La culture indienne a longtemps été identifiée à une philosophie où le monde n’est qu’illusion, où les sens s’avèrent trompeurs, et où, donc, il est nécessaire de se détacher du corps afin d’atteindre une réalité suprême, en dehors de ce monde. Pourtant, une courte immersion dans la réalité quotidienne de l’hindouisme, en particulier par rapport à sa forme dévotionnelle (bhakti) et au rituel de la pūjā s’y rattachant, laisse entendre tout le contraire. Le monde dévotionnel hindou s’avère en fait plongé dans un univers hautement incorporé et sensoriel.
La présente thèse se donne pour objectif de réaliser la profondeur de cette nature incorporée et hautement sensorielle de la bhakti hindoue. C’est en envisageant l’utilisation des sens non seulement comme le résultat d’un apprentissage culturel, mais également comme le locus de la connaissance du monde, que la méthodologie proposée par l’anthropologie sensorielle nous permettra de réaliser l’ampleur du rôle joué par le sensorium dans la compréhension, l’acquisition et la communication avec le divin.
Nous concentrerons cette étude sur la pūjā hebdomadaire effectuée par la communauté hindoue d’Ottawa au temple Vishva Shakti Durgā. Cette analyse révélera que c’est en utilisant ses sens que le dévot réussit à entrer en contact avec le divin et que c’est également en exploitant divers stimuli sensoriels que le divin réussit à se manifester et à s’incorporer au profit de ses dévots. Le sens de la vision se dévoilera l’un des plus importants dans cette interaction avec les divinités, particulièrement à travers le darśan, mais les autres sens s’avéreront eux aussi essentiels dans cette transaction avec le divin, notamment à travers la musique, les mantras, la prasād, ainsi que les diverses formes de toucher direct ou indirect avec la divinité.
Somme toute, cette étude démontrera que la rencontre avec le divin nécessite en soi l’utilisation d’un sensorium sacré. Les diverses perceptions sensorielles engagées dans cette interaction parlent à la fois à la nature humaine et divine de l’être, et permettent dès lors à la vraie nature de l’humain d’entrer en contact avec la vraie et suprême réalité du divin (bhagwān/brahman).
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/20462 |
Date | January 2011 |
Creators | Blanchard, Marie-Josée |
Contributors | Vallely, Anne |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Page generated in 0.0028 seconds