Si nous savons que les hommes du Paléolithique moyen ont coupé, taillé, percé, tranché des matériaux organiques et travaillé des matériaux minéraux, nous sommes bien incapables de déterminer avec précision ce que sont les outils impliqués dans ces actions. Non seulement ces derniers ne correspondent plus à notre mémoire technique mais fondamentalement, c’est la logique conceptuelle de ces outils qui nous échappe encore. Pourtant, alors que dès son développement dans les années 1950/1960, la technologie lithique, impliquant plusieurs disciplines – la technologie sensu stricto, la tracéologie et la typologie -, a eu pour objectif principal de décrypter les productions lithiques humaines, leur culture matérielle et de ce fait les outils, nous retrouvons encore aujourd’hui dans une impasse méthodologique, doublée d’une absence de mémoire technique actualiste des outils du Paléolithique moyen. Cette impasse nous a conduit, au final, à opérer une distinction forte entre la production des supports d’un côté et la confection et l’utilisation des outils de l’autre.L’objectif de cette recherche, appliquée à un assemblage lithique de conception Levallois peu retouché provenant du site d’Umm el Tlel (Syrie centrale), résulte en une proposition méthodologique basée sur une approche globalisante intégrant la technologie sensu stricto, la technologie fonctionnelle et la tracéologie. L’application de cette méthode d’analyse intégrée a permis de mettre en exergue les intentions productionnelles et techno-fonctionnelles indissociables de cette production Levallois impliquée dans la production des outils, bruts ou retouchés. Nous attendions de cette méthode qu’elle nous donne les moyens de franchir une étape supplémentaire dans la compréhension du concept outil Levallois et de modifier notre perception des industries lithiques Levallois et particulièrement, dans ce cadre d’étude, du Levallois proche-oriental. Finalement, l’étude menée a apporté des éléments de réponse concernant la logique opératoire du débitage Levallois, ce dernier relevant d’une intégration totale, non additionnelle et sans rupture, de l’ensemble des phases opératoires convergeant vers un seul but : la réalisation d’outil emmanchés. Ce concept apparaît comme le moteur d’une évolution cognitive et conceptuelle au Paléolithique moyen, liée à une utilisation pratique courante de l’emmanchement et donc à une nouvelle conception de l’outillage. Souvent discuté comme un signe d’évolution dont les lames de type Paléolithique supérieur en serait les uniques témoins, l’emmanchement semble être couramment utilisé dès le Paléolithique moyen avec le débitage Levallois.Les résultats de ce travail doivent désormais être intégrés dans une réflexion plus large concernant la diversité des manifestations du Levallois et de son extension, tant géographique que chronologique. / Résumé anglais non disponible
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA100183 |
Date | 07 December 2010 |
Creators | Bonilauri, Stéphanie |
Contributors | Paris 10, Boëda, Eric |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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