Au Québec, le phénomène du décrochage scolaire représente un problème social important. Selon les plus récentes données, encore 20 % des élèves n'obtiendront pas de diplôme d'études secondaires. Ce sont les garçons qui sont les plus touchés par cette problématique puisqu'ils affichent des taux de décrochage plus élevés que ceux des filles. Le décrochage scolaire n'est pas le résultat d'une décision spontanée mais plutôt l'aboutissement d'un long processus d'interactions entre l'adolescent et son environnement à l'intérieur duquel de multiples facteurs interagissent. Cette étude s'inscrit précisément dans le cadre de l'école et cherche à examiner le lien entre le style de communication interpersonnelle de l'enseignant, la relation bienveillante, la motivation du jeune et l'intensité du risque de décrochage scolaire de l'élève. Parmi les caractéristiques associées au système scolaire, des chercheurs ont souligné l'influence de la relation maître/élève dans le processus de décrochage scolaire. Kotering et Braziel (1998) rapportent que les décrocheurs ont observé des attitudes négatives de la part des enseignants à leur endroit. Par ailleurs, d'autres chercheurs ont fait la preuve que la motivation agit dans le cheminement et l'histoire scolaire de l'élève. Or, certains d'entre eux ont examiné la motivation sous l'angle de l'engagement. De plus, un lien entre l'engagement et la réussite scolaire de l'élève a été démontré. Les élèves engagés réussissent mieux à l'école et inversement, lorsqu'ils sont désengagés, ceux-ci sont plus à risque de quitter leurs études sans avoir obtenu de diplôme d'études secondaires. Wubbels, Créton, Levy et Hooymayers (1993) définissent le style de communication interpersonnelle de l'enseignant comme étant la manifestation de comportements interpersonnels devant la classe en général, faisant ainsi référence à une façon de faire de l'enseignant. De son côté, Noddings (1992) souligne que des styles d'interactions démocratiques sont omniprésents dans la relation bienveillante entre l'enseignant et l'élève. Des interactions empreintes de chaleur et de bienveillance doivent donc être prises en compte puisqu'elles aussi ont des effets positifs sur la réussite scolaire des élèves. En complément aux travaux de Wubbels et al. (1993) sur la relation maître/élève, Noddings (1992) apporte une contribution nouvelle dans le sens où la relation entre l'élève et l'enseignant s'effectue dans une perspective plus personnelle puisqu'elle s'explique dans le contexte d'une relation entre deux individus. Cette étude de type corrélationnel s'est réalisée auprès de 850 adolescents(es) de troisième secondaire inscrits(es) dans un cheminement scolaire régulier. Les éléments de recherche sont examinés par le biais de la perception de l'élève quant au style de communication interpersonnelle de l'enseignant, la bienveillante entre l'enseignant et l'élève et l'engagement. La cueillette de données s'est effectuée au moyen de cinq questionnaires tels Décisions qui permet d'indiquer l'intensité du risque de décrochage scolaire, la version française du Questionnaire on Teacher Interaction QTI qui permet d'identifier le style de communication interpersonnelle de l'enseignant, la version française du questionnaire intitulé Perceived Teacher Caring Scale) qui mesure la relation de bienveillante, et enfin, la version française du Student Engagement qui indique le niveau et le type d'engagement de l'élève. Les résultats de cette recherche ont démontré l'impact et la portée des relations entre les élèves et les enseignants, notamment auprès des élèves qui manifestent un risque de quitter les études avant l'obtention du DES. Les résultats suggèrent que la perception de la relation maître-élève est différente selon l'intensité du risque de décrocher. Les élèves dont l'intensité du risque de décrochage scolaire est élevée perçoivent une relation maître-élève plus négative que leurs pairs dont l'intensité du risque de décrocher est faible ou modérée. De plus, les élèves qui perçoivent leur enseignant bienveillant ont plus de deux fois moins de chances de passer à une catégorie de risque de décrochage scolaire supérieure alors que ceux qui perçoivent leur enseignant punitif, ont au-delà d'une fois plus de chances de passer à une catégorie de risque de décrochage scolaire supérieure. Enfin, les résultats montrent que l'engagement de l'élève joue un rôle médiateur dans la relation entre la relation maître-élève et l'intensité du risque de décrochage scolaire. En plus de proposer un nouveau modèle de relations entre les enseignants et les élèves, cette recherche permettra de les conduire vers des pistes d'intervention à privilégier, notamment auprès des élèves qui présentent un risque de décrochage scolaire, cela dans le but de réduire le plus possible le taux de décrochage qui est une réalité de plus en plus préoccupante. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Risque du décrochage scolaire, Relation maître-élève, Relation bienveillante.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1245 |
Date | January 2007 |
Creators | Doré-Côté, Annie |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/1245/ |
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