À partir de 2007 en France, les museogeeks, des étudiant·e·s, professionnel·le·s de la culture et des technologies de l’information et de la communication, et amateurs de musées débattent des liens entre « numérique » et musées, en ligne puis lors de rencontres régulières. Petit à petit les professionnel·le·s des musées intègrent ces idées et proposent des actions sur les réseaux socionumériques (Facebook, Twitter, etc.) en mettant en avant la participation des publics en ligne. Loin d’être nouvelle, la démarche d’intégrer de plus en plus fortement les publics aux actions muséales s’ancre dans les Nouvelles Muséologies qui se déploient à partir des années 70. Ainsi l’approche adoptée n’est pas seulement d’interroger le renouvellement de ces idéologies par le biais des discours accompagnant les technologies numériques et internet mais en l’articulant avec les enjeux professionnels et institutionnels des professionnel·le·s des musées. La principale question de recherche est la suivante : comment les pratiques professionnelles des musées permettent la participation des publics ? La thèse s’appuie sur trois enquêtes distinctes et une longue période d’observation participante. D’une part, il s’agit de l’analyse de deux types de projets dits participatifs: des concours photographiques sur les réseaux socionumériques et Muséomix, un évènement créé par une partie de ces museogeeks, ayant comme slogan « people make museum » et dont le but est la fabrication de dispositifs numériques pendant 3 jours. D’autre part, les caractéristiques socio-professionnelles des community managers ont été interrogées à partir d’une enquête par questionnaires (n=206) et par entretiens semi-directifs.Il en ressort que ces projets dits participatifs ne renouvellent pas véritablement la place accordée aux publics dans une optique de co-construction des savoirs. Dans un contexte qui met en tension des enjeux institutionnels croissant liés aux stratégies numériques en termes de communication, de médiation culturelle et de visibilité et leur place ambiguë dans les pratiques professionnelles, les discours des professionnel·le·s sur les publics leur permettent d’asseoir leurs actions. Ainsi, la thèse n’entend pas seulement montrer un hiatus entre des discours et ce qui est produit par les professionnel·le·s. Elle appuie l’idée que l’argument de la participation des publics est, d’une part, une des seules modalités d’action légitimes pour ces professionnel·le·s qui ne sont pas reconnu·e·s pour leurs compétences scientifiques mais également l’horizon qui donne du sens à leurs pratiques dans un contexte politico-économique très contraignant. / In 2007 in France were founded the “museogeeks”. These groups of students and professionals in the areas of culture, information technology and communication, as well as museum hobbyists, gathered online to discuss the ties binding the digital area and museums, before pursuing the debates in real life on a regular basis. As these new ideas sank in, museum professionals began to develop actions on social networking websites (Facebook, Twitter…), focusing on involvement of online audiences. An approach tending to involve the audience is far from being new, as we can see with the Nouvelles Muséologies in the 1970’s. Thus, the intention is not only to question the renewal of museum ideologies through digital technologies. It is to link it with professional and institutional issues. The main research topic is then : how do museums’ professional habits allow the audience’s involvement ? The thesis is based on three distinct surveys and a long period of participant observation. For starters, we will deal with the analysis of two types of participatory projects : photo contests on social networking websites, and Muséomix, an event launched by a part of the museogeeks, around the motto “People make museum”, with the intent of creating digital devices on three-day periods. Then, we will examine socio-professional features of the community managers who were interrogated via a questionnaire based-survey (n=206) and semi-structured interviews. The study brings out that these so-called participatory projects do not really revitalise the place allowed to the audience in the process of knowledge co-construction. Under the current circumstances, many institutional issues are at stake. When adapting communications strategy to cultural mediation and acquiring visibility despite the ambiguous space allowed to digital technologies, the official line held by museum professionals about the audiences tend to legitimate their actions. In this way, the thesis does not only intend to reveal a gap between words and actions produced by the professionals. It supports the idea that using the argument of audiences’ involvement is one, if not the only, way to justify the deeds of a professional community which is not recognised for its scientific skills ; it is also a perspective that gives sense to their new habits in a very restrictive socio-economic context.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017AVIG1179 |
Date | 29 June 2017 |
Creators | Couillard, Noémie |
Contributors | Avignon, Université du Québec à Montréal, Eidelman, Jacqueline, Bergeron, Yves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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