Philippe Sollers considère que la fiction est plus réelle que la vie. C'est le point de départ d'un projet d'écriture qui place son expérience au diapason d'une quête de démystification des idéaux de la modernité. Sa stratégie consiste à faire de sa vie un roman ou un essai pour tenter de vivre « le plus fictivement possible ». De là l'importance d'approcher son oeuvre comme une activité autobiographique conçue non pour flatter le Moi (comme beaucoup le croient), mais pour s'allier aux écrivains les plus fervents de « l'expérience des limites » et, avec eux, se faire le révélateur des idéologies et du fanatisme. Sollers souhaite ainsi élever le soupçon au rang de style littéraire, repérant les imposteurs assujettis au conformisme de l'époque. Créant un jeu ironique à l'intérieur duquel les contradictions agissent comme une stratégie de confrontation volontaire, Sollers prétend éviter la récupération par le monde médiatique soumis aux impératifs de la lisibilité. Ce jeu littéraire va ainsi à contre-courant de la culture commerciale divertissante tout en n'hésitant pas à s'y mesurer en participant à son spectacle. Sollers, dans un ouvrage comme Mystérieux Mozart, développe en effet une stratégie autobiographique d'opposition qui consiste à mettre en valeur des figures de légèreté, d'érotisme, de liberté. Ses références reposent toujours sur des choix esthétiques qui transgressent « la conformité au nihilisme ambiant ». Dans cet univers éminemment référentiel, Sollers construit ses alliances pour mener ce qu'il appelle une « guerre du goût ». Dans ce système de masques, il s'agit en fait de retrouver le « Paradis ». Celui, perdu, de l'enfance comme celui de la langue et du Verbe (pour reprendre les termes mêmes de l'écrivain). Pour soutenir cette logique du paradis, Sollers ramène au jour un monde de valeurs. C'est donc en moraliste qu'il organise sa stratégie qui lui permet d'élaborer une conception critique du monde moderne dont la littérature serait l'instrument et la condition du « bonheur vrai ». Nous relisons ici, pour en analyser les rouages, Portrait du Joueur et Mystérieux Mozart. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Sollers, Portrait du Joueur, Circularité référentielle, Autoréférentialité, Mystérieux Mozart.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3098 |
Date | January 2007 |
Creators | Samson, Louis |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3098/ |
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