Les interventions de Les Levine dans des espaces publicitaires des années 1980 et 1990 sont caractérisées par trois aspects fondamentaux : une ambiguïté dans le sens, un rôle actif accordé aux spectateurs et une dimension politique. De ces trois éléments, le dernier est certainement le moins développé dans la littérature scientifique portant sur le sujet. L'étude propose de pallier ce manque en se fondant sur l'analyse de deux politiques actualisées dans ces campagnes médiatiques. La première est celle d'une domination des intérêts de l'émetteur qui est dirigée vers le récepteur à travers un message, qu'il soit artistique ou publicitaire. La seconde est celle que Jacques Rancière a appelé le « dissensus » ; elle oppose à ce mode transitif de réception un autre mode, esthétique, à partir duquel il est possible en même temps de saisir cette politique qui accorde à chacun un rôle prédéterminé et la possibilité d'une reconfiguration de ce « partage du sensible ». Une promesse d'émancipation distingue la seconde politique de la première : elle tend ultimement vers une « communauté du sentir » marquée par l'égalité des chances et des places de chacun. L'objectif de l'étude est de démontrer que l'ambiguïté et l'appel aux spectateurs dans les campagnes médiatiques de Levine ne convergent pas seulement vers une politique de la domination mais pointent également vers une efficacité politique dissensuelle des œuvres. Il est possible d'entrevoir cette politique à travers l'expérience esthétique de l'indécidabilité des affiches de Levine. En procédant au mélange entre art et publicité, entre le mode esthético-rhétorique et la suspension esthétique, entre la critique d'une politique de domination en place et la participation de cette politique dans l'œuvre, elles se jouent de leur indécidabilité et rétablissent par le fait même l'indétermination nécessaire à leur expérience esthétique. C'est par l'expérience esthétique de cette indécidabilité qu'il est possible d'atteindre, même à l'ère consensuelle contemporaine où le dissensus ne semble plus possible, cette seconde politique par laquelle se dessine une « transformation métapolitique du sensible ». L'étude comprend quatre chapitres. Le premier propose une définition basique de l'expérience esthétique politique et des enjeux théoriques et philosophiques engendrés par un tel phénomène. Le second cerne le cadre théorique proposé par Rancière. Le troisième applique le cadre aux campagnes médiatiques dans ce qu'elles ont de communes : le partage publicitaire du sensible, les trois aspects menant à leur indécidabilité et les limites d'une telle analyse. Enfin, deux études de cas, We Are Not Afraid (1982) et Blame God (1985), permettent d'illustrer concrètement comment l'efficacité politique dissensuelle des œuvres de Levine peut être envisagée à travers l'expérience esthétique de l'indécidable.
______________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Les Levine, art politique, billboard art, art public, art et publicité, expérience esthétique, esthétique, indécidabilité.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4348 |
Date | 10 1900 |
Creators | Jodoin, Benoît |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4348/ |
Page generated in 0.0012 seconds