Le débat sur la suppression des menstruations, présent dans les années 50, reprend aujourd'hui de la vigueur vue la mise en marché de contraceptifs visant l'espacement ou l'interruption des règles. Cette recherche poursuit trois objectifs: dresser le portrait des positions adoptées par les professionnels de la santé au Québec à l'égard de la suppression des menstruations, analyser les discours sur cette pratique à l'aide des perspectives féministes radicale, individualiste et essentialiste, et évaluer dans quelle mesure cette pratique s'inscrit dans le concept de médicalisation du corps des femmes. Pour y parvenir, nous avons interviewé 13 médecins, représentants des médecines alternatives et représentantes d'organisations pour la santé des femmes.
L'analyse des discours de ces professionnels de la santé démontre l'existence bien réelle d'un débat sur la suppression des menstruations, certains étant farouchement opposés à cette pratique, alors que d'autres en ont une vision positive ou mitigée. Certains médecins jugent que la prise continue d'un contraceptif hormonal ne devrait pas occasionner de conséquences négatives pour la santé des femmes, mais surtout qu'elle permet leur libéralisation d'une réalité archaïque non-nécessaire. De plus, cette pratique ne témoigne pas selon eux de la médicalisation du corps des femmes puisque de toute façon, ces dernières utilisent déjà un contraceptif hormonal. Il n'en tient donc qu'aux femmes de décider si elles souhaitent être menstruées et à quelle fréquence. Ce discours est surtout associé au féminisme individualiste prétendant à l'entière liberté de la femme quant au contrôle de son système reproducteur et donc de son cycle menstruel. À l'opposé, d'autres répondants considèrent que la suppression des menstruations est une pratique risquée compte tenu du peu d'information dont nous disposons, en plus de dénoncer le contrôle et la standardisation exercés sur le corps des femmes. Ces répondants refusent de sacrifier la spécificité des femmes au nom de leur plus grande performance sociale et critiquent la médicalisation à laquelle font face les femmes. Ces discours sont davantage axés sur le courant féministe radical, qui y voit une oppression patriarcale et capitaliste, et le courant essentialiste qui considère les menstruations comme un lieu de pouvoir pour les femmes et une expérience spécifique contribuant à la formation de l'identité féminine. Les résultats de cette analyse serviront certainement à alimenter un débat encore peu analysé en sciences sociales. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Santé des femmes, Suppression des menstruations, Féminisme, Médicalisation, Analyse de discours.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3340 |
Date | January 2007 |
Creators | Nader, Mélissa |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3340/ |
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