La surveillance est un concept central en soins infirmiers et ce, particulièrement à l’unité des soins intensifs. S’assurer que la condition du patient demeure stable ou s’améliore tout en assurant une surveillance continue est en fait la principale raison d’admission dans ce type d’unité. L’aménagement physique d’une unité de soins intensifs se compose typiquement d’un poste central et de lits ou chambres disposés autour de celui-ci. Au poste central se trouvent des moniteurs permettant aux infirmières de surveiller à distance la condition clinique des patients. La technologie, bien qu’étant considérée comme un outil essentiel dans la prestation des soins, peut donc limiter les contacts directs avec les patients. En effet, il est facile pour une infirmière de se fier aux données en évidence sur les moniteurs pour évaluer la condition d’un patient et ce, sans se rendre au chevet de celui-ci. Nous avons réalisé une ethnographie compte tenu de l’utilité de cette approche dans l’examen des pratiques d’une population donnée, à savoir le personnel infirmier exerçant aux soins intensifs. Elle nous a permis de saisir comment les infirmières exerçant dans ce milieu de soins incorporent la technologie dans leurs activités quotidiennes de surveillance des patients. Nous avons ensuite examiné dans quelle mesure ces activités contribuent à un processus d’objectivation de la personne, notamment lorsque celle-ci est inconsciente. Ce projet de recherche s’appuie sur le plan théorique sur les travaux de Giorgio Agamben, développés à partir de l’expérience humaine en camps de concentration. Les concepts d’état d’exception et de vie nue, en particulier, retiennent notre attention afin de théoriser certains processus infirmiers en lien avec la technologie aux soins intensifs. Ce choix théorique pour le moins radical repose sur la possibilité de comprendre une unité de soins intensifs en tant que version atténuée d’un espace au cœur duquel l’état d’exception peut être compris. Les résultats de cette étude montrent que les infirmières à l’unité des soins intensifs sont dépendantes de la haute technologie à leur disposition lorsqu’elles soignent leurs patients. Cependant, elles font valoir l’importance de leur rôle au chevet de la clientèle souffrant de conditions de santé instables. Les infirmières se montrent toutefois hésitantes quant à leur implication auprès des patients en fin de vie, notamment dans le processus de prise de décision. Selon notre cadre théorique, les infirmières affirment respecter la dimension bios de la personne malade, c'est-à-dire la façon dont celle-ci décide de vivre, guidée par ses valeurs, ses opinions, ses droits et sa liberté. Cela entraîne toutefois certains conflits avec des membres de l’équipe médicale qui ont des représentations autres des patients, représentations qui s’accordent davantage avec la dimension zoé dont discute Agamben. En dépit de ces différences, il convient de noter que la technologie avancée joue un rôle primordial dans la manière dont ces représentations se développent et influencent les dynamiques entre le personnel soignant, les patients et les familles.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:OOU.#10393/23177 |
Date | 22 August 2012 |
Creators | Péladeau, Sophie |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse / Thesis |
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