Dès 1770, Shakespeare est érigé en modèle par les artistes partisans d’une rupture avec l’esthétique classique, jusqu’à devenir une figure tutélaire des romantismes européens, en littérature comme en musique. Hector Berlioz, fondateur du romantisme musical français, est un cas emblématique de ce geste romantique qui consiste à s’emparer d’une figure littéraire pour bousculer les catégories esthétiques existantes et renouveler les formes musicales. Le dramaturge anglais est une référence constante dans son œuvre, depuis sa découverte de Shakespeare en 1827 jusqu’à son dernier opéra, Béatrice et Bénédict en 1862, adapté de la comédie Much ado about nothing. Berlioz s’inspire de Shakespeare tant dans ses œuvres musicales que dans ses écrits critiques et autobiographiques, où les références à l’auteur anglais sont multiples. La relation que l’œuvre de Berlioz entretient avec celle du dramaturge pose à la fois des questions de réception et de transferts culturels, et le problème du passage d’un système sémiotique à un autre. Elle invite tout d’abord à s’interroger sur le processus d’appropriation d’une œuvre littéraire par un compositeur et ses enjeux théoriques, et à situer sa démarche dans le cadre plus vaste de la réception européenne de Shakespeare au tournant du xixe siècle. La référence au dramaturge dans l’œuvre de Berlioz intervient plus précisément dans le cadre de l’élaboration d’une esthétique du sublime, comme le montre l’étude des rapports entre texte et musique. Il apparaît alors que le « système shakespearien » nourrit les réflexions du compositeur sur les formes et les genres musicaux. / As early as 1770, Shakespeare is set up as a model by the artists who consider it necessary to break away from classical aesthetics. His name is so high that he becomes a figurehead for the various forms of European romanticisms, in literature as well as in music. As the founder of the French musical romanticism, Hector Berlioz embodies the romantic approach which consists in seizing a literary figure to discard the existing aesthetical categories and thus bring about new musical forms. Right from 1827, the year the musician discovers Shakespeare, until his last opera in 1862, Béatrice et Bénédict, adapted from the comedy Much ado about nothing, Berlioz widely draws his inspiration from the English playwright and constantly refers to him in his musical, critical and even autobiographical works. The issues raised by this close relationship are threefold : the way Shakespeare’s plays were received, the problem of cultural transfer and the shift from one semiotics to another. First of all it brings forth questions about the process which leads a composer to make a literary works his own and the theoretical aspects at stake. Also, this relationship makes it necessary to see how Berlioz’s approach fits in with the way Europe received Shakespeare at the turn of the 19th century, in so far as the reference to the playwright takes place at a time when a new aesthetics of the sublime is in progress, as shows our study of the relationship between text and music. It so appears that the “Shakespearean system” enriches the composer’s reflexions on musical forms and genres.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012ENSL0747 |
Date | 05 October 2012 |
Creators | Loisel, Gaëlle |
Contributors | Lyon, École normale supérieure, Dayre, Eric, Ramaut, Alban |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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