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Le rôle des stratégies de régulation des affects (SRA) dans les changements personnels tels que perçus par des hommes qui consultent individuellement un professionnel de la relation d'aide

L’objectif de cette thèse est de mieux comprendre le rôle des stratégies de régulation des affects (SRA) dans les changements personnels tels qu’ils sont perçus par des hommes qui consultent individuellement un professionnel de la relation d’aide. Le changement est défini comme un processus dynamique en référence à la théorie générale des systèmes. Les changements sont étudiés sous trois formes, soit les changements dans la situation-problème, dans les affects associés à celle-ci ainsi que dans les SRA utilisées. Une situation-problème comprend l’ensemble des difficultés vécues par un individu. Les affects regroupent notamment les émotions, les contre-émotions et les pseudo-émotions qui sont vues à la fois comme un état et un processus. La régulation des affects (RA) est conçue comme un processus continu visant la modulation des affects et l’adaptation. Les SRA sont les moyens utilisés pour moduler les affects vécus en lien avec une situation-problème. L’accent mis sur les hommes qui consultent est motivé par une socialisation différenciée selon le sexe qui influence la perception que les hommes ont des affects et la façon de les réguler. Trois cadres théoriques sont retenus pour alimenter l’interprétation des données. Le principal cadre théorique est celui de Linehan, Bohus, et Lynch (2007) qui traite de la régulation des émotions (RÉ) et du rôle des stratégies de régulation des émotions (SRÉ) dans le processus de changement selon une perspective clinique. Le second cadre fait référence à la théorie des émotions de Larivey (2002) qui présente une théorie originale des émotions ainsi qu’un processus émotionnel lié à l’adaptation. Le troisième cadre correspond au modèle transthéorique ou MTT (Prochaska et DiClemente, 1983), lequel propose une vision du processus d’adaptation à une situation-problème. Dans les trois cas, les auteurs identifient des SRÉ qui aident ou nuisent à l’adaptation. Ils proposent également des interventions pour favoriser l’utilisation de SRÉ aidantes. Les données de cette thèse sont issues des témoignages recueillis auprès de 13 hommes ayant consulté un professionnel de la relation d’aide dans les six derniers mois. Ces hommes ont été rencontrés à deux reprises pour la réalisation d’entrevues semi-structurées. Puis, un résumé écrit de leur témoignage leur a été remis après les deux entrevues en vue de valider la compréhension du chercheur et de rectifier certaines perceptions au besoin. En tout, 13 études de cas ont ainsi pu être réalisées. Les témoignages ont été enregistrés sur bande audio et transcrits. L’ensemble de ce contenu a été codifié à l’aide du logiciel MAXQDA. L’analyse qualitative des données a été réalisée selon les indications de Stake (2006) ainsi que Paillé et Mucchielli (2012). Le consentement écrit à participer à cette étude a été obtenu. Les résultats exposent, premièrement, les changements perçus par les participants concernant leur situation-problème, leurs affects et leur utilisation des SRA. La plupart des participants rapportent des changements significatifs sur ces trois variables. Selon leur point de vue, à certaines périodes, ces changements ont été négatifs alors qu’à d’autres périodes, ils ont été positifs. Finalement, la plupart des participants évaluent positivement leur évolution sur ces trois variables. En comparant les trajectoires suivies par les participants et le vécu qu’ils y associent, cette analyse a mis en lumière deux processus différents, soit le processus de la situation-problème et le processus affectif. Chaque processus est composé de phases qui représentent le vécu, plus ou moins positif ou négatif, des participants en lien avec leur situation-problème ou leurs affects. La trajectoire des changements qu’ils ont vécus est, selon leurs propos, non linéaire et discontinue en regard de la situation-problème et de l’état affectif. Deuxièmement, une analyse plus approfondie des résultats visait à comprendre comment ont été réalisés les changements perçus par les participants dans leur situation-problème et leur état affectif. Selon leurs témoignages, c’est la modification de leur utilisation des SRA qui est la clef pour comprendre ces changements. En effet, leurs témoignages indiquent qu’en phase régressive, les participants ont surtout utilisé des SRA non aidantes (répression des émotions, évitement, rumination, etc.) alors qu’en phase progressive, ils ont surtout employé des SRA aidantes (acceptation des émotions, expression positive des émotions, réinterprétation, etc.). Selon les participants