Sans corps, pas d'histoires. Vecteur d'action, instrument de la narration, et support d'un lien d'identification fort entre le spectateur et le personnage, le corps est la principale figure des médiums cinématographique et télévisuel. Si le cinéma a toujours, depuis ses balbutiements, glorifié la vivacité inépuisable des corps, parallèlement déjà, planait la face inversée de cette exposition, la menace muette de la mort. Mais si le dernier souffle avant la mort est bien souvent encore, au cinéma et à la télévision, synonyme d'ultime communion avec la vie et de résistance à la mort, qu'en est-il du corps et du personnage quand la mort s'en est saisi à jamais et qu'il ne reste plus aux vivants, personnages et spectateurs, qu'à se confronter au cadavre ? Figure parasitaire, le cadavre n'est ni un personnage ni même un figurant. A la fois signe vide et noyau narratif, c'est à partir de lui et de son examen pendant l'autopsie ou sur les lieux du crime que va se nourrir et se développer l'intrigue policière. Et s'il peut paraître secondaire, voire accessoire, à regarder les fictions policières sous l'angle de son non-regard fixe et opaque, il donne à voir quelque chose du crime, de son caractère profondément injuste, et des rapports qu'entretiennent les vivants avec une mort qui se présente sur la table d'autopsie, sous ses traits les plus abjects. L'enjeu de cette thèse sera d'envisager la façon dont les fictions policières mettent en scène le cadavre comme le reflet, d'une troublante précision, d'un défaut contemporain de distanciation face à la mort. Il s'agira bien pour nous, et selon un principe analogue à celui qu'applique le philosophe Maxime Coulombe dans son essai sur les zombies, de considérer le cadavre fictionnel comme « analyseur de la société contemporaine » et comme « symptôme de ce qui taraude la conscience de notre époque » / Without bodies, no stories. A vehicle of action, a narrative agent, and the support of a strong identification link between the audience and the character, the body is the main figure of cinematographic and television mediums.If cinema has always, from its early stages, glorified the endless liveliness of bodies, the reverse side of this exposure has simultaneously been lingering: the mute threat of death. However, in films or in television series, if the last breath before death is often synonymous with a ultimate communion with life and with a resistance to death, what happens to the body and the character when death has seized them for ever, and the living – characters and audience – are only left facing the corpse? As a parasite figure, the corpse is neither a character nor even an extra. Both an empty sign and a narrative core, the crime plot will indeed develop from the corpse and its examination, during the autopsy or on the crime scene. And whereas the corpse may seem secondary, even minor, if we look at crime fictions from the angle of its fixed and opaque non-look, it still allows us to see something of the crime and of its deeply unfair nature, and of the relations between the living and a death that appears in its most abject features on the autopsy table. In this study, we will examine how crime fictions stage corpses as disturbingly precise reflects of a contemporary lack of perspective in front of death. Similarly to the philosopher Maxime Coulombe in his essay on zombies, we will consider the fictional corpse as an "analyser of contemporary society" and as a "symptom of what is tormenting the consciousness of our time"
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014POIT5001 |
Date | 14 March 2014 |
Creators | Desmet, Maud |
Contributors | Poitiers, Mellier, Denis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image, StillImage |
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