggère qu’il ne peut y avoir de religio sans crainte de Dieu. L’idée principale défendue par Lactance est que bonté et colère doivent toutes les deux exister en Dieu et que cela constitue le point essentiel de la piété et de la religion. Or, la notion de religion est rarement liée à la crainte divine dans l’Antiquité et on la rencontre plutôt associée à la superstitio chez certains penseurs romains, notamment chez Varron et Cicéron. La pensée de Lactance s’éloigne non seulement des penseurs de la philosophie de la religion romaine, mais également des auteurs chrétiens qui n’ont pas relié ces notions de façon aussi claire. Cette thèse étudie donc, dans un premier temps, l’emploi par les chrétiens des termes religio et superstitio afin d’en dégager quelques caractéristiques. Dans un deuxième temps, cette étude analyse la première partie du De ira Dei consacrée à la religio, à la Providence et à la crainte de Dieu. On remarque dès lors que les thèmes abordés dans le traité s’apparentent à ceux contenus dans les textes du Pseudo-Clément: le jugement divin qui sert à corriger, la Providence divine, la crainte de Dieu, la discussion sur les atomes et la figure d’Épicure qui est utilisée pour représenter ceux qui s’opposent à ce que Dieu ait créé le monde et qu’il le gouverne. Cette étude révèle donc une grande influence des textes du Pseudo-Clément. On remarque des liens entre la pensée exprimée par Simon et Faustinianus dans les Pseudo-Clémentines et les propos attribués à Épicure dans le De ira Dei. Certains chercheurs ont déjà noté que la pensée d’Épicure, telle que représentée dans le traité de Lactance, ne correspond pas toujours exactement à l’enseignement du philosophe du jardin. Lactance s’attaquerait plutôt à des groupes chrétiens, ou à tout le moins proches du christianisme, qui ne peuvent concilier l’idée d’un Dieu bon et d’un Dieu qui se met en colère. Ces groupes ont tendance à rejeter l’idée de l’action de Dieu dans le monde, la Providence divine et ont une vue très pessimiste de l’homme. L’analyse des arguments montre que les adversaires de cet ouvrage partagent des traits avec Arnobe et un autre auteur qui est réfuté par Augustin dans son Contra aduersarium legis et prophetarum. Tandis que les Pseudo-Clémentines se servent de la figure de Simon pour s’attaquer aux marcionites ou aux disciples d’Apelle, le De ira Dei se sert de la figure d’Épicure pour s’en prendre à des groupes du « Neu-Marcionitismus » comme les nommait A. von Harnack. La discussion sur la religion dans le De ira Dei vise donc à indiquer à ces groupes qu’ils ne peuvent prendre part à la religio s’ils ne conçoivent pas que le Dieu unique, qui a créé le monde et le gouverne, puisse éprouver bonté et colère. / This thesis proposes a study of the concept religio in the De ira Dei of Lactantius, a Christian writer of the fourth century AD. Lactantius is well known for its etymology of religio found in its Diuinae institutiones, but the notion of religio, as found in the De ira Dei, never raised much interest. Yet, it is a central notion in this treatise written after Christianity became a religion tolerated in the Roman Empire. Indeed, the rhetoric analysis of the text shows the following propositio: there can’t be any religion where there is no fear of God. The main idea defended by Lactantius is that kindness and anger must both exist in God and that this is the essential point of piety and religion. But the concept of religion is rarely linked to fear God in Antiquity and fear is rather associated with superstitio in Latin literature, especially in Varro and Cicero. The thought of Lactance is remote not only to Roman thinkers of philosophy of religion, but also Christian authors who have not linked these concepts as clearly. Firstly, this thesis examines the use by Christian of religio and superstitio in order to identify some characteristics. Secondly, this study analyzes the first part of the De ira Dei devoted to the notion of religio, to the fear of God and to Providence. The topics covered in the treaty are similar to those contained in the pseudo-clementine texts: divine judgment used to correct rather than to avenge, Divine Providence, the fear of God, discussion about atoms and the particular use of Epicurus as a the archetype of those who refuse to admit that God created the world and governs it. A strong link can be found between the thought expressed by Simon and Faustinianus in the Pseudo-Clementines and statements attributed to Epicurus in the De ira Dei. Some researchers have noted that the thought of Epicurus, as depicted in the Treaty of Lactantius, not always reflect exactly the thought of the philosopher of the garden. The refutation of Lactantius would be directed at a Christian group, or one close to Christianty, rather than directed at the epicurean philosophy. This particular group could not reconcile the idea of a good God and a God who is angry. These groups tend to reject the idea of God’s action in the world, therefore the Divine Providence, and have a very pessimistic view of man. The analysis of the arguments shows that the opponents of this book share traits with Arnobius and another author who is refuted by Augustine in his Contra aduersarium legis and prophetarum. While the Pseudo-Clementines are using the figure of Simon to tackle Marcionites or the disciples of Apelles, the De ira Dei uses the Epicurus to attack a group of “Neu- Marcionitismus” as A. von Harnack called them. Therefore, the aim of the discussion on religion in the De ira Dei is to inform these groups that they can’t be part of the religio if they do not conceive that there is only one God who created the world, governs it and who can feel kindness as well as anger.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27373 |
Date | 24 April 2018 |
Creators | Aubin, Jeffery |
Contributors | Pasquier, Anne |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (ix, 294 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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