Cette thèse a pour objectif de montrer l’influence des systèmes écoculturels en prenant en compte les effets développementaux sur l’élaboration des constructions conceptuelles, de la catégorisation et des attributions causales dans les questions relatives à l’environnement. Elle s’appuie sur des recherches issues de la psychologie cognitive, de la psychologie interculturelle et de la psychologie environnementale. Notre thèse s’est construite à partir de trois études exploratoires, dirigées par des théories (« theory driven ») : la théorie des dimensions de valeur (Hosftede, 1998) et celle des différents styles de pensée (Nisbett et al. 2001). Les recherches de terrain ont eu lieu auprès d’enfants et d’adolescents en France et au Mexique, deux pays ayant des traditions culturelles différentes (ex. la langue, les pratiques religieuses et de socialisation). Nous postulons que la réalité culturelle locale influence les constructions conceptuelles, la catégorisation et les attributions causales sur le monde qui nous entoure. La première étude de la thèse examine non seulement les constructions conceptuelles portant sur la nature et l’environnement mais aussi leur co-construction. Les résultats de cette étude montrent que la construction conceptuelle de la nature est mieux élaborée que celle de l’environnement, même si aucune d’entre elles deux ne peuvent atteindre le niveau d’un concept mature (Vygostky, 1978). Nous avons identifié deux modèles cognitifs et des différences significatives dans le contenu des ces constructions conceptuelles selon l’appartenance culturelle des sujets. Toutefois, nous observons avec l’âge un affaiblissement de ces différences, probablement du à l’influence de l’éducation de type occidental. La deuxième étude quasi-expérimentale analyse les modes de catégorisation des objets du monde naturel et des objets créés par l’homme ainsi que la place de l’homme dans la nature. Les résultats concernant ces modes de catégorisation révèlent l’utilisation de différents styles de pensée (Nisbett et al. 2001). D’un côté, les sujets français catégoriseraient le monde en utilisant un raisonnement de type analytique s’appuyant sur les caractéristiques taxonomiques et les propriétés biologiques ou fonctionnelles des objets. De l’autre, les sujets mexicains privilégieraient un raisonnement holistique s’appuyant sur les caractéristiques contextuelles et interactionnelles des objets. Cependant, nous observons encore une fois qu’avec l’âge ces différences sont moins significatives. Les résultats concernant la place de l’homme dans la nature ne révèlent pas de différences interculturelles ni développementales. En effet, pour les enfants et les adolescents des deux cultures, l’homme n’appartient pas intrinsèquement à la nature. Ce résultat souligne ainsi la confusion conceptuelle entre le monde des humains et le monde naturel. La troisième étude quasi-expérimentale s’intéresse au contenu et au type d’attributions causales des modifications ou transformations de la nature. Cette étude explore la compréhension par les enfants et les adolescents des causes de deux problèmes environnementaux (déforestation et pollution atmosphérique) et de deux conséquences du changement climatique (fonte des glaces et montée des eaux). Les résultats mettent en lumière que, dans les deux cultures, les causes des problèmes environnementaux sont plus facilement conceptualisées que celles des changements climatiques. Concernant l’attribution causale, des différences interculturelles et développementales ont été observées. L’analyse des données a révélé différents types de causes : internes, externes, relationnelles et des raisonnements écologiques. Cette thèse démontre que le développement de la pensée humaine est influencé par les connaissances modulées par la culture et l’expérience directe fournissant à l’individu des cadres d'interprétation qui lui permettent de s’adapter socialement. / This thesis aims to show the influence of eco-cultural systems by taking into account the effects of development on the evolution of conceptual constructs, categorization and causal attributions. This work involves research from cognitive psychology, cross-cultural psychology and environmental psychology. This thesis is composed of three main exploratory experimental studies, and also involves some theory driven hypotheses based on the theory of value dimensions (Hosftede, 1998) and thinking styles (Nisbett et al. 2001). Field research took place among children and adolescents in France and Mexico, which are two countries with different cultural traditions (eg. language, religious practices and socialization). However, the lifestyles of the cities of Monterrey and Paris are relatively similar, which enables cross-cultural comparison. We postulate that local cultural reality influences conceptual constructs, categorization and causal attributions of the world around us. The first experimental study examines not only conceptual constructions of nature and environment but also their co-construction. The results of this study show that the conceptual construction of nature is better developed than that of the environment, although neither reach the level of mature concept (Vygostky 1978). One reason is that their respective observed conceptualization is therefore interdependent and weakening each other. From a cultural point of view, we have identified two specific cognitive models in each country and observed significant differences in the content of these conceptual constructions. However, these differences decrease with age, probably due to the influence of Western education. The second experimental study analyzes the modes of categorization of the natural and artificial world and the place of man in nature. The results for these modes of categorization reflect the use of different styles of thinking (Nisbett et al. 2001). These are influenced by different values favored by the type of society (Hofstede, 1998). French subjects categorize the world with an analytical type of reasoning based on taxonomic characteristics, and the biological and functional properties of objects. Mexican subjects however prefer a holistic reasoning based on contextual and interactional features of objects. However, once again, we observe that these differences are less pronounced with age. The results concerning the place of man in nature do not reveal intercultural or developmental differences. Indeed, for children and adolescents of both cultures, man does not intrinsically belong to nature. This result underlines the conceptual extreme fragility between the human world and the natural world. The third experimental study focuses on the content and type of causal attributions modifications/transformations of nature. This study explores the understanding of children and adolescents of both the causes of environmental problems (deforestation and air pollution) and the consequences of climate change (melting ice and rising sea levels). The results highlight that in both cultures, the causes of environmental problems are more easily conceptualized than the consequences of climate change. We observed cross-cultural and developmental differences in the nature of these causes. Data analysis of the causes of such modifications/transformations of nature revealed different types of causes: internal, external, relationships and ecological reasoning. This thesis demonstrates the cultural nature of human thought. knowledge modulated by culture and direct experience provides the individual with an interpretive framework that guides their cognitive processes and allows them to adapt socially.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA080022 |
Date | 10 December 2014 |
Creators | Guillen Gutierrez, Elisa chantal |
Contributors | Paris 8, Sander, Emmanuel, Lammel, Annamaria |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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