Des études précédentes démontrent qu’avoir accès à la structure syntaxique des phrases aide les enfants à découvrir le sens des mots nouveaux. Cela implique que les enfants doivent avoir accès à certains aspects de la structure syntaxique avant même de connaître beaucoup de mots. Étant donné que dans toutes les langues du monde la structure prosodique d’une phrase corrèle avec sa structure syntaxique, et que par ailleurs les mots et morphèmes grammaticaux sont utiles pour déterminer la catégorie syntaxique des mots, il se pourrait que les enfants utilisent la prosodie et les mots grammaticaux pour initialiser leur acquisition lexicale et syntaxique. Dans cette thèse, j’ai étudié le rôle de la prosodie phrasale et des mots grammaticaux pour guider l’analyse syntaxique chez les enfants (PARTIE 1) et la possibilité que les jeunes enfants exploitent cette information pour apprendre le sens des mots nouveaux (PARTIE 2). Dans la partie 1, j’ai construit des paires minimales de phrases en français et en anglais afin de tester si les enfants exploitent la relation entre les structures prosodique et syntaxique pour guider leur interprétation des homophones noms-verbes. J’ai démontré que les enfants d’âge préscolaire utilisent la prosodie phrasale en temps réel pour guider leur analyse syntaxique. En écoutant des phrases telles que [La petite ferme][.., les enfants interprètent ferme comme un nom, mais pour les phrases telles que [La petite][ferme...], ils interprètent ferme comme un verbe (Chapitre 3). Cette capacité a également été observée chez les enfants américains: en écoutant des phrases telles que « The baby flies… », ils utilisent la prosodie des phrases pour décider si flies est un nom ou un verbe (Chapitre 4). Par la suite, j’ai démontré que même les enfants d’environ 20 mois utilisent la prosodie des phrases pour récupérer leur structure syntaxique et pour en déduire la catégorie syntaxique des mots (Chapitre 5), une capacité qui serait extrêmement utile pour découvrir le sens des mots inconnus. C’est cette hypothèse que j’ai testé dans la partie 2, à savoir si l’information syntaxique obtenue à partir de la prosodie phrasale et des mots grammaticaux permet aux enfants d’apprendre le sens des mots. Une première série d’études s’appuie sur des phrases disloquées à droite contenant un verbe nouveau en français : [ili dase], [le bébéi] qui est minimalement différente de la phrase transitive [il dase le bébé]. Mes résultats montrent que les enfants de 28 mois exploitent les informations prosodiques de ces phrases pour contraindre leur interprétation du sens du nouveau verbe (Chapitre 6). Dans une deuxième série d’études, j’ai étudié si la prosodie et les mots grammaticaux guident l’acquisition de noms et de verbes. J’ai utilisé des phrases comme « Regarde la petite bamoule » qui peuvent être produites soit comme [Regarde la petite bamoule!], où «bamoule» est un nom, ou [Regarde], [la petite] [bamoule!], où bamoule est un verbe. Les enfants de 18 mois ont correctement analysé ces phrases et ont attribué une interprétation de nom ou de verbe au mot bamoule selon sa position dans la structure prosodique-syntaxique des phrases (Chapitre 7). Ensemble, ces études montrent que les jeunes enfants exploitent les mots grammaticaux et la structure prosodique des phrases pour inférer la structure syntaxique et contraindre ainsi l’interprétation possible du sens des mots. Ce mécanisme peut permettre aux enfants de construire une représentation initiale de la structure syntaxique des phrases, avant même de connaître la signification des mots. Bien que les informations prosodiques et les mots grammaticaux puissent prendre des formes différentes selon les langues, nos études suggèrent que cette information pourrait représenter un outil universel et qui permettrait aux enfants d’accéder à certaines informations syntaxiques des phrasesqu’ils entendent, et d’initialiser l’acquisition du langage. / Previous research demonstrates that having access to the syntactic structure of sentences helps children to discover the meaning of novel words. This implies that infants need to get access to aspects of syntactic structure before they know many words. Since in all the world’s languages the prosodic structure of a sentence correlates with its syntactic structure, and since function words/morphemes are useful to determine the syntactic category of words, infants might use phrasal prosody and function words to bootstrap their way into lexical and syntactic acquisition. In this thesis, I empirically investigated the role of phrasal prosody and function words to constrain syntactic analysis in young children (PART 1) and whether infants exploit this information to learn the meanings of novel words (PART 2). In part 1, I constructed minimal pairs of sentences in French and in English, testing whether children exploit the relationship between syntactic and prosodic structures to drive their interpretation of noun-verb homophones. I demonstrated that preschoolers use phrasal prosody online to constrain their syntactic analysis. When listening to French sentences such as [La petite ferme][…–[The little farm][…, children interpreted ferme as a noun, but in sentences such as [La petite][ferme…] – [The little girl][closes…, they interpreted ferme as a verb (Chapter 3). This ability was also attested in English-learning preschoolers who listened to sentences such as ‘The baby flies…’: they used prosodic information to decide whether “flies” was a noun or a verb (Chapter 4). Importantly, in further studies I demonstrated that even infants around 20-months use phrasal prosody to recover syntactic structures and to predict the syntactic category of upcoming words (Chapter 5), an ability which would be extremely useful to discover the meaning of unknown words. This is what I tested in part 2: whether the syntactic information obtained from phrasal prosody and function words could allow infants to constrain their acquisition of word meanings. A first series of studies relied on right-dislocated sentences containing a novel verb in French: [ili dase], [le bébéi] - ‘hei is dasing, the babyi’ (meaning ‘the baby is dasing’) which is minimally different from the transitive sentence [il dase le bébé] (he is dasing the baby). 28-montholds were shown to exploit prosodic information to constrain their interpretation of the novel verb meaning (Chapter 6). In a second series of studies, I investigated whether phrasal prosody and function words constrain the acquisition of nouns and verbs. I used sentences like ‘Regarde la petite bamoule’, which can be produced either as [Regarde la petite bamoule!] - Look at the little bamoule!, where ‘bamoule’ is a noun, or as [Regarde], [la petite] [bamoule!] - Look, the little (one) is bamouling, where bamoule is a verb. 18-month-olds correctly parsed such sentences and attributed a noun or verb meaning to the critical word depending on its position within the syntactic-prosodic structure of the sentences (Chapter 7). Taken together, these studies show that infants exploit function words and the prosodic structure of an utterance to recover the sentences’ syntactic structure, which in turn constrains the possible meaning of novel words. This powerful mechanism might be extremely useful for infants to construct a first-pass syntactic structure of spoken sentences even before they know the meanings of many words. Although prosodic information and functional elements can surface differently across languages, our studies suggest that this information may represent a universal and extremely useful tool for infants to access syntactic information through a surface analysis of the speech stream, and to bootstrap their way into language acquisition.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PSLEE072 |
Date | 15 September 2017 |
Creators | Lopa de Carvalho, Alex |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Christophe, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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