Les fictions de Simone de Beauvoir constituent le centre de gravité d’une œuvre protéiforme. Encore largement méconnue et nettement dévaluée par rapport aux essais et aux Mémoires, l’œuvre romanesque de l’écrivaine se situe aux limites indécises du littéraire, du philosophique, de l’historique et de l’autobiographique. Son projet littéraire s’enracine dans l’existence, c’est pourquoi nous avons choisi d’étudier la genèse de l’œuvre romanesque et le processus d’invention de soi depuis les années de jeunesse jusqu’à la naissance de l’écrivaine et la reconnaissance publique de ce statut en 1943. Le projet d’écrire un « roman métaphysique », qui détermine des modalités d’écriture spécifiques, a été influencé et soutenu par une conception existentialiste de l’homme et du monde que Beauvoir est une des premières à définir dans l’après-guerre. Ce projet de nature éthique, qui porte l’idée d’une littérature « engagée », n’est pas seulement collectif dans les enjeux et les principes qui le sous-tendent, mais aussi singulier : derrière la permanence d’un éthos d’écrivain, on trouve chez Simone de Beauvoir un constant réajustement du roman à l’Histoire et à son expérience propre, ce qui explique les nécessaires mutations du roman et de l’écriture de L’Invitée à La Femme rompue. Par l’exploration d’un imaginaire et d’une écriture singulière, nous pensons redonner à Simone de Beauvoir la place qui lui revient dans l’histoire du roman français au XXe siècle, entre Gide, dont elle est l’héritière, et les représentants du Nouveau Roman. / Simone de Beauvoir’s fictions are the center of gravity of a multifaceted body of work. Still relatively unknown and largely underestimated in comparison with her essays and memoirs, her fictional work is situated at the indistinct limits of the literary, the philosophical, the historical and the autobiographical. Beauvoir’s literary project has its roots in existence, which explains why I have chosen to study the genesis of her fictional work and the process of the invention of self from her youth up to her birth as a writer and the public recognition of this status in 1943. Her idea of writing a “metaphysical novel”, one that fixes specific writing requirements, was influenced and buttressed by an existentialist conception of the human being and the world that Beauvoir, one of the first, defined postwar. This basically ethical project, which assumes the idea of a literature of engagement, is not just collective in its stakes and the principles it underpins but is also singular : behind the permanence of a writer’s ethos, there is in Simone de Beauvoir a constant readjustment of the novel to History and to her own experience, elucidating the novel’s and her writing’s necessary mutations from She Came To Stay to The Woman Destroyed. Through the exploration of the imaginary and of a singular style, I wish to give Simone de Beauvoir her rightful place in the history of the 20th century French novel, between Gide, her predecessor, and the representatives of the “Nouveau roman”.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA040169 |
Date | 21 November 2013 |
Creators | Nicolas, Delphine |
Contributors | Paris 4, Murat, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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