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De l'intime au collectif : pratiques féministes de déconstruction dans Journal intime de Nicole Brossard

Ce projet de maîtrise portera sur le Journal intime (1984) de Nicole Brossard, une œuvre singulière et peu connue de cette autrice majeure de la littérature féministe québécoise. Dans Journal intime, deux mécanismes animent le texte : la construction d'un sujet féminin écrivant et l'édification d'une communauté d'écrivaines sororales autour de la diariste. En brossant un portrait historique et esthétique de « l'écriture au féminin » (Boisclair, 1984 ; Lamy, 1984 ; Smart, 1988), j'examinerai la façon dont Journal intime s'inscrit dans l'œuvre de Brossard et, plus largement, dans le paysage littéraire et féministe québécois. En m'appuyant sur des notions de la poétique des genres (Auger, 2017 ; Hébert, 1983) et sur l'histoire des pratiques du journal intime au féminin (Didier, 1976 ; Roey- Roux, 1983), j'étudierai la façon dont Brossard utilise ou détourne les codes génériques et les pratiques conventionnelles du genre diaristique pour se construire une identité de sujet féminin écrivant, afin de transmettre son expérience sensible du monde. Je m'intéresserai également, à partir des notions de liminarité (Biron, 2000) et de sororité (Delaume, 2019 ; Ledoux-Beaugrand, 2013) à la manière dont se constitue dans le Journal intime une communauté de créatrices, basée sur la solidarité littéraire, artistique et politique.
Dans une visée féministe, Brossard inscrit sa pratique d'écriture dans ce que Lori Saint- Martin appelle le « métaféminisme », mouvement des années 1980 au Québec, particulièrement en littérature, qui se propose de « réécrire les métarécits patriarcaux » (Saint-Martin, 1992). J'avance l'hypothèse qu'en construisant une communauté de femmes et une filiation intellectuelle horizontale (Biron, 2000) plutôt que verticale, Brossard participe à la réécriture des métarécits patriarcaux de la société québécoise en y inscrivant un récit collectif féminin, voire féministe, à la fois individuel et collectif, ancré dans cette communauté intellectuelle féminine. Il s'agira de montrer comment, dans le journal de Brossard, l'individuel peut s'allier à la communauté, comment l'intime peut servir de tremplin vers le collectif et le social, afin de comprendre ce que cette ouverture implique pour le « féminin » et les « femmes » dans la société québécoise. / This master's thesis will focus on Nicole Brossard's Journal Intime (1984), a singular and little-known work by this major author of Quebec feminist literature. In Journal Intime, two mechanisms animate the text: the construction of a female subject and the building of a community of sororal writers around the diarist. By painting a historical and aesthetic portrait of “feminine writing” (Boisclair, 1984; Lamy, 1984; Smart, 1988), I will examine how Journal Intime fits into the work of Brossard and, more broadly, into the literary and feminist landscape of Quebec. Based on notions of genre poetics (Auger, 2017; Hébert, 1983) and on the history of feminine diary practices (Didier, 1976; Roey-Roux, 1983), I will study the way Brossard uses or diverts the generic codes and conventional practices of the diaristic genre to build an identity as a female subject writing, in order to transmit her sensitive experience of the world. I will also be interested, based on the notions of liminarity (Biron, 2000) and sisterhood (Delaume, 2019; Ledoux-Beaugrand, 2013), in the way in which a community of creators is constituted in the Journal Intime, based on literary, artistic and political solidarity.
In a feminist perspective, Brossard inscribes her writing practice in what Lori Saint- Martin calls “metafeminism”, a movement of the 1980s in Quebec, particularly in literature, which proposes to “rewrite patriarchal meta-narratives” (Saint-Martin, 1992). I put forward the hypothesis that by building a community of women and a horizontal (Biron, 2000) rather than vertical intellectual filiation, Brossard participates in the rewriting of the patriarchal meta-narratives of Quebec society by inscribing a collective feminine, even a feminist narrative, both individual and collective, rooted in this female intellectual community. The aim will be to show how, in Brossard's Journal intime, how the individual can unite with the community, how the intimate can serve as a springboard towards the collective and the social, in order to understand what this openness implies for the “feminine” and “women” in Quebec society.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32681
Date05 1900
CreatorsGascon, Audrey-Ann
ContributorsLapointe, Martine-Emmanuelle
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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