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La prise en charge technoscientifique de la crise de la biodiversité / The technoscientific handling of the biodiversity crisis

L’état et le devenir de la diversité biologique préoccupent la science et la politique depuis près d’un demi-siècle. Dans ce travail, nous questionnons le modèle linéaire en vigueur qui suppose que la recherche scientifique décrit une réalité objective sur laquelle la politique peut s’appuyer pour formuler des décisions éclairées sur la « crise de la biodiversité ». En adaptant l’hypothèse foucaldienne de biopouvoir, nous montrons qu’un régime de savoir-pouvoir de type technoscientifique se déploie sous la forme de prises en charge du vivant. Nous étudions les multiples traductions dont la diversité biologique fait l’objet lors de sa quantification, sa mise en relation avec le fonctionnement des écosystèmes, et le calcul d’équivalences écologiques. Dans chacune de ces étapes, nous décrivons les transformations ontologiques de la biodiversité impliquées et la manière dont science et politique coproduisent un dispositif de maîtrise de la nature. Ces prises en charge partagent la propriété de reconfigurer l’espace-temps endogène aux entités écologiques pour qu’il devienne compatible avec des préoccupations anthropocentrées. Ces reconfigurations produisent des résistances multiples et ignorent l’oikos de la biodiversité dont nous soulignons les caractéristiques à partir de l’héritage de Ernst Haeckel et de Jacob von Uexküll. Nous concluons que les recherches des conditions et des modes d’existence de la biodiversité peuvent servir de base à une « écologie de la biodiversité » conçue comme contre-dispositif non anthropocentré. Ce travail propose d’ouvrir une réflexion sur la manière dont la crise écologique bouscule les catégories d’espace, de temps et d’environnement. / The state and fate of biological diversity is a matter of scientific and political concern for half acentury. In this thesis, we explain how the articulation between knowledge and power contributes to the understanding and policy dedicated to handle this ecological crisis. By adapting the foucaldian hypothesis of biopower, we show how a technoscientific regime is built upon a “dispositif” meant to control the heterogeneity and unpredictability of nature. We study the successions of multiple traductions of biodiversity during its quantification, functionalization and the construction of ecological equivalence. In each of these steps, we describe the ontological transformations of biodiversity involved and how science and policy co-produce a strategical device for controlling biodiversity. The consequence of these transformations is the replacement of endogenous spatial and temporal frames of ecological entities by an exogenous temporality and spatiality, compatible with anthropocentric concerns. We show that these reconfigurations produce multiple resistances but ignore the specificities of what we call the oikos of biodiversity.We conclude that studying the conditions and modes of existence of biodiversity can serve as abasis for the construction of a non-anthropocentric counter-biopower.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA01H219
Date22 October 2018
CreatorsDevictor, Vincent
ContributorsParis 1, Bensaude-Vincent, Bernadette
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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