« Les gens qui parlent ensemble votent ensemble ». En écrivant ces quelques mots, le sociologue britannique William Miller résumait, à la fin des années 1970, une tradition de recherche déjà ancienne : le vote, en tant qu‟expérience de groupe, se joue d‟abord dans les rapports que les citoyens ordinaires entretiennent avec ceux avec qui ils vivent quotidiennement. La recherche présentée dans cette thèse propose de réinterroger cette hypothèse par l‟intermédiaire d‟une enquête visant à saisir comment le contexte social d‟appartenance – entendu comme l‟entourage relationnel d‟un individu - structure la pratique des échanges politiques, et en quoi cette pratique peut-elle impacter les comportements électoraux individuels. L‟enquête en question a donc consisté à adapter la technique de l‟échantillonnage en boule-de-neige à la passation de questionnaires de personne à personne. Partant d‟un échantillon de base de dix personnes mobilisées à trois reprises – en 2009, 2010 et 2012 – il m‟a ainsi été possible d‟identifier des chaînes de relations grâce à la circulation de questionnaires au sein des cercles d‟interconnaissance des participants. En plus de données statistiques, l‟enquête s‟appuie sur une analyse ethnographique de la phase de construction des différents échantillons. Ce travail repose sur le postulat selon lequel les questionnaires élaborés constituent des "objets politiques", avec pour conséquence que les échanges de questionnaires au sein des populations étudiées instaurent de fait un cadre d'interactions présentant une dimension "politique". L‟étude ethnographique de la mise en oeuvre de cette passation offre ainsi l‟occasion de porter un regard original sur les moyens par lesquels des citoyens ordinaires organisent des échanges à dimension politique au sein de leurs réseaux d‟appartenance. Les résultats de cette analyse, confrontés à celle des échanges politiques plus ordinaires pratiqués au sein des contextes identifiés au cours de l‟enquête, montrent que le politique, loin d‟obéir à des logiques autonomes, prend sa source et prolonge les normes et les identités sociales produites par les groupes. La structure sociale du contexte – notamment son degré de cohésion – et sa composition en termes de ressources économiques, culturelles et politiques, déterminent le déroulement des échanges politiques et leur capacité à créer de la mobilisation et à faire en sorte que les identités collectives se traduisent en choix électoraux. / “People who talk together vote together”. By writing these few words, the British sociologist William Miller resumed, at the end of the 1970‟s, an old research tradition : voting, as a group experience, depends on the contacts that ordinary citizens maintain with those they live with everyday. The research presented in this thesis dissertation suggests questioning again this hypothesis by the mean of a survey that aims to understand how the social context of belonging – i.e. the relational surrounding of a person – shapes the practice of political exchange, and how this practice can affect individual electoral behavior. This survey consisted in an adaptation of the snowball sampling technique around the person-to-person transfer of questionnaires. Starting with a first sample of 10 people called up three times – in 2009, 2010, and 2012 – I could identify many chains of contacts by following the flow of questionnaires within circles of acquaintances of participants. Additionally with statistical data, the survey is based on an ethnographic analysis of the sampling procedure. This work is founded on the assumption that questionnaires elaborated for the survey constitute "political objects", with the consequence that the exchanges of questionnaires within the populations studied establish a setting of interactions with a political dimension. The ethnographic analysis of the elaboration of the transfer allows having an original look on the means by which ordinary citizens organize some political exchanges within the social networks they belong to. The results of this analysis, compared to the one of more ordinary exchanges practiced within social contexts identified during the survey, show that politics, far to respond to independent logics, take their origins in social norms and identities produced by groups. The social structure of context – mainly its cohesion degree – and its composition in terms of economic, cultural and political resources, determine the flow of political exchanges and their ability to create mobilization and to make possible the translation of collective identities into electoral choices.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013MON10040 |
Date | 04 December 2013 |
Creators | Audemard, Julien |
Contributors | Montpellier 1, Dormagen, Jean-Yves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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