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Adaptation cognitive chez les adolescents ayant subi la maltraitance

Les répercussions développementales de la maltraitance sont largement documentées dans les écrits scientifiques. Sur le plan cognitif, on constate que certains enfants se montrent hypervigilants par rapport aux signaux associés à un danger potentiel, ce qui peut se traduire par une allocation privilégiée de l'attention envers ces stimuli. Un tel biais attentionnel permet de détecter rapidement une menace afin de s'adapter à un milieu de vie adverse. Il peut en contrepartie accaparer inutilement l'attention en contexte sécuritaire. Or, l'état des connaissances demeure limité en ce qui concerne plus spécifiquement la manifestation de ce phénomène au cours de la période juvénile. La présente thèse cherche donc à vérifier si un biais attentionnel envers les stimuli menaçants subsiste auprès d'adolescents ayant vécu la maltraitance. À cet effet, 79 adolescents âgés de 12 à 17 ans sont recrutés dans la région de Québec pour former un groupe de 39 jeunes victimes de maltraitance et un groupe comparatif de 40 participants contrôles. Ils effectuent une tâche de clignement attentionnel (CA) qui mesure l'identification correcte des caractéristiques de visages cibles (C1 et C2) introduits dans des séquences rapides de visages neutres. En concordance avec l'hypothèse que des stimuli menaçants pertinents à la tâche devraient entraîner un effet facilitateur sur la performance, un premier chapitre empirique montre qu'une C2 fâchée présentée en situation de ressources limitées semble automatiquement rediriger l'attention vers ce stimulus. Cet effet de capture attentionnelle prend alors la forme d'une compétence cognitive chez les deux groupes d'adolescents étudiés. À l'inverse, une expression menaçante non pertinente à traiter - comme lorsque l'identification du genre d'une C1 fâchée est plutôt requise - paraît détourner l'attention des autres caractéristiques du stimulus. Dans ces conditions, une capture des ressources attentionnelles disponibles se traduit en une difficulté cognitive qui nuit au traitement de l'information cible pour l'ensemble des participants. Les résultats indifférenciés entre les groupes soulignent essentiellement l'absence de biais attentionnel propre aux participants exposés à la maltraitance. Un deuxième chapitre empirique propose donc une approche quantitative permettant de tester autrement l'existence du biais attentionnel tout en approfondissant la compréhension des données issues de la tâche de CA. Des paramètres empruntés à la théorie de détection du signal révèlent que les adolescents du groupe maltraitance ont plus souvent tendance à rapporter avoir vu une C2 lorsqu'elle est absente en comparaison avec le groupe contrôle. Une telle propension s'accompagne d'une stratégie décisionnelle à caractère plus libéral que les participants non exposés à la maltraitance, laquelle s'avère effectivement reconnue pour augmenter la susceptibilité aux erreurs de type fausses alarmes ou le nombre de détections fortuites. Les écarts presque significatifs obtenus entre les groupes demeurent néanmoins indépendants de la valence négative des C1 iii préalablement traitées, confirmant ainsi l'absence de biais attentionnel parmi les adolescents ayant subi la maltraitance. En revanche, des corrélations exploratoires avec les échelles de symptômes psychiatriques du Child Behavior Checklist ouvrent sur certains éléments cliniques à considérer en lien avec les résultats obtenus, dont le niveau d'impulsivité/inhibition des participants. Les conclusions de la thèse impliquent une possible résorption du biais attentionnel envers les visages fâchés observé auprès d'enfants victimes de maltraitance. Les retombées de cette découverte sont intégrées aux connaissances relatives à la maturation des mécanismes de régulation cognitive et comportementale lors de la puberté. Une approche évaluative basée sur les processus est encouragée dans la perspective d'élargir les applications cliniques issues de la recherche expérimentale. / The developmental impacts of childhood maltreatment are widely documented in scientific literature. On the cognitive level, some children are found to be hypervigilant in regards to signals associated with a potential danger, which can lead to a privileged allocation of attention toward those stimuli. Such an attentional bias allows a quick threat detection in order to adapt oneself in an adverse environment. It can, in turn, unnecessarily capture attention in a security context. However, the actual state of knowledge remains limited regarding the manifestation of this phenomenon during the juvenile period more specifically. Therefore, the aim of the present thesis is to verify whether an attentional bias towards threatening stimuli persists among adolescents who have experienced maltreatment. 79 adolescents (48 girls) aged 12 to 17 are recruited in the Quebec City region to form a group of 39 youths who have a history of maltreatment and a comparative group of 40 teenage controls. They perform an attentional blink (AB) task which measure the correct identification of characteristics from target faces (T1 and T2) introduced into a rapid serial presentation of neutral faces. In line with the hypothesis that task-relevant threatening stimuli should have a facilitating effect on performance, a first empirical chapter shows that an angry T2, presented in a resource-constrained situation, appears to automatically redirect attention to the stimulus. This attentional capture effect then takes the form of a cognitive competence in the two groups of adolescents. On the other hand, a threatening expression that is not relevant to process - as when identifying the gender of an angry T1 is rather required - seems to divert attention from the other characteristics of this stimulus. Under these circumstances, attentional capture results in a cognitive difficulty that impedes the processing of the targeted information for all participants. The undifferentiated results between groups mainly point out the absence of attentional bias specific to participants exposed to maltreatment. A second empirical chapter thus proposes a quantitative approach allowing to test the existence of an attentional bias differently while deepening comprehension of the AB task data. Parameters based on the Signal Detection Theory reveal that adolescents of the maltreatment group are more likely to report having seen a T2 when it was in fact absent in comparison with the control group. Such a tendency is accompanied by a decision-making strategy of a more liberal nature than participants not exposed to maltreatment, which is effectively known to increase susceptibility to false alarm errors or the number of incidental detections. Nevertheless, these almost significant differences between groups remain independent of the negative valence of previously treated T1, thus confirming the absence of attentional bias among the adolescents who experienced maltreatment. This being, exploratory correlations with the psychiatric symptoms scales of the Child Behavior Checklist open up on some clinical elements to v consider with regard to the results, notably participants' level of impulsivity/inhibition. The thesis conclusions imply a possible extinction of the threat-related attentional bias observed among children with a history of maltreatment. Impacts of this discovery are integrated with knowledge about the maturation of cognitive and behavioral regulatory mechanisms during puberty. A processoriented evaluation approach is encouraged with a view of enhancing clinical benefits from experimental research.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/69030
Date02 February 2024
CreatorsGuay, Karianne
ContributorsVachon, François, Cellard, Caroline
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xiv, 104 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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