Actuellement, la musicologie de l’improvisation s’appuie pour l’essentiel sur une lecture intentionnelle du projet artistique ; notre thèse propose une approche différente, en regardant l’improvisation comme un processus complexe, comportant une dimension auto-organisée, à l’image des comportements collectifs observés dans les sociétés animales. Ceux-ci résultent de composantes aléatoires, de nombreuses interactions, de logiques d’amplification et de processus non linéaires. Les outils et les concepts mis au point à l’interface physique-biologie pour comprendre ces dynamiques naturelles nous permettent de construire une démarche de modélisation propre à la musicologie, qui décrit les actes de l’improvisateur à partir d’intuitions musicales pour analyser l’interaction entre ce qui participe de savoir pré-construits et de l’intention, d’une part, et ce qui peut être compris comme un réglage de l’aléatoire, d’autre part. Cette démarche de modélisation est mise en oeuvre sur deux transcriptions du pianiste américain Brad Mehldau. Pour la première (Am Zauberberg), la démarche itérative de modélisation est exposée en détail, partant du modèle le plus pauvre jusqu’à la nécessité d’incorporer le geste de la main. Pour la seconde (Bard), cette démarche est étendue à la conception harmonique, chaque voix d’accompagnement étant conçue comme mue d’un mouvement propre au sein de contraintes d’espace donnée par les autres voix. Nous concluons en ouvrant des perspectives de possibles expérimentations inspirées par ces modèles, du côté de l’enseignement de l’improvisation ou de celui du musicien cherchant à incorporer à son jeu une dimension de lâcher-prise qui est au cœur du processus d’improvisation. / Currently, the musicology of improvisation essentially highlights the intentional part of an artistic project ; our thesis starts with a quite distinct approach, looking at improvisation as a complex process, with a self-organization dimension inspired of the way biologists analyse collective behaviors in animal societies. These behaviors are todays perceived as the result of combined statistical processes at the individual scale, with numerous inter-individual interactions, amplifications, and non linear loops. Such an analysis of observed natural phenomena led biologists and physicists to introduce and set-up concepts and tools that we use here to propose a modeling approach adapted to Musicology. We start with musical intuitions to propose a description of the perceptions and actions of the improviser that puts forward the deep interaction between what is made of pre-builded knowledge and intention, on one side, and of « tuning random behaviors », on the other. This modeling approach is carried out on two transcriptions of the american pianist Brad Mehldau. With the first piece (Am Zauberberg), we fully describe the iterative process leading from the poorest model to the need of incorporating hand-gestures. With the second piece (Bard), we dress the question of improvising harmony, each voice being conceived as animated of its own displacement rules, but spatially constrained by the others. We conclude by opening up prospects of experiments inspired by these models, some concerning the teaching of improvisation, others aiming at better understanding the process by which a musician seeks to incorporate to his play more « letting go », at the heart of what improvisation is about.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016TOU20079 |
Date | 24 November 2016 |
Creators | Amestoy, Jean-Luc |
Contributors | Toulouse 2, Aguila, Jésus, Fournier, Richard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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