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La soutenabilité des économies insulaires coloniales et postcoloniales : le cas de l’île de La Réunion / The sustainability of colonial and postcolonial island economies : the case of Reunion Island

Petits, isolés, vulnérables, les territoires insulaires apparaissent comme les symboles des interrogations sur la soutenabilité des systèmes économiques. Cette coïncidence n’a rien de fortuite. Les expériences insulaires et coloniales occupent une place centrale dans la formation de l’économie politique, qui s’intéresse initialement tant à l’accroissement des richesses qu’à la pérennité de cette dynamique, notamment en raison des contraintes écologiques. Réciproquement, l’économie politique nourrit la formation d’un nouvel art de gouverner qui influence en profondeur les trajectoires insulaires et produit des rapports de pouvoir, qui persistent encore. Notamment à travers la notion de développement (durable) qui naturalise une lecture utilitariste de la soutenabilité. En rapprochant le paradigme de la complexité, l’économie écologique et les approches poststructuralistes, cette thèse propose d’explorer la construction de ce concept puis de le repenser dans un cadre institutionnaliste qui intègre pleinement les facteurs écologiques, symboliques et sociaux et la pluralité des formes d’organisation des économies. Elle étudie ensuite la construction et les ressorts de l’économie de plantation, à La Réunion et dans les Caraïbes, en interrogeant le paradoxe de l’ « insoutenabilité durable » : comment une économie fondée sur la destruction et incapable de satisfaire les finalités assignées en raison de ses contradictions, peut-elle se maintenir dans la longue durée ? Une troisième partie questionne la soutenabilité du projet départemental : décréter le développement, métamorphoser une colonie ruinée en une économie moderne, équilibrée, tirée par une croissance auto-entretenue. / Small, isolated and vulnerable, islands have become symbols in current debates on the sustainability of economic systems. This is no coincidence. For colonial and insular experiences have played a key role in the emergence of political economy, which, initially focused on the creation of wealth as much as on its durability. Conversely, political economy nurtured the development of a new “art of government” which has deeply influenced islands trajectories and engendered new relations of power that persist today. In particular through the concept of (sustainable) development that naturalizes a contingent, utilitarian, view of sustainability. By bringing together the paradigm of complexity, ecological economics and poststructuralist works, this thesis aims to deconstruct this concept and reframe it through an institutionalist and interdisciplinary approach that fully integrates ecological, symbolic and social factors as well as the multiplicity of economies. It then studies the formation and evolution of plantation economies, both in Reunion Island and the Caribbean, to question the paradox of “durable unsustainability”: why and how can an economy grounded on destruction and unable to satisfy the ends it was designed for, maintain itself on the long term? A third part queries the sustainability of the “departementalisation” project, i.e. decreeing development: turning a ruined colony in a modern economy, able to reach European standards through self-sustained growth. It thus emphasizes the retroactions that wiped this utopia out to give birth to an original, yet fragile, model of resilient dependence.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2014IEPP0021
Date27 June 2014
CreatorsHolstein, Philippe
ContributorsParis, Institut d'études politiques, Fitoussi, Jean-Paul
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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