Cette thèse porte sur une comparaison des pratiques envers la propriété des graffeur.ses, street-artistes, militant.e.s anticapitalistes et antipubs. Partant d’une analyse de la littérature criminologique concernant le vandalisme, cette thèse interroge les figures du « vandale » ou du « casseur » en tant que constructions sociales. Dans la continuité des travaux interactionnistes en sociologie de la déviance et en criminologie post-marxiste, nous interrogeons les dégradations volontaires d’objets matériels à partir des trajectoires et expériences d’acteurs déviants, tout en replaçant ceux-ci dans l’imbrication des rapports sociaux de classe, de sexe et d’âge. L’enquête de terrain procède par ethnographie multi-située, rassemblant seize récits de vie combinés à des observations participantes. Les résultats montrent la formation et l’évolution de « sujets propriétaires » par effets de socialisation aux interactions entre individus, corps et objets matériels dans diverses sphères (familiale, scolaire, professionnelles, sous-culturelles, militantes). La propriété et la possession apparaissent comme des enjeux centraux des rapports sociaux et de la socialisation. Leur naturalisation au sein des rapports de pouvoir participe tant de la réaction sociale au vandalisme que des rapports aux objets et espaces des peintres ou militant.e.s interrogé.e.s. Malgré l’hétérogénéité de leurs positions structurelles ou de leurs trajectoires d’engagement, nous trouvons dans leurs rapports aux objets dégradés, aux pratiques de soin, aux techniques ou encore au contrôle social, une internormativité faisant dominer les normes de propriété formelle sur les normes de possession. Cette thèse explore les rapports de pouvoir contemporains traversant les atteintes à la propriété et apporte une contribution à la sociologie de la déviance, des rapports sociaux et des cultures dominées. / This study aims at comparing practices in relation to property among graffiti writers, street artists, anticapitalist and antiproductivist activists. Stemming from an analysis of the criminological literature on vandalism, this thesis explores the notions of “vandals” and “casseur” as social constructs. In line with the interactionnist works in the sociology of deviance and in post-marxist criminology, we question the willful damaging of property based on the trajectories and experiences of deviant actors, while integrating social class, gender and age dynamics in the framework. The fieldwork consisted in a multi-sited ethnography, gathering sixteen life histories combined with participant observations. Results show the formation and evolution of “owning subjects” through socialisation processes, shaping relations between individuals, bodies and material objects in many instances (family, school, work, subcultures, activism). Property and ownership appear as central stakes in social relations and socialisation. Their naturalisation in power relations affects social reactions to vandalism as well as the relations to material objects shown by the participants. Despite heterogeneous positions in the social structure and different trajectories in relation to deviance, we find in their relation to damaged objects, in their caring practices, in their techniques or in their relationship to social control, an internormativity ensuring the dominance of formal norms over informal ownership. This study explores power relations in contemporary France and in property crimes, and contributes to the sociology of deviance, sociology of social structure and critical criminology.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LIL1A015 |
Date | 25 October 2019 |
Creators | Brasdefer, François |
Contributors | Lille 1, Duprez, Dominique, Chantraine, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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