Le présent mémoire s'intéresse à la question du patrimoine des villes post-industrielles à partir de l'analyse d'un cas spécifique, celui du processus de patrimonialisation de l'élévateur à grain no 5 de Montréal. En partance d'une relecture d'un débat sur les notions et les pratiques de l'histoire et de la mémoire ayant contribué, dans les années 1980, aux mouvements de l'histoire culturelle et au renouveau de l'épistémologie des sciences historiques, nous interrogeons la construction socioculturelle des patrimoines contemporains, et du patrimoine industriel en particulier. Plus spécifiquement, nous questionnons la participation de ce type émergeant de patrimoine aux transformations des rapports à l'espace et au temps qui caractérisent les villes post-industrielles. Dans cette perspective, notre démarche s'interroge sur l'implication des savoirs historiques et sur leurs tensions constitutives avec la construction de mémoires socioculturelles spécifiques, qui contribuent ainsi à la patrimonialisation d'un objet public urbain. Trois questions centrales président à notre démarche. De qui, de quoi y a-t-il mémoire? De qui, de quoi y a-t-il histoire? Comment les savoirs cultivés et les souvenirs culturels transigent-ils ainsi dans la construction des patrimoines actuels? Le cas du silo no 5 est ainsi examiné à l'aune de deux séries historiques comparées. La première présente la mise en forme d'une description historique du silo no 5, que nous avons construite à partir d'une recherche documentaire de notre cru. La seconde décrit, par le biais d'une analyse comparée, la mise en exposition du silo no 5 telle qu'elle fut réalisée, en 2000, à l'occasion d'une exposition organisée spécifiquement à son sujet par le Centre d'histoire de Montréal. Cette analyse descriptive débouche sur l'exposé de quatre logiques patrimoniales se dégageant du processus de patrimonialisation examiné, qui prennent la forme de tensions imbriquées et paradoxales. Une première logique, qui s'attache aux intentionnalités qui sous-tendent l'action patrimoniale, identifie une tension entre la transformation et la monumentalisation de l'objet, d'où ressort le travail d'une mémoire paradoxalement absente du lieu. Une seconde logique démontre la prégnance de l'urbanité sur le passé propre de l'objet patrimonial, en exemplifiant les tensions qui définissent son intégration et sa dislocation dans le tissu urbain. Une troisième logique, plus proprement culturelle, s'attarde aux tensions du spectaculaire et de l'intervention dans la mise en scène patrimoniale, qui correspondent à des dispositifs caractéristiques de la transformation des nouveaux espaces publics urbains. Ces tensions constitutives culminent enfin dans une logique plus globale de l'objet patrimonial mettant en exergue l'un des enjeux fondamentaux du patrimoine contemporain, et des rapports à l'histoire et à la mémoire qu'il engage. Cet enjeu est celui d'une question troublante d'actualité: les patrimoines actuels parviendraient-ils ainsi à tirer de l'oubli par l'oubli? Fondés sur une
« authenticité » nouvelle, les patrimoines des villes post-industrielles imposeraient-ils désormais à l'histoire le verdict de la mémoire? ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Histoire, Mémoire, Sociologie historique, Épistémologie de l'histoire, Ville post-industrielle, Espaces publics urbains, Patrimoine, Patrimoine industriel, Montréal (Québec).
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2647 |
Date | January 2010 |
Creators | Martineau, Marie-Nathalie |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2647/ |
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