Le 30 janvier 1972, dans la ville nord-irlandaise de Derry/Londonderry, treize personnes furent tuées par des soldats britanniques alors qu’elles participaient à une manifestation pour les droits civiques. Ce « Bloody Sunday » provoqua immédiatement des polémiques : les soldats affirmaient avoir répliqué à des tirs, ce que contestaient vigoureusement les civils. Le verdict de la première enquête publique, qui conclut en 1972 que les soldats avaient agi dans les règles, ne fut jamais accepté par les familles des victimes, qui lancèrent en 1992 une campagne réclamant une nouvelle enquête. En 1998, dans le contexte du processus de paix, le gouvernement britannique accéda à cette requête et créa l’enquête Saville. Le défi était grand : comment réécrire la mémoire officielle d’un événement aussi symbolique, alors que celui-ci avait déjà été intégré dans des mémoires collectives antagonistes et fortement enracinées ? Ce travail étudie l’enquête Saville à la lumière de trois grands concepts : la vérité, la justice et la mémoire. La vérité, car la découvrir était l’objectif premier de l’enquête. La justice, car une enquête publique, bien que n’étant pas un procès, la sert en rétablissant la confiance en l’Etat de droit et en accordant aux victimes une reconnaissance officielle. Enfin, la mémoire, car une tentative de réécrire la version officielle d’un tel événement se heurtait forcément aux mémoires collectives existantes : celles des communautés nationaliste et unioniste, mais aussi de l’Etat. Cette enquête chargée d’oeuvrer pour la réconciliation a donc du gérer les difficultés nées de ces relations étroites mais parfois conflictuelles entre vérité, justice et mémoire. / On January 30th, 1972, in the Northern Irish city of Derry/Londonderry, thirteen people who had been taking part in a civil rights demonstration were shot dead by British soldiers. This ‘Bloody Sunday’ immediately sparked controversy: the soldiers claimed they had fired in retaliation, which civilian witnesses categorically denied. In 1972, the conclusion of the first public inquiry that the soldiers had acted within the rules was rejected by the victims’ families, who launched a campaign demanding a new inquiry in 1992. In 1998, as the peace process was under way, the British government granted a second public inquiry, to be chaired by Lord Saville. This inquiry faced a major challenge: how could they rewrite the official memory of such a symbolic event, which had already been integrated into deeply entrenched, antagonistic collective memories? Three main concepts were used to study the Saville inquiry in this work: truth, justice and memory. Finding the truth was announced as one of the inquiries’ main objectives. Justice is also highly relevant, for even though the inquiry is not a trial, it does serve justice by restoring confidence in the rule of law and providing official recognition for the victims. Finally, the importance of memory is paramount, as any attempt to rewrite the official narrative of an event was bound to clash with existing collective memories: the collective memories of the nationalist and unionist communities, but also the official memory of the British state. Truth, justice and memory thus appear to be closely linked, but may also collide, making it difficult for the inquiry to reach the objective of bringing about reconciliation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016USPCA122 |
Date | 03 December 2016 |
Creators | Barcat, Charlotte |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Peyronel, Valérie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0024 seconds