Le XVIIIe siècle représente un moment privilégié quant à la diffusion des idées et des savoirs notamment par le biais des livres. Les valeurs des Lumìères ont grandement favorisé l'accès aux connaissances, à l'alphabétisation et à l'éducation des contemporains. La lecture est donc rapidement devenue un excellent moyen d'acquérir des connaissances d'autant plus que les livres sont désormais accessibles grâce à la diffusion sans cesse croissante d'imprimés. L'accès grandissant aux livres va de pair avec une inquiétude prononcée de certains contemporains face aux éventuelles mauvaises interprétations des textes lus. Cette inquiétude a engendré un contrôle serré des lectures entraînant l'apparition de conseils de lecture qui dictent aux différents types de lecteurs les livres à consommer et ceux à proscrire. Ces conseils de lecture permettent d'apporter un éclairage sur la représentation des hommes et des femmes à travers les qualificatifs attribués aux livres. L'objectif de ce mémoire est de mieux comprendre comment les hommes et les femmes de l'élite française sont représentés à travers deux traités de conseils de lecture à la fin du XVIIIe siècle. Le premier chapitre examine la construction des traités qui diffère en fonction du lectorat. Même si les deux traités s'entendent sur importance que les hommes et les femmes se distinguent, les auteurs ne s'accordent pas en ce qui concerne la liberté permise aux lecteurs. La construction des textes témoigne plutôt d'une plus grande capacité de jugement attribuée aux hommes tandis que les femmes doivent être mieux encadrées tout au long de leurs lectures. Les connaissances à acquérir et celles qui sont naturellement assignées à chacun des genres font l'objet du deuxième chapitre. Ainsi, il importe de développer l'oralité autant chez les hommes que chez les femmes mais pour des raisons distinctes: les femmes doivent bien paraître tandis que les hommes doivent s'attaquer aux rudiments de la rhétorique. Les lecteurs sont donc outillés pour argumenter, créer et innover alors que les lectrices doivent être capables de parler de divers sujets sans pour autant posséder les moyens concrets de changer des choses. Le troisième chapitre se concentre principalement sur les questions de morale. Ici, les femmes apparaissent comme les gardiennes de la morale et en elles se retrouve l'espoir de"redresser les moeurs" de toute la France. Les lectrices doivent donc accorder une place de choix à la religion catholique et à la famille afin d'influencer les moeurs de leur entourage. Ces trois chapitres démontrent une représentation différente de chacun des lectorats en fonction du rôle qui leur est attribué dans la société. Autant chez les hommes que chez les femmes, il importe de bien parler, de se distinguer et d'être vertueux, ce qui rejoint les valeurs de l'élite. Toutefois, les divergences sont marquées entre les lectorats lorsqu'il est question du rôle qu'ils doivent occuper. Les femmes sont davantage relayées à la sphère privée tandis que les hommes sont présents dans la sphère publique. En fait, les hommes doivent savoir parler et convaincre en plus d'être outillés pour innover et créer alors que les femmes dominent l'univers du privé. Elles doivent également se consacrer à influencer et à corriger les moeurs de leur famille afin de faire rayonner toute la France.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/2580 |
Date | January 2008 |
Creators | Lampron, Véronique |
Contributors | Métayer, Christine |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Mémoire |
Rights | © Véronique Lampron |
Page generated in 0.0024 seconds