Philippe Sollers considère que la fiction est plus réelle que la vie. C'est le point de départ d'un projet d'écriture qui place son expérience au diapason d'une quête de démystification des idéaux de la modernité. Sa stratégie consiste à faire de sa vie un roman ou un essai pour tenter de vivre « le plus fictivement possible ». De là l'importance d'approcher son oeuvre comme une activité autobiographique conçue non pour flatter le Moi (comme beaucoup le croient), mais pour s'allier aux écrivains les plus fervents de « l'expérience des limites » et, avec eux, se faire le révélateur des idéologies et du fanatisme. Sollers souhaite ainsi élever le soupçon au rang de style littéraire, repérant les imposteurs assujettis au conformisme de l'époque. Créant un jeu ironique à l'intérieur duquel les contradictions agissent comme une stratégie de confrontation volontaire, Sollers prétend éviter la récupération par le monde médiatique soumis aux impératifs de la lisibilité. Ce jeu littéraire va ainsi à contre-courant de la culture commerciale divertissante tout en n'hésitant pas à s'y mesurer en participant à son spectacle. Sollers, dans un ouvrage comme Mystérieux Mozart, développe en effet une stratégie autobiographique d'opposition qui consiste à mettre en valeur des figures de légèreté, d'érotisme, de liberté. Ses références reposent toujours sur des choix esthétiques qui transgressent « la conformité au nihilisme ambiant ». Dans cet univers éminemment référentiel, Sollers construit ses alliances pour mener ce qu'il appelle une « guerre du goût ». Dans ce système de masques, il s'agit en fait de retrouver le « Paradis ». Celui, perdu, de l'enfance comme celui de la langue et du Verbe (pour reprendre les termes mêmes de l'écrivain). Pour soutenir cette logique du paradis, Sollers ramène au jour un monde de valeurs. C'est donc en moraliste qu'il organise sa stratégie qui lui permet d'élaborer une conception critique du monde moderne dont la littérature serait l'instrument et la condition du « bonheur vrai ». Nous relisons ici, pour en analyser les rouages, Portrait du Joueur et Mystérieux Mozart. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Sollers, Portrait du Joueur, Circularité référentielle, Autoréférentialité, Mystérieux Mozart.

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

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This study concerns itself with the phenomenon of literary encyclopaedism, as especially evident in James Joyce's Finnegans Wake, Philippe Sollers' Paradis and Ezra Pound's Cantos. The study focuses on developing the notion of an encyclopaedic literary mode and on establishing the existence of a genre of fictional encyclopaedias. It finds an encyclopaedic mode in literature to be one comprehending and imitating other literary modes, both mimetic and didactic. Further, the idea of a fictional encyclopaedia is developed through an understanding of the traits of the neighbouring forms of essay, Menippean satire and epic, and through an understanding of the paradoxes associated with the making of the non-fictional encyclopaedia. The fictional encyclopaedia thus comprehends and exceeds the following traits: 1. A tension, characteristic of the essay, between integrated autobiography and impersonal (and ultimately fragmented) exposition of the categories of knowledge. 2. A tension, characteristic of the Menippean satire, between tale and digression, between a single narrating subject and a multiplicity of transient narrating voices. The menippea also contributes a simultaneous preoccupation with the most sacred and the most profane subjects. 3. A totalizing drive characteristic of the epic, a desire--rivalling the urge to tell a story--to list or include all aspects of the culture in the epic past. The fictional encyclopaedia also translates into fiction the following paradoxes associated with the encyclopaedic enterprise: 1. The recognition, implicit in the drive to trace a complete and eternally-perfect circle of the arts and sciences, that encyclopaedic knowledge is always ultimately incomplete and obsolete. 2. The recognition, at the heart of the attempt to produce an objective and unmediated picture of the world, that encyclopaedic knowledge is ideologically shaped and textually mediated. The dominance of the encyclopaedic gesture in Finnegans Wake, Paradis and the Cantos allows us to account for the characteristic length, obscurity and "bookishness" of these works; they absorb the traits and tensions of essay, Menippean satire and epic while yet exceeding these traits in their fictional translation of the encyclopaedic paradoxes noted above. This translation manifests itself in each work as a characteristic parodic hesitation before the authority of totalizing predecessors; it manifests itself in the texts' fascination with images of a paradisiacal completion and timelessness, a tendency that is undercut by a repetitive, digressive or fragmented form which asserts the inevitability of time and incompletion. Further, the Wake, Paradis and the Cantos, in their overt and extensive intertextual activity, emphasize the textual boundaries of encyclopaedic knowledge. Nonetheless, in their foregrounding and valorization of speech rhythms, the works also repeat the challenge that the encyclopaedia brings to its own limited nature as written book. / Arts, Faculty of / English, Department of / Graduate