interrogés, ce sont la consultation et le soutien social qui ont été les deux éléments les plus aidants dans la transformation positive de leur utilisation des SRA. / Emotion regulation strategies (ERS) are used to modulate emotions and emotional processes in different ways and for different purposes. Some ERS focus on the situation that can trigger emotions while others target the emotions themselves once they have emerged (Gross, 2015). In some circumstances, the difficulty to cope with the situation generates negative emotions which, if not adequately regulate, accentuate the adaptation problem. In clinical perspective, emotional vulnerability is characterized by a high sensitivity to emotional stimuli, an intense response to emotional stimuli and a slow return to emotional baseline. People with high emotional vulnerability have difficulty to keep emotion in optimal zone that can be manageable. These people have a limited access to coping strategies (Linehan et al., 2007). Considering these elements, what role do ERS play in the process of change in relation to the situation and emotions? To explore these questions, we conducted 13 deep case studies in qualitative setting. The participants were 13 men who had consulted a psychotherapist or a social worker at least five times in the past year and signed a confidentiality agreement with the researcher. Inspired by Stake’s (2006) case study method, we had three sharing sessions (two interviews and a writing feedback) with each participant to reconstruct their own process of change retrospectively. The qualitative data were analyzed with MAXQDA-11 and interpreted on the basis of the ERS model of Linehan et al. (2007) and following the method of thematic analysis (Paillé et Mucchielli, 2012). The process of change described by participants indicates a significant improvement in their emotional state and the situation with which they initially struggled to adapt. To explain theses change, the participants believed that psychotherapy helped them to identify maladaptive ERS (rumination, suppression, alcohol, etc.) and progressively replaced these by adaptive ERS (reappraisal, problem-solving, etc.): “I prefer to talk to someone than to ruminate. I prefer to take a time out than to stay inactive” (Francesco). Furthermore, participants said they had learned to make a conscious choice to stop maladaptive ERS and took the risk to use new adaptive ERS (positive expression of emotion, acceptance, meeting their needs, etc.): “When I realized the benefits of evacuating frustration, sadness and negative emotions, I felt wow! I felt good when expressing my emotions, I felt better than when keeping them inside me” (Martial). From the perspective of the participants, psychotherapy helps to reduce emotional vulnerability, which facilitates emotional regulation and adjustment to the situation: “My psychotherapist is part of my team to be able to create strengths, to give me the tools to be able to face different types of individuals in different contexts with better strategies” (Paul). The results of this qualitative study support the idea of Linehan et al. (2007) that psychotherapy, by promoting the adoption of adapted ERS, reduces the emotional vulnerability and promotes adjustment. More specifically, this study shows that the ERS used affect the trajectory of the change process. Thus, the almost exclusive and frequent use of maladaptive ERS corresponds to regression cycles (left wheel) whereas the regular use of adaptive ERS coincides with cycles of progression (right wheel). Moreover, as Linehan (1993) suggests, different interventions would favor the adoption of adapted ERS. The present study agrees in the same direction by associating these interventions with the process of change. Finally, this study explains how ERS facilitates adaptation by acting on both emotions and the situation that generates them. The proposed explanatory model differs from that of Gross (2015) and of Linehan et al. (2007) emphasizing the role of ERS in the process of change as seen by men who have consulted a psychotherapist. However, this model remains to be validated more widely because it was developed from a small number of male participants who perceived a positive role for emotions during their psychotherapeutic process. It would be interesting to interview women or men who believe more or less important the role of emotions in their process of change in order to see their specific way of using the ERS.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28157
Date24 April 2018
CreatorsAudet, Steve
ContributorsTremblay, Gilles
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xvi, 252 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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