Ce travail de thèse questionne la place que les dispositifs numériques d'information et de communication occupent dans la reconfiguration de l'espace public (Habermas, 1991) contemporaine post-soviétique. Il étudie également l'émergence, l'inscription sociale et l'usage politique des espaces participatifs du web - tels que les blogs, les forums ou les réseaux sociaux, au sein de cette société. Aussi, nous explorons le processus de la médiation, tel qu'il s'exerce à l'extérieur de la médiatisation classique dans la sphère publique nationale post-soviétique. Après avoir appliqué les différentes méthodes d'analyse des réseaux (cartographie, entretiens semi-directifs, observation participative), nous pouvons constater qu'actuellement en Russie contemporaine nous observons l'éclatement de l'espace public unique et le retour au modèle de double espace public: officiel « dominant », constitué en grande partie des médias audio-visuels, la presse écrite nationale et des partis politiques institutionnalisés et l'espace « parallèle » constitué des « nouveaux » médias numériques (Kiriya, 2012). Ces tendances nous montrent la persistance des formes et des configurations de l'espace public dans la société malgré les changements économiques et sociaux. Dans le contexte post-soviétique, les « nouveaux » médias numérisés soutiennent à la fracture sociale et politique dans la société et épargnent l'espace public officiel des discours et des débats oppositionnels. En même temps, ces dispositifs contribuent à l'apparition des nouveaux acteurs des débats et de la production de l'information, et au maintien de la diversité des opinions. De ca fait, les dispositifs numériques de communication peuvent être insérés dans les espaces sociaux différents et d'accompagner les pratiques de libération et de domination en même temps. Notre travail montre que le déploiement des réseaux socionumériques et des médias numériques post-soviétiques participe aux évolutions plus générales de la société post-soviétique. Ils stabilisent et rendent visible la configuration des acteurs des espaces sociaux préexistants. L'étude de l'ancrage politique des réseaux socionumériques et des médias dans l'espace public officiel nous conduit à adopter une vision critique de la théorie « positiviste » des réseaux socionumériques en tant qu'outils de délibération et de débats argumentatifs. Ainsi, l'espace numérique post-soviétique est devenu une prolongation de l'espace public officiel de domination tout en assurant l'appropriation des discours étatiques propagandistes et leur pénétration dans l'espace privé. Ce travail montre que l'ancrage social (Miège, 2007) et politique de ces outils dans la société Russe est plutôt conservatif et ne contribue à la libération et démocratisation de la société. Bien au contraire – ces outils sont utilisés pour reproduire l'ordre politique dominant, diviser l'espace public etc. Les débats et les mobilisations sur le net ont faiblement contribué à l'émancipation et aux changements sociaux. Insérés dans les champs sociaux nationaux existants, ces médias numériques ont incité à la délibération et la maîtrise de la violence. En même temps, ils pouvaient être mobilisés par les acteurs dominants afin d'asseoir leur domination et leur violence. Dans le contexte post-soviétique, les technologies numériques ont contribué au déclin de la mobilisation politique d'opposition, renforçant l'isolement des acteurs politiques, exclus de l'espace public, et un contrôle social profitable aux autorités russes actuelles. L'expression « spontanée » de mouvements sociaux s'effectue selon les formes protestataires historiquement préexistantes (Bertrand Cabedoche, 2010) et notre étude du cas post-soviétique le confirme pleinement. / This PhD work questions the place of digital information and communication devices involved in the reconfiguration of the contemporary post-Soviet public sphere (Habermas, 1991). It also examines the emergence, social inclusion and the political use of web participatory spaces - such as blogs, forums and social networks, in this society. Also, we explore the process of mediation, as is carried outside the traditional media in the post-Soviet national public sphere. After applying the different analysis methods of networks (mapping, interviews, participant observation), we can conclude that in contemporary Russia we observe the return to dual model public space: Official "dominant" (consists largely of audio-visual media, papers; magazines, radio stations) and "parallel" (consists of the oppositional political parties, "new" digital media) (Kiriya, 2012). These trends confirm the persistence of forms and configurations of public space in society despite the social and economic changes. In the post-Soviet context, the "new" digital media support the social and political cleavage in. At the same time, these devices contribute to the appearance of new actors of debates and production of information, and the maintenance of the diversity of opinions. Thereby, digital communication devices can be inserted in different social spaces, accompany the liberation and domination practices at the same time. Our work shows that the deployment of digital networks and digital media accompanies the development of the post-Soviet society. They stabilize and make visible the configuration of preexisting actors in different social spaces. This study of political use of digital networks and media in the official public space lead us to adopt a critical view of the "positivist" perception of digital networks as tools of deliberation and argumentative discussions. Thus, the post-Soviet digital space has become a digital extension of the formal domination of public space while ensuring the appropriation of state propaganda speeches and their penetration into the private area. This work shows that the social use (Miège, 2007) and policy of these tools in Russian society is quite conservative and does not contribute to the liberation and democratization of society. Quite the contrary, these devices are used to reproduce the dominant political divide public space and so on. The debates and mobilizations on the Internet have slightly contributed to the emancipation and social change. Inserted into existing national social fields, these digital media has led to the deliberation and control of violence. At the same time, they could be mobilized by the dominant players in order to establish their domination and violence. In the post-Soviet context, digital technologies have contributed to the decline of the political opposition mobilization, reinforcing the isolation of political actors, excluded from the public space, and profitable social control for current Russian authorities. The "spontaneous" social movement is performed according to the historically pre-existing forms protesters (Cabedoche Bertrand, 2010) and our study of post-Soviet case fully confirms it.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015GREAL023 |
Date | 06 November 2015 |
Creators | Kondratov, Alexander |
Contributors | Grenoble Alpes, Cabedoche, Bertrand |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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