Depuis quelques décennies, de nombreux immigrants s’établissent au Canada ; une partie d’entre eux s’installent au Québec, surtout à Montréal. Certains de ces immigrants s’orientent vers la profession enseignante, sur la base de l’évaluation comparative de leurs diplômes. En raison de la pénurie d’enseignants à Montréal et de la pluralité ethnoculturelle du territoire, les commissions scolaires situées sur l’île de Montréal font souvent appel à des enseignants formés à l’étranger (EFÉ), notamment en classes d’accueil où ils sont jugés particulièrement pertinents compte tenu de leur connaissance de la migration. Cependant, l’intégration des EFÉ de classe d’accueil soulèverait des défis particuliers étant donné qu’ils n’ont pas toujours pour langue maternelle le français et qu’ils sont peu familiers avec le système éducatif québécois, alors que la transmission de la langue et de la culture constitue les objectifs prioritaires de leur mandat (Grégoire-Labrecque, 2014). Dans ce contexte, leur intégration socioprofessionnelle demande une attention. Néanmoins, la recherche sur cette question a surtout documenté les difficultés qu’ils rencontrent lors de leurs premières années d’exercice dans le milieu d’accueil, de même que les stratégies adoptées pour les surmonter ; peu d’attention a été portée au contexte spécifique dans lequel ils enseignent, tel que celui de la classe d’accueil qui présente des défis particuliers. Ainsi, ce mémoire vise à comprendre comment les EFÉ s’ajustent au travail de la classe d’accueil montréalaise. Les théories du constructivisme de Pépin (1994), de la dramaturgie de Goffman (1973a, 1973b) et de l’action collective de Becker (1982) sont mobilisées pour éclairer ce processus d’ajustement alors conçu comme la reconstruction de leur savoir-faire au coeur de leurs interactions au travail. La recherche sur le terrain s’est réalisée au moyen de neuf entretiens individuels virtuels auprès de trois EFÉ travaillant dans les classes d’accueil montréalaises. Après avoir réalisé une analyse thématique des transcriptions des entretiens, trois processus de reconstruction de leur savoir-faire en classe d’accueil ont été identifiés : la remobilisation des pratiques connues, l’adaptation des pratiques connues mais écartées et l’apprentissage des pratiques inconnues. Une lecture transversale de ces résultats a suscité le besoin d’un éclairage théorique complémentaire pour enrichir l’interprétation de ces processus et du rôle que tiennent les interactions au travail. Ainsi, une théorie interactionniste de la socialisation au travail (Demazière et al., 2019) a permis d’affiner la compréhension par la mise en lumière de quatre modes d’interaction par lesquels s’accomplissent les processus de reconstruction du savoir-faire des participants : la validation, l’ajustement, la confrontation et la tractation. Cette nouvelle analyse met en relief que ces modes d’interaction, qui se déploient autant en classe d’accueil que dans l’école, constituent le moteur de l’adaptation des pratiques des participants en regard des valorisations de la culture de travail dans les écoles montréalaises. / In recent decades, many immigrants have settled in Canada; some of them settle in Quebec, especially in Montreal. Some of these immigrants turn to the teaching profession, based on the comparative evaluation of their diplomas. Due to the shortage of teachers in Montreal and the ethnocultural plurality of the territory, the school boards located on the island of Montreal often call on internationally trained teachers (IETs), particularly in welcoming classes where they are considered particularly relevant given their knowledge of migration. However, the integration of IETs in welcoming class would raise particular challenges given that they do not always have French as their mother tongue and are unfamiliar with the Quebec school system, while the transmission of language and culture constitute the priority objectives of their mandate (Grégoire-Labrecque, 2014). In this context, their socio-professional integration requires attention. However, research on this issue has mostly documented the difficulties that they encounter during their first few years of practice in the host setting, as well as the strategies adopted to overcome them; little attention has been paid to the specific context in which they teach, such as the welcoming class which presents particular challenges. Thus, this research aims to understand how IETs adjust themselves to the work of Montreal welcoming class. Pépin’s theory of constructivism (1994), Goffman’s theory of dramaturgy (1973a, 1973b) and Becker’s theory of collective action (1982) are mobilized to shed light on this adjustment process then conceived as the reconstruction of their expertise at the centre of their interactions at work. The field research was carried out by means of nine virtual individual interviews with three IETs working in Montreal welcoming classes. After carrying out a thematic analysis of the interview transcriptions, three reconstruction processes of their expertise in welcoming class were identified: remobilization of known practices, adaptation of known but deviant practices and learning of unknown practices. A transversal reading of these results aroused the need for additional theoretical insight to enrich the interpretation of these processes and the role that interactions played in the work. Thus, an interactionist theory of socialization at work (Demazière et al., 2019) allowed to refine the understanding by highlighting four modes of interaction through which the reconstruction processes of the participants’ expertise are accomplished: validation, adjustment, confrontation and negotiation. This new analysis emphasizes that these modes of interaction, which appear both in welcoming class and in school, constitute the driving force behind the adaptation of participants’ practices with regard to the valuation of the work culture in Montreal schools.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26222 |
Date | 08 1900 |
Creators | Liu, Chen Jin |
Contributors | Morrissette, Joëlle |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | English |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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